Publié le 2 Apr 2014 - 19:23
QUESTIONS A... ME MAME ADAMA GUEYE (AVOCAT)

«La Crief pourrait régler l'inefficacité de la Crei»

 

Présent à Dahra la semaine passée pour animer une conférence publique organisée par le Cadre unitaire pour la défense des intérêts de Dahra, Me Mame Adama Guèye s'est confié à EnQuête au sujet de la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI), mais aussi sur la prochaine cour de répression des infractions à caractère économique et financier.
 
 
Certains observateurs n’accordent pas trop de crédit à la CREI et l’Etat pense même à la création d’une nouvelle institution pour juger les crimes économiques. Partagez-vous cette opinion ?
 
Si on évalue objectivement la CREI, elle a un problème d’efficacité parce que ça fait deux ans que le résultat est très médiocre. Après deux ans, il n’y a qu’une personne, en l’occurrence Karim Wade, qui est dans les liens de la détention. Donc, il faut admettre qu’il y a un problème d’efficacité. Je ne suis pas sûr que la nouvelle institution qui a été mise en place, à savoir la Cour de répression des infractions à caractère économique et financier, va permettre de régler nécessairement ce problème d’efficacité. Moi, l’intérêt que je trouve à l’érection de cette cour se situe à d’autres niveaux. 
 
C'est-à-dire ?
 
Elle permet aux personnes qui sont poursuivies pour les délits dont celui d’enrichissement illicite de disposer d’un double degré de juridiction. Elles peuvent faire appel, ce qui est un droit fondamental, c’est en ça que je trouve l’érection de cette cour importante. Mais cette nouvelle juridiction pose un autre problème parce qu’on lui a conféré la compétence pour connaître tous les délits à caractère économique et financier, y compris les délits de détournements de deniers publics.
 
Ce n’est pas une bonne option parce que tous les cas de détournement de deniers publics, partout sur le territoire national, ressortiront de la compétence de cette juridiction. Donc, il y aura un engorgement qui va bloquer le fonctionnement de cette juridiction et au bout du compte, ça va être préjudiciable aux personnes poursuivies. 
 
Qu'aurait-il fallu faire, selon vous ?
 
On aurait pu limiter la compétence de cette cour à l’enrichissement illicite en réglant le problème du double degré de juridiction, certains délits de type nouveau à caractère économique et financier et laisser les détournements de deniers public aux juridictions communes même pour la défense des justiciables.
 
Imaginez-vous que pour un délit de détournement de deniers publics qui a été commis à Matam, c’est la cour qui sera à Dakar qui sera compétente ! Donc ça serait très compliqué. Je pense que la réforme est bonne dans le fait qu’il instaure un double degré de juridiction mais il pose problème par rapport au domaine de compétence qui confère à cette juridiction la prérogative de juger du délit de détournement de deniers publics.
 
Des dignitaires de l’ancien régime semblent être les cibles de la justice. 
 
J'estime que ce que vous appelez les dignitaires de l’ancien régime n’est pas justifié. Je ne pense pas qu’ils font l’objet d’un ciblage particulier. Ils ont géré ce pays pendant douze ans. Tout le monde a vu le niveau de prévarication qui a prévalu pendant cette période. Tout le monde a vu la vitesse supersonique de l’enrichissement de certaines personnes.
 
Je dis que c’est plus que normal que ces personnes qui ont géré rendent compte. Ça s’arrête là, je ne pense pas qu’il soit raisonnable de dire qu’ils font l’objet de ciblage. Il ne faut pas qu’on crée un faux débat. Pour moi, la question de la traque des biens supposés mal acquis doit rester une affaire entre la justice et des pilleurs, ceux qui ont pillé la République. Ce n’est pas plus que ça. Il ne faut pas faire des amalgames.
Propos recueillis par Mamadou Ndiaye
 

 

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