Accusé d’être l’auteur de la mort d’un boutiquier retrouvé ligoté, bâillonné et jeté dans un tas d’ordures à l’ex-gare routière Pompier, Mamadou Camara a été acquitté hier, après six ans de détention préventive.

Qui a tué le boutiquier Ibrahima Bâ, avant de le jeter dans un tas d’ordures à l’ex-gare routière, avec les pieds et mains ligotés et la bouche bâillonnée ? En tout cas, Mamadou Camara, suspect numéro un depuis que cette découverte macabre a été faite le 8 septembre 2009, a été blanchi hier par la justice. L’ex-journalier à Orca a été acquitté par la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Dakar, après six ans passés en prison, pour meurtre avec actes de barbarie et vol en réunion. Car le grand frère de la victime a déclaré qu’Ibrahima Bâ, qu’il avait laissé dans la boutique aux environs de 3h du matin, a été dépouillé de la somme de 1,5 million de F CFA.

Tout a été imputé à Mamadou Camara, alors qu’aucun témoin oculaire ne l’a désigné. Il n’était pas non plus détenteur de l’arme du crime. Il a été perdu, d’après son avocat Me Théophile Kayossi, par ses mensonges ou tergiversations. En effet, la géolocalisation prouve que l’accusé a émis un appel à partir de la gare routière à 23 heures. Or, à la barre, il a soutenu qu’il n’y avait jamais mis les pieds et avait mangé dans un hôtel situé près de la gare routière aux environs de 22 heures. L’autre l’élément qui a enfoncé l’accusé, depuis l’enquête, c’est le témoignage d’un de ses voisins de chambre. Ce dernier a déclaré aux enquêteurs que Mamadou Camara l’avait appelé pour l’informer du drame, en lui déconseillant de se rendre à Pompier où il y avait une série de rafles. L’autre élément de suspicion, c’est le fait qu’il ait déclaré, au cours de l’enquête, qu’il a passé la nuit chez lui. Or un de ses amis a soutenu le contraire, en déclarant l’avoir laissé à Pompier à 23 heures.

A la barre, Mamadou Camara a démenti toutes ces allégations en niant avoir informé son ami du drame. Il a déclaré l’avoir appris à la télévision. Contrairement à ses déclarations faites à l’instruction, il a affirmé avoir bel et bien passé la nuit du drame chez lui et n’est parti à Mbour que le lendemain et non le jour même. Sur interpellation des juges, il a expliqué qu’il s’était rendu sur la Petite Côte pour y livrer du matériel et a continué les livraisons à Dakar, après son arrivée à 19 heures. Sauf que l’accusé n’était pas en mesure de faire une indication précise de son itinéraire à Mbour. ‘’Pourquoi toutes ces tergiversations tout au long de la procédure. Dites la vérité !’’ lui a lancé le président Magatte Diop.

Mais l’accusé a persisté dans ses dénégations et explications alambiquées. Ce qui a fait dire au représentant du parquet qu’il est coupable. S’offusquant de l’état dans lequel la victime a été retrouvée, le parquetier a requis les travaux forcés à perpétuité pour meurtre avec actes de barbarie. Mais l’accusé a pu compter sur son avocat, Me Kayossi, qui a laissé entendre que c’est un innocent qui risquait d’aller en prison pour ses mensonges. C’est pourquoi il a plaidé l’acquittement. Il a été suivi. 

FATOU SY