Publié le 11 Aug 2017 - 20:01
LOUIS LAMOTTE - CANDIDAT A LA PRESIDENCE DE LA FSF

Pour la rupture

 

L’ancien vice-président de la Fédération sénégalaise de football (Fsf) et de la Ligue sénégalaise de football professionnel (Lsfp), Louis Lamotte, candidat à la présidence de la Fsf, veut apporter la rupture dans la gestion du football.

 

Louis Lamotte ! Son nom est intimement lié au football professionnel sénégalais qu’il a vu naitre. C’est comme ‘’mon bébé’’, aime-t-il à le rappeler. Il est le président fondateur de la Ligue sénégalaise de football professionnel (Lsfp) qu’il a dirigée de 2009 à 2013. Après bien des années à essayer de développer la pratique du ballon rond dans ce pays, l’ancien président (de 1997 à 2012) de la Compagnie sucrière sénégalaise (actuelle Assur) a pris du recul. Même s’il s’est éloigné du monde du football, surtout de ses instances dirigeantes, il ne l’a pas quitté des yeux. ‘’Ce recul m’a permis, pendant cinq ans, d’observer de façon attentive l’évolution du football. Cela m’a permis d’effectuer et de valider les diagnostics’’, a-t-il fait savoir dans un entretien avec ‘’EnQuête’’.

Aujourd’hui, ce juriste, spécialiste en environnement des affaires, s’est dit prêt à prendre les rênes de la Fédération sénégalaise de football (Fsf).

Homme du sérail, M. Lamotte a eu un long vécu en tant que manager du football. Il a été, à partir de 2003, vice-président de la Fsf, chargé des réformes. Poste qu’il a quitté en 2005 en démissionnant. Quelques années plus tard, il est revenu aux affaires avec la mise en place du Comité de normalisation du football, en 2008, dont il a assuré la coordination générale jusqu’en 2010. Après la période de normalisation en 2009, il a intégré la première équipe fédérale dirigée par Augustin Senghor, en tant que 1er vice-président chargé du marketing et de la communication.

Mais l’ancien président de la Css n’est pas allé jusqu’à la fin du mandat. Il a claqué la porte à nouveau en 2013.

Fort de toute cette expérience, Louis Lamotte compte ‘’offrir au football sénégalais le fruit d’autant de vécu et de réflexion’’.

Toutefois, sa carrière footballistique n’a pas été aussi riche que son passage dans les instances de gestion du football national. Né à Rufisque le 1er novembre 1957, Lamotte a effectué ses études primaires à Diourbel. C’est d’ailleurs dans cette ville qu’il a joué aux navetanes à l’Asc Rakadiou, à la fin des années 1970. Mais très tôt, il a été obligé de sacrifier cette passion pour le ballon rond au profit des études. Il a décroché son Baccalauréat avec la mention Assez bien, Série A, au lycée Abdoulaye Sadji de Rufisque. Avant de poursuivre des études supérieures à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar où il est diplômé d’une Maîtrise en Droit privé, option Affaires, en 1983. C’est ainsi qu’il a réussi au concours d’entrée à la prestigieuse Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam). Ayant subi pendant trois ans une formation d’inspecteur du travail et de la sécurité sociale, il en est sorti major de sa promotion. Lamotte a par la suite effectué un stage de perfectionnement au Centre africain d’administration du travail (Cradat) de Yaoundé, au Cameroun.

Les clubs au cœur de ses ambitions

Formateur en sécurité et santé au travail, Louis Lamotte ambitionne de porter le football sénégalais vers de nouvelles perspectives. Selon lui, il est temps de partir sur de nouveaux paradigmes. ‘’Le manager qui n’est pas capable d’apporter un surcroit de moyens, qui se suffit du peu qu’il a, ne gère pas, il administre. C’est ce style-là qui règne à la Fédération sénégalaise de football. Moi, j’ai besoin d’une rupture dans la conception de la finalité de la mission de président de la Fsf’’, dit-il. L’ancien directeur des ressources humaines à la Compagnie sucrière sénégalaise (de mai 1995 à juillet 2009) met le club au cœur de ses préoccupations. ‘’Les clubs sont le seul gage de l’émergence d’une sélection nationale capable de bien représenter le Sénégal et certainement de gagner des trophées’’, affirme-t-il.

Partant du fait que les clubs, qui sont les vecteurs essentiels de la pratique du football, sont tous malades, il estime qu’il est impératif de ‘’réhabiliter’’ ces derniers. Selon lui, ces équipes souffrent d’une insuffisance de ressources. C’est la raison pour laquelle, dit-il, son premier combat sera de ‘’rétablir un minimum d’équité et de justice dans l’affectation de ressources générées par le football, de l’ordre de 1,7 milliard de budget annuel, en donnant 25 % aux clubs’’. En plus, ajoute-t-il, ‘’il va falloir encadrer ces clubs dans le sens de pouvoir initier un début de démarche marketing pour pouvoir trouver d’eux-mêmes les ressources qui leur manquent’’.

Ayant engrangé une longue expérience dans le secteur privé, l’actuel directeur, conseiller spécial du groupe Mimran, veut présider la fédération comme on ‘’gère une entreprise’’. ‘’Il faut de la production et au bout du compte, après un bilan, un bénéfice. Celui-ci est aussi immatériel, c’est tous les progrès qu’on aura notés dans l’organisation, le résultat’’, est-il convaincu. Pour cela, il ambitionne de porter le budget de la Fsf à la hausse. ‘’Nous avons l’ambition de porter ces ressources à 4 milliards de francs Cfa au moins d’ici à la fin du mandat si, par la grâce de Dieu et la confiance de acteurs du sport, les destinés du football me sont confiées’’, confit-il.

Par ailleurs, Lamotte aspire à de meilleures conditions pour les clubs. Ainsi, il compte ‘’résorber le gap’’ en matière d’infrastructures de base. Dans une collaboration avec l’Etat et les communes, il envisage d’aménager, ‘’un peu partout si possible, sur des terrains abandonnés et squattés par des activités informelles’’, des aires de jeu afin de favoriser la pratique du football par la jeunesse et du même coup de permettre aux clubs, écoles de football de trouver un cadre mieux adapté aux entrainements.

L’autre aspect, non moins important du programme de l’ancien président de la Lsfp, consiste à mettre un encadrement technique solide. Pour lui, la Direction technique nationale actuelle passe plus de temps à l’extérieur que dans le pays. ‘’Je veux, exige-t-il, un Dtn qui sillonne le Sénégal, qui est en relation avec les ligues, les directions techniques régionales, pour assoir une véritable politique de développement technique’’. Le candidat à la succession d’Augustin Senghor prend également en compte le développement du football de la petite catégorie. Pour lui, il faudra démultiplier le modèle des centres de formation tels que Diambars, Génération Foot, Dakar Sacré-Cœur, entre autres, avec surtout ‘’l’investissement minimum dans des outils de travail, un suivi, un encadrement technique de qualité’’.

Pour marquer son retour, Louis Lamotte devra faire face, le samedi 12 août prochain, date de l’Assemblée générale élective, à de sérieux adversaires que sont le président sortant, Augustin Senghor, et le vice-président chargé de la petite catégorie, Mbaye Diouf Dia. 

LOUIS GEORGES DIATTA

 

Section: