Publié le 22 Jan 2020 - 18:43
DETTE PUBLIQUE ET TENSION DE TRESORERIE

Daouda Diallo évoque un surplus de financement de 145,34 milliards F CFA en 2019 

 

Le Sénégal est ‘’très loin’’ d’un niveau de surendettement, selon le ministre des Finances et du Budget. Abdoulaye Daouda Diallo, qui s’exprimait hier, lors d’un atelier sur la gestion budgétaire de 2019, a même indiqué que l’Etat a eu un surplus de financement, l’année dernière.

 

Le ministre des Finances et du Budget considère que le Sénégal respecte toutes les normes concernant l’endettement et peut continuer à en faire. ‘’Nous avons une économie solide qui répond à toutes les normes éditées par nos partenaires et surtout dans le cadre de la surveillance multilatérale avec nos partenaires de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Nous avons une inflation qui tourne autour de 1 %, contre une norme acceptée de 3 %. Nous avons un niveau d’endettement modéré, à l’instar de presque tous les 8 pays de l’UEMOA. Il tourne autour de 54 % de notre produit intérieur brut (PIB)’’, a déclaré Abdoulaye Daouda Diallo, lors de l’atelier sur la gestion budgétaire 2019.

D’après le ministre en charge des Finances, le Sénégal est à un niveau où l’endettement doit être utilisé pour financer son développement. ‘’Nous avons pris cette option et pensons que nous avons un endettement sain, utilisé dans le cadre des infrastructures de développement pour porter le pays vers l’émergence. Nous sommes très loin du niveau de surendettement. Si on était à un taux de 70 %, on serait dans l’ordre de 9 400 milliards de francs de dette. Aujourd’hui, on est aux alentours de 7 339 milliards F CFA. Ce qui veut dire que la marge est encore là’’, renchérit Abdoulaye Daouda Diallo.

Le ministre souligne qu’à chaque fois qu’il y aura un projet qui justifie leur présence sur le marché, ils y seront de façon raisonnable. ‘’Dans les tous les cas, aujourd’hui, avec le niveau de mobilisation de recettes que nous avons, nous n’avons pas besoin de nous endetter, surtout pour notre fonctionnement. Nous avons largement les capacités pour tenir ces charges’’, renseigne le ministre.

Evoquant l’état de la trésorerie nationale, Abdoulaye Daouda Diallo informe que, pour l’année 2019, ils ont eu ‘’un surplus de financement’’ qui les a obligés à reporter une partie de ces fonds à 2020. En effet, c’est un solde de trésorerie mobilisable au 1er janvier sur les comptes du trésorier général de l’Etat du Sénégal d’un montant de 145,34 milliards F CFA. ‘’Ce qui veut dire que nous avions de la trésorerie qu’on ne pouvait pas exécuter, faute de plage budgétaire. En effet, la plage budgétaire signifie que la dépense soit nécessairement adossée à l’existence de crédit. Par exemple, pour l’année 2020, nous pensons avoir un budget de 4 223 milliards de francs CFA avec un déficit de 3 %’’, dit-il.

Le ministre renseigne que tous leurs projets devraient être exécutés avec ce montant. Et s’il se trouve qu’ils ont une dépense qui devra être concernée par ces dépenses-là, il leur faudra trouver une plage budgétaire pour cela. ‘’Nous pouvons disposer de l’argent sans pour autant le dépenser, parce que nous n’avons pas de marge budgétaire pour le faire. En réalité, il n’existe pas de tension budgétaire au niveau du Trésor. Nous avons une trésorerie suffisamment abondante. Le Sénégal fait partie des pays où l’appétit des investisseurs est particulièrement remarqué’’, affirme-t-il.

113 milliards F CFA pour épurer les impayés en 2020

A chaque fois que l’Etat a besoin de trésorerie, poursuit le ministre des Finances, s’il va sur le marché régional ou international, il a des offres qui peuvent atteindre 400 % de ses besoins de trésorerie. Ce qui lui fait dire que, fondamentalement, ‘’on ne peut pas avoir de tension de trésorerie au Sénégal’’. Cependant, il admet que l’Etat fait face à des obligations impayées. ‘’Je reconnais également que pour les années 2017 et 2018, il y a eu des obligations impayées d’un montant important que nous sommes en train de résorber au fur et à mesure. En 2019, une bonne partie a été payée. Pour 2020, 2021, voire 2022, dans l’exposé des motifs de la loi de finances initiale pour 2020, il y a plus de 113 milliards de francs CFA qui sont affectés à l’apurement de ces obligations impayées de 2017 et 2018’’, annonce-t-il. Avant d’ajouter que pour 2019, ils ont réussi le challenge de ne pas avoir d’obligations impayées.

‘’Donc, il y a ce retard que nous sommes en train de résorber au fur et à mesure. Nous pensons qu’avec les 113 milliards, pour 2020 et 2021, ces difficultés devraient être de mauvais souvenirs pour tout le monde’’, poursuit-il.

Concernant la gestion budgétaire 2019, le ministre de tutelle a, par ailleurs, fait savoir, lors de son allocution d’ouverture, qu’elle a été ‘’performante’’. Ceci du fait de l’atteinte des objectifs de recettes de la deuxième loi de finances rectificative (LFR) 2019 d’un montant de 2 561,6 milliards F CFA et de l’exécution satisfaisante des dépenses.

‘’En effet, les charges de l’Etat constituées du service de la dette, des dépenses de personnel, des dépenses de fonctionnement hors personnel, des dépenses d’investissements sur ressources internes et celles sur ressources externes, pour un montant de 4 003 milliards F CFA en 2019, ont été exécutées à hauteur de 3 940 milliards F CFA, soit un taux de réalisation de 98,4 % contre 96,1 % en 2018, soit une amélioration de 2,3 points’’, annonce Daouda Diallo. 

Pour le paiement de ces dépenses, les ressources de trésorerie nécessaires ont été, selon lui, ‘’totalement mobilisées’’ avec une progression annuelle de 463,3 milliards F CFA en valeur absolue et 14,3 % en variation relative. 

Indicateurs

Pour ce qui est du financement exceptionnel engrangé l’année dernière, il a rapporté qu’en ce début d’année 2020, l’Etat a pu faire face, ‘’avec aisance’’, aux premières dépenses urgentes et prioritaires pour un montant de 58 milliards F CFA. ‘’Au total, le Sénégal affiche une bonne santé économique et financière au terme de la gestion 2019 et tous les indicateurs quantitatifs du Programme économique et financier sont respectés’’, se réjouit-il. Ces indicateurs sont, entre autres, le plancher des recettes fiscales, d’un montant de 2 328 milliards F CFA et qui a atteint 2 561,6 milliards F CFA ; la cible de déficit budgétaire se situe à 3 % du PIB hors opération Senelec de 125 milliards F CFA. Quant au plafond trimestriel des instances de paiement arrêté à 40 milliards F CFA, il a été maintenu à 25 milliards F CFA, le plancher des dépenses sociales établi à 35 % du budget (hors dette et hors charges non réparties) dépasse les 45 %.

Toutefois, Abdoulaye Daouda Diallo a rappelé que le budget de l’année 2020 sera exécuté conformément aux dispositions du décret n°2012-673 du 4 juillet 2012 portant nomenclature budgétaire de l’Etat modifié et celles du décret n° 2020-28 du 8 janvier 2020 relatif à la gestion budgétaire de l’Etat. En fait, les dispositions desdits décrets sont plus conformes, d’après lui, aux exigences d’une gestion budgétaire axée sur la performance.

MARIAMA DIEME

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