Publié le 24 Jan 2020 - 16:41
XAVIER IDIER, DG SENAC SA/EIFFAGE

‘‘Nous allons encore consacrer 150 milliards de F CFA d’investissements’’

 

Le concessionnaire de l’autoroute de l’Avenir compte réaliser de gros investissements, pour les deux décennies à venir. L’entreprise rejette également toute idée de renégociation du contrat signé avec l’Apix.

 

Pour les 19 années à venir, Senac SA/Eiffage devrait investir une somme colossale. ‘‘Sur la totalité du temps de concession restant, nous allons encore consacrer 150 milliards de F CFA d’investissements’’. L’énoncé prévisionnel est de Xavier Idier, Directeur général Senac SA/Eiffage opérations services de Senac SA, qui recevait, hier, le personnel de l’entreprise à Rufisque. Mais, s’empresse-t-il de tempérer, pour justifier la grandeur de ce montant, qu’il dépend de ‘‘ la recette péagère, puisque c’est elle qui finance ces investissements’’.

Pour l’année écoulée (2019), l’entreprise française a dépensé 8 milliards de F CFA en investissements sur l’autoroute de l’Avenir, parmi lesquels la rénovation d’une partie de la chaussée sur l’axe Rufisque - Cicad. Pour 2020, 11 milliards supplémentaires vont être rajoutés.  Xavier Idier, cite, pêle-mêle, les chantiers qui devraient absorber ce flux financier.

Aussi, est-il prévu ‘‘l’élargissement de la barrière de Rufisque, pour avoir plus de fluidité avec des voies qui ne sont plus stop-and-go, mais des voies passantes de manière plus rapides et de l’éclairage supplémentaire, conformément aux prédispositions du contrat sur l’axe Keur Massar - Thiaroye’’. Quant à la récurrente question de l’éclairage, l’entreprise va ‘‘rajouter 5,5 milliards correspondant au kilométrage à couvrir’’. Des caméras supplémentaires seront également installées pour que 80 % de l’autoroute soit sous supervision vidéo, pour permettre une intervention rapide du service dépannage, en cas d’accident.

‘‘Dans notre intérêt, c’est un outil dont on doit se doter pour être plus efficace pour la sécurité. Dans certains cas, on va même au-delà du contrat, c’est-à-dire qu’on investit non pas en qualité de ce nous avons comme obligation initiale, mais parce que nous considérons que c’est notre devoir d’investir davantage’’.

‘‘Renégociation (...) déjà, le terme ne me parait pas approprié’’

En ce qui concerne le contrat ; justement, des velléités de renégociation ont été prêtées à l’autorité concédante (Apix). En octobre 2018, une baisse de 33 % a été enregistrée sur le tarif du péage, passant de 3 000 à 2 000 F CFA pour Dakar - AIBD ainsi que sur les autres sections. Ce coût ne devrait pas augmenter sur toute la durée de la concession, soit les 19 années à venir. Une clause de partage des fruits est également incluse dans le contrat. Le document prévoit aussi pour l’Etat, ou tout autre investisseur institutionnel, d’entrer à hauteur de 25 % au capital de la Senac. Des discussions sur les modalités de la compensation suite à cette baisse ont eu lieu, mais pour Senac/Eiffage, il n’a jamais été question d’une renégociation du contrat.

‘‘L’idée qu’il puisse y avoir une renégociation... déjà, le terme ne me parait pas approprié, car on ne renégocie un contrat que quand il y a une clause qui le permet. A ma connaissance, il n’y en a pas. En revanche, nous sommes dans un continuum de discussion permanente avec l’autorité concédante. Il va dans l’intérêt de l’Etat et celui du concessionnaire de trouver des points d’entente. C’est même une garantie, pour tout autre investisseur, de garantir que le climat des rapports que nous, Eiffage, avons avec l’Etat est le meilleur possible. Nous avançons tous dans la même direction. Ça me parait essentiel. Sinon, ce sera un fort mauvais signal donné pour l’Etat du Sénégal que de vouloir renégocier un contrat. Le contrat nous a fixé un certain nombre de droits réciproques entre l’Etat, l’autorité concédante et le concessionnaire. Nous suivons rigoureusement, et allons même au-delà de ce que le contrat nous demande de faire’’, a déclaré Xavier Idier.

Youssou Mbargane ‘‘soulagé’’

Le bien-être économique de l’entreprise concessionnaire de l’autoroute de l’Avenir devrait avoir des externalités positives sur les structures publiques du Rufisquois. Le club de foot Saltigué, mais surtout l’hôpital Youssou Mbargane en est l’un des principaux bénéficiaires. Après ‘‘une cinquantaine de millions’’ reçue en 2019 au titre de la RSE, la structure hospitalière devrait en recevoir autant cette année. Eiffage continue à épauler Youssou Mbargane, avec un plan triennal d’aide financière directe. Mieux, le DG est à la manœuvre pour décrocher les accords de principe signés des autres entreprises du Rufisquois. L’intérêt pour l’hôpital a un soubassement tout pratique.

‘‘Nous y sommes intéressés, parce que nous y vivons d’une part et, d’autre part, en tant qu’exploitant autoroutier, cette structure médicale est la plus appropriée pour recevoir d’éventuels accidentés de la route. C’est aussi de mes prérogatives de m’assurer que tout est fait pour répondre aux attentes et urgences que peuvent rencontrer nos clients et nos usagers sur l’autoroute’’, a avancé M. Idier.

Ce dernier d’ajouter qu’avec cette somme, si l’opération est reconduite sur 2021, l’objectif est d’‘‘arriver à significativement moderniser cet hôpital qui en a grand besoin’’. D’après une enquête menée auprès des clients et usagers, l’entreprise s’en sort avec un taux de 60 % de satisfaction. Des disparités existent néanmoins sur certains paramètres, comme sur le dépannage qu’Eiffage tente de dépasser d’ici 2021-2022.

OUSMANE LAYE DIOP

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