Publié le 29 Nov 2020 - 04:31
IMPACTS SUR LES INDUSTRIES ET LES EMPLOIS

Les terribles chiffres de la Covid-19

 

Le fonctionnement de la quasi-totalité des entreprises industrielles, environ 92,5%, a été impacté par la pandémie de Covid-19. C’est ce que révèle le rapport d’enquête ‘’Covid-19 Industrie - (ECI 2020)’’, rendu public hier, par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd).

 

Il est communément admis que la Covid-19 a porté un rude coup à l’économie sénégalaises, notamment aux entreprises. L’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) vient de l’étayer en publiant le rapport d’enquête ‘’Covid-19 Industrie - (ECI 2020)’’. L’agence renseigne qu’au regard de son caractère inédit et particulier, la Covid-19 a eu un effet sur le fonctionnement de la quasi-totalité, environ 92,5 % des entreprises industrielles. ‘’En effet, l’analyse selon le sous-secteur industriel révèle que, hormis l’agroalimentaire (95,7 %), les autres industries manufacturières (87,5 %) et la chimie (76,9 %), toutes les entreprises des autres sous-secteurs ont déclaré que leurs activités ont été affectées par la crise sanitaire. L’analyse de la nature de l’impact, selon qu’elle soit positive ou négative, montre que l’activité de la majorité des entreprises industrielles (95,8 %) est négativement impactée. Par ailleurs, suivant la sous-branche d’activités, les seules affectées positivement se retrouvent dans l’agroalimentaire (15,0 %)’’, fait savoir l’ANSD.

Cette étude sur le secteur industriel montre également que plus de 70 % des entreprises ont déclaré que le degré de l’impact négatif de la crise sanitaire sur leurs activités est supérieur à 25 %. Toutefois, l’ANSD note que, selon la sous-branche d’activités, des disparités sont notées sur le degré d’impact. Les principales raisons évoquées par les chefs d’entreprise et qui expliquent l’impact sur l’emploi permanent portent essentiellement sur la réduction de l'activité de production (30,6 %), le problème de transport (22,2 %), la diminution des heures de travail (19,4 %) et le respect des mesures barrières (13,9 %). ‘’Dans l’ensemble, plus de 80 % des entreprises interviewées ont indiqué que leur production est affectée par la Covid-19. Par ailleurs, dans chaque sous-branche d’activités, la pandémie a affecté la production de plus de la moitié des entreprises. Suivant la nature du choc, la crise sanitaire a négativement affecté l’activité de production de la quasi-totalité (96,8 %) des entreprises industrielles. Selon la sous-branche d’activités, hormis l’agroalimentaire, la totalité des entreprises des autres sous-branches ont indiqué que la pandémie a eu un impact négatif sur leur production. Au titre de l’intensité du choc, l’étude ressort que près de 75 % des entreprises ont déclaré que la crise sanitaire a fait baisser leur production de plus de 25 %. Toutefois, 15,0 % d’entre elles ont constaté que leur activité de production s’est dégradée de plus de 75 %’’, renchérit l’agence nationale en charge de la statistique.

70,3 % des parts de marché paralysées

A l’instar de l’investissement et de la production, les parts de marché des entreprises ont subi les effets de la Covid-19. En effet, le document souligne que 70,3 % des entreprises industrielles ont déclaré que leurs parts de marché sont affectées par la maladie à coronavirus. ‘’Hormis les industries de production d’électricité et d’eau, la quasi-totalité des unités économiques interrogées ont vu leurs parts de marché impactées. Au titre de la nature de l’impact, l’étude révèle que pour 96,2 % des entreprises industrielles, l’effet de la crise sanitaire sur les parts de marché est négatif. Suivant la sous-branche d’activités, l’effet reste également négatif dans la plupart des cas. En effet, seule une partie des entreprises de l’agroalimentaire (6,7 %) et de la chimie (14,3 %) ont déclaré un impact positif de la Covid-19 sur leurs parts de marché’’, note l’ANSD.

 S’agissant du degré, 96,0 % des entreprises industrielles ont déclaré que le repli de leurs parts de marché est supérieur à 25 %. Par ailleurs, 16,0 % d’entre elles ont signalé une diminution de parts de marché dépassant les 75 %. La même source indique que, contrairement à l’emploi permanent où les effets sont modérés, la Covid-19 a considérablement affecté l’emploi saisonnier des entreprises industrielles d’environ 68,5 %. ‘’A l’exception des industries de matériaux minéraux (33,3 %) et du bois (0,0 %), la crise sanitaire a impacté l’emploi saisonnier de plus de la moitié des entreprises évoluant dans les autres sous-branches d’activités. La quasi-totalité des entreprises industrielles (96,0 %) ont déclaré un impact négatif de la Covid-19 sur l’emploi saisonnier. Par ailleurs, hormis quelques entreprises agroalimentaires et celles de transformation de produits pétroliers qui ont signalé un impact positif, pour toutes les autres, l’impact est négatif’’, précise l’agence.

Le degré de l’impact négatif de la pandémie sur l’emploi permanent est supérieur à 25 % pour la majorité des entreprises industrielles (81,3 %). Par ailleurs, 29,2 % d’entre elles ont souligné un effet négatif au-delà de 75 %.

Baisse des commandes et tension de trésorerie

Pour ce qui est des conséquences et difficultés rencontrées à cause de la pandémie, les chefs d’entreprises industrielles ont révélé aux enquêteurs de l’ANSD qu’elles concernent notamment la baisse des commandes (66,3 %) et les tensions de trésorerie (56,3 %). Tout de même, le report des investissements, la rupture des stocks et retard des livraisons, les difficultés d’approvisionnement en matières premières, la perte de compétitivité et la hausse des coûts d’exploitation ont été identifiés par plus d’une entreprise sur trois comme conséquences. Le licenciement (1,3 %), le recrutement (2,5 %), le gain de compétitivité (2,5 %), la fermeture des entreprises (7,5 %), la baisse des coûts d’exploitation (7,5 %) ont été faiblement cités. La mise au chômage technique a été évoquée par 15,0 % des entreprises. ‘’La principale difficulté rencontrée par les entreprises industrielles, en liaison avec la pandémie, est la baisse du chiffre d’affaires (45,0 %). Cette contrainte est suivie par la diminution des commandes (12,5 %), les difficultés de trésorerie (11,3 %), les problèmes d’approvisionnement en matières premières (10,0 %) et la perturbation de l’organisation de travail (10,0 %)’’, poursuit le document.

Sur l’ensemble, 35,0 % des entreprises enquêtées ont affirmé avoir de créances vis-à-vis de l’Etat. Selon le type, hormis les industries du bois, des matériaux minéraux et environnementaux, toutes les autres ont affirmé avoir de créances vis-à-vis de l’Etat. Au titre des prêts, 44 % des entreprises industrielles ont déclaré avoir contracté des prêts auprès des structures bancaires. Selon le type, hormis les industries du bois et de cuir, tous les autres types d’industries ont eu recours à des prêts bancaires. La durée moyenne de l’échéance des prêts dans l’industrie est évaluée à 36 mois.

La masse salariale ressortie à 306,3 milliards de F CFA, au 2e trimestre 2020

Une autre enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail (EERH) a été publiée, hier, par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD). Elle montre une baisse de la rémunération dans le secteur moderne. Le document renseigne qu’au deuxième trimestre 2020, le nombre moyen d’employés salariés recevant une rémunération de leur employeur, dans le secteur moderne hors Administration publique, est estimé à 304 003 contre 341 347 à la même période de 2019, soit une baisse de 10,9 %.

 En outre, les rémunérations globales se sont repliées de 9,4 % sur la même période. Les heures hebdomadaires moyennes globales se sont également réduites sur la période (-1,4 %). ‘’A l’instar du nombre moyen d’employés, la rémunération dans le secteur moderne s’est repliée de 9,4 % par rapport au deuxième trimestre 2019. En effet, selon les résultats de l’Enquête trimestrielle sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail, la masse salariale est ressortie à 306,3 milliards de F CFA, au deuxième trimestre 2020, contre 338,0 milliards de F CFA un an plus tôt. Cette évolution est consécutive à la baisse de la rémunération dans la quasi-totalité des sous-secteurs, suite à la réduction de leurs nombres d’employés’’, rapporte l’ANSD.

Sur les deux premiers trimestres de 2020, l’enquête révèle que la rémunération dans le secteur moderne s’est contractée de 5,2 % par rapport à celle de la même période de 2019. Il est noté également, durant la période, une diminution des heures travaillées dans le secteur moderne. ‘’Le nombre moyen d'heures travaillées par semaine s’est établi à 40,9 heures au deuxième trimestre 2020, contre 41,1 heures au même trimestre de l’année précédente, soit une diminution de 1,4 %. Cette situation est imputable principalement à la réduction des heures moyennes hebdomadaires travaillées dans le secteur du commerce, de la construction, du transport et l’entreposage, de l’hébergement et la restauration, de l’information et de la communication, ainsi que dans les activités spécialisées scientifiques et techniques’’, poursuit le document.

Cependant, dans le secteur de la santé, il est noté un redressement de 29,8 % des heures hebdomadaires moyennes travaillées. Sur les six premiers mois de 2020, le nombre moyen d'heures travaillées par semaine a aussi régressé (-0,8 %) relativement à celui de la période correspondante de 2019. L’ANSD informe aussi que, pendant la période sous revue, les résultats de l’EERH ont prouvé une réduction de 10,9 % du nombre moyen des employés salariés dans le secteur moderne hors Administration publique. ‘’Cette évolution est en relation avec la diminution des effectifs dans la quasi-totalité des sous-secteurs, notamment ceux de l’hébergement et de la restauration, de la construction, des activités extractives, des activités de fabrication, du transport et entreposage et du commerce. Cependant, la hausse du nombre moyen de salariés dans le secteur de l’information et de la communication a atténué cette baisse’’, lit-on dans le document.

Le fléchissement de l’effectif dans la construction est imputable à l’achèvement de certains gros chantiers. ‘’Au titre des secteurs de l’hébergement et de la restauration, du transport et de l’entreposage ainsi que du commerce, les baisses enregistrées sont essentiellement liées aux mesures prises par l’Etat pour limiter la propagation de la nouvelle maladie à coronavirus (Covid-19). Sur le premier semestre 2020, le nombre moyen d’employés salariés dans le secteur moderne hors Administration publique s’est contracté de 7,5 % par rapport à celui enregistré à la même période de 2019’’, conclut l’enquête.

MARIAMA DIEME

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