Macky Sall défend son “Fast-track’’

Le président de la République a entendu les critiques sur la suppression du poste de Premier ministre dont il a annoncé le retour et celles sur son ‘’Fast-track’’. Hier, en Conseil des ministres, il a fait étalage des avancées, depuis son instauration.
Chahuté, ces derniers temps, depuis qu’il a annoncé le retour du poste de Premier ministre, le chef de l’Etat a tenu à défendre, hier en Conseil des ministres, sa décision d’opter pour le ‘’Fast-track’’. En ce sens, le président Macky Sall a insisté sur l’innovation dans le pilotage de l’action publique et la nécessaire généralisation des systèmes de management de qualité dans les administrations avec, en ligne de mire, la gestion axée sur les résultats (Gar). Mais aussi sur les résultats obtenus, depuis qu’il est seul aux manettes.
Ainsi, selon les termes du communiqué qui a sanctionné la rencontre hebdomadaire, ‘’le président de la République rappelle, à cet égard, que la gouvernance en mode «Fast track» s’est traduite, malgré la pandémie de Covid-19 qui s’est déclenchée, il y a deux ans, par l’instruction finale de nouveaux projets d’émergence (port de Ndayane, autoroute Mbour – Fatick - Kaolack…), l’inauguration (effective ou à venir) de nombreuses réalisations sans précédent (hôpitaux de Kaffrine, Kédougou, Touba et Sédhiou, Service des maladies infectieuses de Fann (Smit), Data Center national de Diamniadio, Stade du Sénégal…)’’.
Dans la même veine, on apprend que le président de la République a demandé au gouvernement d’amplifier les réformes budgétaires et financières, mais également d’améliorer en continue, et de façon systématique, le management des administrations et l’engagement permanent au travail des agents publics.
De ce fait, il a informé le Conseil de la certification (par Afnor) à la norme ISO 9001 : 2015 du système de management mis en place par la Direction des moyens généraux de la présidence de la République. Il demande, ainsi, à tous les ministères de s’inspirer de cette démarche, avec l’appui du Bureau organisation et méthodes (Bom) et du ministère des Finances et du Budget, pour asseoir et consolider la modernisation et les performances des administrations.
Dans le même registre, il a rappelé au gouvernement l’impératif de bâtir une croissance inclusive et durable, en accélérant la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle ; de veiller au travail décent, ainsi qu’au renforcement du système national de retraite, à travers notamment : (i) une hausse de 10 % - d’ici fin décembre 2021 - des pensions de retraite ; (ii) l’examen des modalités de relèvement progressif des cotisations retraite et d’enrôlement des agriculteurs, éleveurs, pêcheurs, artisans et acteurs du secteur informel ; (iii) le recours incitatif à la retraite complémentaire ; (iv) l’accélération du processus de consolidation des régimes et structures de gestion des retraites (FNR, Ipres, CSS).
Envolée des prix des denrées et services
Ensuite, il a abordé la question de la maîtrise stratégique des prix des produits, denrées et services, au regard de la conjoncture économique mondiale liée à la pandémie de Covid-19, de l’augmentation continue du cours du pétrole et du fret maritime. Le président Macky Sall a demandé aux ministres en charge du commerce et des finances de réunir régulièrement le Comité des prix, en vue d’assurer un suivi permanent de la situation et de la stabilité des prix des denrées, produits et services de première nécessité.
Le chef de l’Etat indique, par ailleurs, l’urgence d’actualiser le Code de sécurité sociale et ses textes réglementaires subséquents, afin de consolider le socle de protection sociale en intégrant les contributions des programmes sociaux d’envergure (Bourses de sécurité familiale, Couverture maladie universelle, Carte d’égalité de chances …) lancés depuis 2012.
Par ailleurs, sur le ‘’nécessaire’’ renforcement de la lutte contre les violences faites aux femmes, Macky Sall rappelle à ses ministres ‘’la place primordiale des femmes’’ dans la stabilité économique et sociale du Sénégal. Il demande, à cet égard, au gouvernement de poursuivre et d’intensifier la mise en œuvre des politiques publiques visant l’amélioration continue de la condition des femmes. Le président Sall indique toute l’importance qu’il attache à l’élimination systématique des violences contre les femmes et les filles, et demande au ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des enfants de dérouler en permanence et d’intensifier les campagnes de sensibilisation de proximité contre les violences faites aux femmes et aux filles.
Un guichet spécial pour le financement de l’élevage
Après avoir pris part à la Journée nationale de l’élevage qui constitue un cadre d’échanges et de propositions pour la consolidation de la dynamique globale du secteur, le président de la République semble lui accorder davantage une place importante. Il a demandé au gouvernement de poursuivre la promotion des investissements publics et privés dans le secteur, à travers des partenariats innovants et des financements renforcés et accessibles aux éleveurs et aux autres opérateurs dans l'Élevage. D’ailleurs, il demande à la Der/FJ de déployer un guichet spécial pour accélérer la mise à disposition des financements projetés à 8,5 milliards F CFA en 2022, destinés aux acteurs et aux filières de l’élevage.
Il rappelle, dans cet élan, au gouvernement l’urgence de promouvoir une politique d’élevage intensif et semi-intensif par la mise en œuvre, à partir de 2022, de sa décision de porter le Fonds de stabulation (Fonstab) à 5 milliards F CFA/an. Le chef de l’Etat indique qu’il tient particulièrement à l’accroissement continu des productions de lait et de viande (avec la subvention à hauteur de 50 % des importations de génisses) ; à la consolidation des chaînes de valeur des filières afin d’asseoir notre souveraineté alimentaire et le renforcement de la place du secteur dans la richesse nationale, le développement de l’entreprenariat et la création d’emplois sur l’étendue du territoire national.
Sur le climat social et le suivi des affaires intérieures, le président de la République a insisté sur l’assistance aux Daaras et aux diplômes de l’enseignement arabe. Macky Sall a annoncé la création d’un bureau chargé d’impulser, de superviser et d’aider à la coordination optimale et au suivi-évaluation des différentes structures et programmes d’assistance multisectorielle aux Daaras et aux diplômés de l’enseignement arabe. Cette structure vise à promouvoir et à consolider un dialogue inclusif et constructif systématique avec l’ensemble des parties prenantes, afin d’asseoir leur participation citoyenne et leur responsabilisation effective dans la vie publique et le développement national.
En effet, le chef de l’Etat indique que l’enseignement arabe a connu un développement notable ces dernières années, avec plusieurs apprenants formés et titulaires de diplômes d’enseignement moyen et supérieur, dont l’insertion socio-économique doit demeurer une préoccupation permanente du gouvernement.
BABACAR SY SEYE