Publié le 29 Aug 2022 - 13:21
INONDATIONS DE LA CITÉ BELLEVUE

L’eau a gâché la belle vue !

 

Le quartier Bellevue n'oubliera jamais la date du 5 août 2022. Ce jour-là, une forte pluie a créé une situation de catastrophe dans la localité. Depuis lors, les habitants pataugent, car les eaux pluviales et même celles usées venant d’ailleurs continuent d'assiéger les lieux. Un fait alarmant qui a poussé l'Association des habitants de la cité et le Collectif des propriétaires à sortir de leur mutisme.

 

Un immense désarroi règne à la cité Bellevue. ''Aidez-nous à sauver notre cité ! Nous ne voulons pas perdre nos maisons acquises au prix d'immenses efforts !". Ce cri de détresse des habitants en dit long sur la situation qu’ils vivent au quotidien : le calvaire des inondations. Les témoignages appuyés et l'inquiétude sur les visages prouvent, à suffisance, qu'il y a urgence à agir.

En effet, les pluies du 5 août dernier constituent le principal déclencheur du sinistre. Si l'on s'en tient aux propos de Sylla Khady Niang, Bellevue a frôlé l'engloutissement. Selon la porte-parole du Collectif des propriétaires de la cité, les eaux, qui ont pris d'assaut le quartier, sont montées jusqu'à 1,7 m de hauteur à l'extérieur et 1,2 m à l'intérieur des maisons. ''Nous avons perdu des biens. Des personnes âgées, de même que des malades, ont dû être évacuées. Et l'eau remonte toujours par la nappe phréatique. C'est pourquoi ça nous étonne d'entendre constamment qu'avec le déclenchement du plan d'Organisation des secours en cas de catastrophes (Orsec), les inondations sont maîtrisées. En ce qui nous concerne, nous vivons une situation catastrophique''.

  À y voir de plus près, les autres constructions faites aux alentours de la cité Bellevue ont fini par lui porter préjudice. Mme Niang renseigne : "Bellevue se trouve maintenant être le point le plus bas de la zone avec, d'un côté la cité Axa et de l'autre côté la centrale de la Senelec. Après chaque forte pluie, les eaux descendent du cours Sainte-Marie de Hann, du côté de la cité Axa. Mais également, elles arrivent de l'autoroute en infiltrant le mur.''

   Face à ces difficultés, le pompage reste le seul espoir. D'ailleurs, des tuyaux sont posés à travers certaines zones de la cité pour évacuer les eaux. D'après différents témoignages, les pompiers sont à l'œuvre sans répit. ''Cela fait plus de vingt jours, depuis les pluies du 5 août, que les sapeurs-pompiers nous viennent en aide. Chaque jour, du matin au soir, ils sont là pour pomper l'eau qui, malheureusement, revient toujours au même niveau le lendemain'', explique Alassane Seck, Secrétaire général de l'Association des habitants de la cité Bellevue.

Madame Niang, quant à elle, veut plus que le pompage qui n'est, pour elle, qu'une solution ponctuelle. Autrement, elle souhaite que le problème soit réglé définitivement. Peut-être, comme elle le dit, que la cité soit incluse dans le nouveau Programme décennal de gestion des inondations.

25 000  à 50 000 F chaque jour pour le pompage d'eau

La cité Bellevue est confrontée à ce genre de situation depuis plusieurs années. À chaque fois, le pompage est utilisé pour s'en sortir. Malheureusement, c'est une stratégie qui se heurte à des limites. Madame Niang revient sur les efforts consentis dans la recherche de solutions. "À l'époque, avec l'appui de la commune de Hann Bel-Air, les habitants de Bellevue ont installé une mini-station de pompage reliée à un compteur électrique triphasé de la Senelec, très coûteux. C'est pour évacuer les eaux pluviales vers les canaux de l'Office national de l'assainissement du Sénégal (Onas) situés le long de l'autoroute. Cependant, ce système de pompage n'est efficace que pour un certain volume d'eau''.

Selon ses dires, pour activer la pompe, il y a un rechargement quotidien de 25 000 à 50 000 F CFA à faire pour le compte de la Senelec. Et pourtant, ''sans aucun accompagnement de sa part, ne serait-ce que dans le cadre de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE)''. Monsieur Seck de faire remarquer qu’il n'y a pas de canalisation d'eaux pluviales sur l'ensemble des Maristes. Ainsi, il souhaite qu'il y ait des solutions structurelles. Une préoccupation mise en lumière par la porte-parole du collectif.

S'adressant aux autorités étatiques, Mme Niang a réclamé la construction de conduites d'évacuation reliant la cité aux canaux de l'Onas. Pour elle, dans le cadre du plan Orsec, les eaux pourraient être envoyées vers ces canaux. Aussi, elle demande la création d'une station de pompage automatique au point le plus bas de la cité, la construction de conduites d'évacuation le long de l'autoroute afin d'évacuer les eaux vers la mer.

''L'État manque de volonté politique''

   Le président de l'Association des habitants de la cité est catégorique. Il y a un manque de volonté politique de la part des autorités. ''Nous avons écrit ; nous sommes même allés à la rencontre de certains, mais jusque-là, rien ! Nous nous débrouillons seuls. Nous avons creusé, cherché des tuyaux et les avons placés afin de pomper l'eau. Si vraiment nos autorités sont incapables de nous aider, qu'elles nous donnent des solutions, vu que nous ne sommes pas des techniciens. Le reste, nous allons essayer de le faire. Malheureusement, elles ne font que donner de fausses promesses'', a martelé Amadou Kandji.

   Pour le vieil homme, l'État a les moyens de régler le problème, mais il ne veut pas le faire. Le dossier est, selon lui, rangé dans les tiroirs. Il regrette ainsi que le même phénomène ne cesse de se produire, depuis 2005. Pendant que les autorités règlent des situations beaucoup plus compliquées. Mieux, M. Kandji a même rappelé que lors des inondations de 2005, Macky Sall, Premier ministre à l'époque, était venu dans la cité pour s'enquérir de la situation. Propos confirmés par Sylla Khady Niang qui explique : ''À l'époque, M. Sall, accompagné des membres du gouvernement, avait dû entrer dans la cité en zodiaque.''

Selon les explications, c'est le chef de l'État d'alors, Abdoulaye Wade, qui a érigé le mur qui sert de protection contre les eaux venant de l'autoroute. Mais c'est un mur qui ''a juste permis d'avoir un semblant de répit, pendant quelques années''.

L'Onas, un cas préoccupant

Ainsi, selon Mme Niang, la situation qui prévaut à Bellevue est imputable à l'Onas. ''Depuis 2013, nous alertons par des courriers adressés au président de la République et transférés au ministre chargé de l'Assainissement, au directeur général de l'Onas, afin d'éviter ce genre de situation. Nous sommes très souvent inondés par les eaux usées de l'Onas, même en période sèche. Mieux, nous avons rencontré trois directeurs généraux de cette structure, d’Alioune Badara Diop à Ababacar Mbaye, en passant par Lansana Gagny Sakho. Ce, pour alerter sur la catastrophe qui risquerait de se produire, si rien n'est fait''.

Poursuivant son récit, la porte-parole relate qu'il y a eu beaucoup de promesses. Des techniciens de l'Onas ont été envoyés dans la cité pour une étude. Et depuis début 2022, des relances ont été faites, mais aucun dispositif n'a été mis en place. Aujourd'hui, elle avoue que la cité est en train de vivre ce qu'on craignait.

Toutefois, pour M. Seck, les deux structures, à savoir l'Onas et l'Ageroute, veulent dégager leurs responsabilités. ''Nous voyons sur les plateaux de télé les deux se rejeter la balle. L'Ageroute pense qu'elle a fait son job, en drainant les eaux vers l'exutoire de l'Onas. Mais ce qu'il en est, c'est que cet exutoire de l'Onas n'est pas dimensionné pour les eaux pluviales. C'est pourquoi il y a des refoulements. Par exemple, du côté de la cité Axa, à chaque fois qu'il y a une pression dans les conduites de l'Onas, les eaux s'échappent et viennent au point le plus bas. C'est-à-dire dans notre cité. Il y a quelques mois, nous étions en train de patauger dans les eaux usées de l'Onas. Or, nous ne disposons pas de ses conduites''. Dans les maisons de la cité, il n'y a que des fosses septiques.

El hadji Fodé Sarr

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