Publié le 13 Sep 2013 - 18:20
«CRIMES CONTRE L'HUMANITÉ»

Le vice-président du Kenya face à ses juges

 

 

Devant les juges de la Cour pénale internationale (CPI) à la Haye s'est attaché à paraître serein. Costume gris impeccable et sourire en coin, le vice-président kényan a fait face lundi au tribunal pour la première fois à ses juges. Les charges retenues sont pourtant graves. Il doit répondre de crimes contre l'humanité, comme meurtres, persécutions et déportations. Le procès est annoncé comme historique. La Cour a certes déjà été confrontée à de tels crimes en Afrique. Mais jamais un dirigeant en fonction n'avait été jugé, encore moins un chef d'État. Car, le 12 novembre, le président kényan, Uhuru Kenyatta, sera à son tour dans le box à La Haye pour se défendre des mêmes crimes que son adjoint.

L'accusation remonte à janvier 2008, aux sanglants affrontements qui avaient suivi la réélection contestée de Mwai Kibaki à la présidence. Les violences politico-ethniques avaient fait plus de 1000 morts et 600.000 déplacés essentiellement dans la Rift Valley. Les enquêtes ont montré que ces rixes, un temps présentées comme spontanées, où des villages entiers avaient été brûlés et des communautés persécutées, avaient été pensées. William Ruto, figure politique de la Rift Valley et leader de l'ethnie Kalenjin, est soupçonné d'en être l'organisateur. Le fils du père de la nation et chef de la tribu des Kikuyus, Uhuru Kenyatta est, lui, accusé d'avoir à l'époque mis en place la contre-offensive. Depuis, les rivaux d'hier se sont rapprochés au point de former un «ticket» gagnant pour la présidentielle de 2012.

Le procureur de la CPI, Fatou Bensouda, n'entend pas entrer dans ses alliances politiques curieuses. À ses yeux, William Ruto a planifié les crimes pour «satisfaire sa soif de pouvoir». «Il est difficile d'imaginer la souffrance ou la terreur de ces hommes, femmes et enfants qui ont été brûlés vifs, tués à la machette ou chassés de chez eux.»

Face au juge-président, William Ruto s'est affirmé «non coupable», laissant à son avocat le soin d'argumenter plus avant. «L'enquête a été construite sur de mauvaises bases, et tout ce qui a suivi n'a été que tentatives d'assembler des pièces qui ne rentrent pas les unes dans les autres», a insisté Me Karim Khan assurant que le dossier monté par le bureau du procureur était une «insulte à tous ceux qui croient en une institution viable»...

LEFIGARO.FR

 

 

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