Publié le 10 Feb 2012 - 12:37
AFFICHES ELECTORALES

Le où, le combien et le comment de la propagande politique

 

 

 

ABDOULAYE WADE

 

Le président sortant fait encore une démonstration de force avec une présence massive de ses affiches partout en ville. Du Palais de la République, où ces sucettes damnent le pion à celles, plus déterminées, de ses rivaux Macky Sall, Tanor Dieng et Cheikh Tidiane Gadio. Même son de cloche sur la VDN, à partir du siège du PDS où le gros de l’effort est vraiment fourni avec des affiches pouvant faire 4 fois la taille d’un panneau géant (soit pas moins de 48 m2). D’un point de vue contenu, c’est le sempiternel épi jaune sur bleu cyan, symbole du Sopi, et, pour slogan, la phrase ''Weddi guiss bokou ci''. ''Gorgui'' y apparaît en boubou bazin riche, emmitouflé dans son châle, chapeauté ou alors en complet noir et cravate rouge, la légion d’honneur sur le cœur. Son aspect le plus notable, cependant, est l’incroyable jeunesse (fictive) de ses traits, lourdement retouchés à l’ordinateur. C’est bien simple, à en croire ses affiches, Abdoulaye Wade paraît 30 ans plus jeune…

 

 

 

CHEIKH TIDIANE GADIO

 

Cheikh Tidiane Gadio fait partie de ceux qui pèsent dans les prémisses de la bataille de l’affichage commencée avec la campagne électorale. Ces affiches, généralement à fond marron, le présentent en tenue traditionnelle et en costume, souriant à l’objectif au dessus du slogan ''Nourrir, Eduquer, Soigner et Libérer les énergies''. Il est très présent en ville (Médina rue 6, rond-point Poste) avec en majorité des panneaux ''sucette'' de petite taille (1,2m X 1,5m) et des affiches papier au format A3. Dans des zones comme Fass, Grand-Dakar, Colobane et Amitié, par contre, il n’y a presque pas d’affiches papier à son effigie mais plus de ''sucettes'' (donc plus d’espace publicitaire acheté). Une tendance renforcée sur la VDN où, du siège de ''Luy Jot Jotna'' jusqu’aux environs du camp pénal, des panneaux géants (4m X 3m) le mettant en scène balisent à intervalles réguliers le bord des routes, de même que quelques affiches papiers. Une bonne présence médiatique en somme, même si on regrette la taille du slogan de campagne, bien trop long pour qu’on puisse le retenir en entier.

 

 

 

IDRISSA SECK

 

Du côté de Rewmi, il y a une démarcation claire dans la démarche signalétique. Peu de panneaux, peu d’images, même si quelques ''sucettes'' XL à l’effigie d’Idrissa Seck se laissent apercevoir vers le siège du parti, à Sacré-Cœur. Pour le reste, c’est une véritable guérilla de l’image avec, à des endroits laissant supposer une campagne d’affichage à la sauvette (c’est-à-dire sur les murs et sous les ponts, à hauteur d’œil) des affiches A3 où s’étalent, une lettre à la fois, les mots ''Rewmi Jotna''. Très intelligent parce que peu cher (évidemment, pas de panneau à louer), distinctif (charte graphique claire, couleurs distinctives et polices sans fioritures mais donnant une impression de force), mais surtout original quand on sait que ses concurrents se disputent les espaces avec des publicité pour du savon, du beurre ou, par exemple, du lait. De plus, les slogans utilisés appellent à une prise de puissance du peuple. Un atout découlant du fait d’utiliser un seul mot, d’abord, qui imite un cri spontané et l’utilisation d’un champ lexical révolutionnaire (debout ''rewmi*'', ''jotna*'') ensuite.

 

 

 

MACKY SALL

 

Macky Sall est le seul qui, a part Abdoulaye Wade (qui dispose d’avantages évidents), a réellement mis beaucoup d’argent dans cette campagne d’affichage. Il est partout et sous tous les formats… même ceux du bus customisé ou encore du ''tag''. Beaucoup plus visibles que celles de ses rivaux politiques (nous avons compté), ses affiches se déclinent essentiellement en ''sucettes'', en panneaux de 4x3m et sous le format A3. Point E, VDN, ''2 voies'', Liberté 6, Corniche, Boulevard de la République, sans oublier Fass, Grand-Dakar, HLM, Amitié… Partout le cheval en fil d’or de Macky Sall, sa charpente massive et sa bonne bouille sourient timidement au monde. Pas forcément conquérant, le candidat de l’APR se positionne comme le présidentiable de l’amélioration des conditions de vie. Idée renforcée par son slogan ''Yoonu Yokkute'' (NDLR, la ''voix du progrès'') qui appelle l’électeur à trouver en Macky Sall celui qui lui procurera des conditions de vie décentes. Une stratégie tout à fait viable dans la conjecture actuelle des choses.

 

Et le reste ?

Mais que dire, dans cette guerre de l’affichage, d’Ousmane Tanor Dieng, de Moustapha Niasse, de Diouma Diakhaté ou encore d’Ibrahima Fall ? Ils sont, à vrai dire, beaucoup mois présents que les candidats suscités dans l’espace signalétique de la capitale. Dans les cas Tanor ou Niasse, les moyens financiers à leur disposition ne leur permettraient-ils pas de faire aussi bien si ce n’est mieux que les autres ? Est-ce un retard dans la réservation des panneaux publicitaires ?

 

Un refus à investir du temps et de l’argent dans une campagne d’affichage intensive? Un défaut dans leur marketing politique? Si les réponses à ces questions nous échappent, dans le cas des autres, c’est-à-dire des ''petits'' candidats, on se doute que l'objectif d’une affiche sur chaque mur n’est pas envisageable. C’est trop coûteux et pas forcément une priorité quand on espère sans trop y croire passer la barre des 5%…

 

 

SOPHIANE BENGELOUN

 

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