Publié le 20 Jul 2021 - 13:42
ATTAQUES CONTRE DES ‘’ESCLAVES’’ AU MALI

L’ONU appelle l’Etat à réagir

 

Au Mali, des personnes considérées comme ‘’esclaves’’ subissent régulièrement des attaques. La dernière date du 4 juillet 2021, lorsque des habitants du village de Makhadougou, dans la région orientale de Kayes, ont tenté d’empêcher des personnes qu’ils considéraient comme des esclaves de travailler dans leurs champs. À l’aide de machettes et de fusils, ils ont blessé 12 personnes, dont trois femmes non-impliquées dans l’affrontement qui ont été touchées par des balles perdues à l’intérieur de leur maison. Une situation que dénoncent les experts de l’ONU.

‘’L’augmentation spectaculaire des attaques, cette année, montre l’incapacité flagrante du gouvernement à protéger sa population, en particulier celle qui souffre déjà le plus de la discrimination et de la violence’’, ont-ils déclaré dans un communiqué. Les attaques constantes et systématiques contre les personnes considérées comme ‘’esclaves’’ sont inacceptables et doivent cesser immédiatement, insiste l’expert indépendant des Nations Unies sur la situation des Droits de l’homme au Mali, Alioune Tine.

Du même avis, le rapporteur spécial des Nations Unies sur les formes contemporaines d’esclavage, Tomoya Obokata, rappelle que ‘’de telles attaques vicieuses sont incompatibles avec une société inclusive et nous les condamnons dans les termes les plus forts’’.

Selon les experts, au total 62 personnes (57 hommes et cinq femmes) ont été blessées lors de violents affrontements dans la région de Kayes, et 80 ont dû fuir leur domicile. Ce qui revient à deux fois plus de personnes blessées cette année qu’en 2020.

Le Mali a interdit l’esclavage en 1905, mais un système ‘’d’esclavage d’ascendance’’ persiste. Ainsi, le statut d’esclave est attribué à certaines personnes, parce que leurs ancêtres auraient été réduits en esclavage par des familles de ceux appelés ‘’maîtres’’. En outre, les personnes nées en esclavage travaillent sans être payées et sont privées de leurs droits fondamentaux et de leur dignité. ‘’Ceux qui rejettent la désignation d’’esclave’ et tentent de défendre leurs droits, ainsi que les organisations antiesclavagistes, sont régulièrement attaqués violemment par les chefs traditionnels ou religieux et leurs alliés, y compris dans certains cas, les autorités de l’État’’, relatent les experts. Le premier appel en septembre 2020 n’a visiblement pas été entendu.

Ils avaient exigé ‘’une enquête rapide, transparente, impartiale et approfondie’’ sur les attaques dans la région de Kayes. Tout aussi important, ont-ils déclaré, ‘’un changement d’attitude est nécessaire dans toute la société malienne. Il est indispensable de laisser derrière soi l’héritage de l’esclavage par ascendance et de reconnaître que tous les Maliens peuvent se prévaloir de tous les droits et libertés énoncés dans la Déclaration universelle des Droits de l’homme et la Charte africaine des Droits de l’homme et des peuples’’. Les Nations Unies insistent sur le respect des droits humains sans aucune distinction fondée sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion, les opinions politiques ou autres, l’origine nationale ou sociale, la propriété ou la naissance.

 

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