Publié le 4 Oct 2016 - 05:13
COLONEL MAMADOU GAYE, COMMANDANT DE LA ZONE MILITAIRE N°6

« Nous souhaitons que l’accalmie débouche sur une paix définitive en Casamance »

 

Depuis quelques années, une accalmie règne dans les régions de Kolda et de Sédhiou. Pas d’attaques à main armée, ni de braquages, encore moins de violences n’ont été enregistrés. Ainsi, pour savoir les actions qui ont conduit à ces résultats probants, EnQuête est allée à la rencontre du commandant de la militaire N° 6 de Kolda et de Sédhiou. Il se réjouit de l’accalmie constatée depuis deux ans dans les régions de Kolda et de Sédhiou.

 

Colonel Mamadou Gaye, nous avons constaté que, depuis deux ans, il y a une accalmie qui règne dans les régions de Kolda et de Sédhiou, peut-on savoir les actions qui ont conduit à ces résultats probants ?

C’est vrai que, depuis deux ans, nous avons constaté tous qu’il y a une baisse notoire de la violence, aussi bien en zone militaire N°5 de Ziguinchor qu’en zone militaire N°6 Kolda et Sédhiou. Une baisse de violence que nous saluons tous, parce qu’elle contribue à l’avènement de la paix définitive en Casamance. Cette dynamique de paix est due à plusieurs raisons. La première raison, c’est qu’il y a ce processus de paix qui est enclenché, depuis quelques années maintenant, qui émane d’une volonté politique de dialoguer avec toutes les parties prenantes du conflit pour arriver à un règlement définitif. La deuxième raison, c’est sans doute l’action conjuguée de nos forces, c’est-à-dire les forces de défense et de sécurité pour essayer de les intégrer davantage dans des créneaux de développement et essayer de tuer toutes les velléités d’austérités indépendantistes. La troisième raison, ce sont les initiatives de développement qui ont été initiées par l’Etat dans les deux régions, à savoir la création des domaines agricoles communautaires, un grand réservoir d’emplois des jeunes.

Il y a également des actions civilo-militaires qui ont été enclenchées par la zone militaire N°6 au profit des populations, notamment sur le plan scolaire, avec la construction d’infrastructures scolaires, d’édifices sur le plan de la santé, mais également sur l’accompagnement des populations dans leurs préoccupations les plus urgentes que nous faisons au quotidien. Enfin, il y a cette coopération frontalière que la zone militaire N°6 a développée avec les pays voisins, à savoir la Gambie, la Guinée Bissau et la Guinée Conakry par le biais de rencontres épisodiques d’autorités zonales. Mais également des rencontres informelles d’échanges entre nos Forces Armées, plus les forces de défense et de sécurité. Nous avons  également ce qu’on appelle la police frontalière où les services de sécurité frontaliers. Il y a des échanges à ce niveau qui permettent de prévenir et d’anticiper sur les menaces et d’éviter que ça surgit.

Commandant, est-ce qu’au cours de vos opérations ou de vos discussions avec vos homologues des trois pays voisins, vous avez rencontré certaines difficultés qui rendent difficiles vos actions ?

Oui parce que notre mission est jalonnée de défis liés à la configuration du terrain de notre zone d’actions. Tout le monde sait que les régions de Kolda et de Sédhiou sont des zones assez difficiles, compte tenu des différentes discontinuités du territoire, des difficultés de mobilité, mais également des difficultés liées à la faiblesse des infrastructures routières. Ce qui complique vraiment l’action de nos forces. Malgré tout, nous parvenons à surmonter toutes ces difficultés, grâce à l’action du commandement militaire qui nous a dotés des moyens appropriés pour augmenter la mobilité des forces, mais également pour pouvoir juguler toute menace et faire face aux menaces les plus pressantes. 

Selon vous, quelles attitudes doivent adopter les populations pour consolider les acquis considérables dans la prise en charge de la sécurité des populations et de leurs biens ?

Vous savez, la sécurité est devenue une affaire globale. Ce n’est pas seulement une exclusivité des forces de défense et de sécurité. Mais une affaire de tous. C’est pourquoi les populations ont également un rôle à jouer pour assurer leur propre sécurité, mais aussi le maintien de la paix en Casamance. Ce que nous leur demandons, c’est de continuer d’être à côté des forces en leur apportant le concours qu’il faut, notamment en terme de renseignements, d’informations, et surtout aider les actions de développement que nous faisons au profit de ces populations. L’autre attente que nous exigeons des populations, c’est la patience et surtout la tolérance. Parce que le processus de paix est un processus qui prend du temps, mais également qui demande de la patience et de la foi et qui demande également une conjonction de plusieurs facteurs. Que les populations se soudent. Que les gens fassent preuve de solidarité pour qu’ensemble on puisse arriver à cette paix définitive que toutes les populations souhaitent intensément.

EMMANUEL BOUBA YANGA

 

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