Publié le 17 Oct 2018 - 17:07
COTE D’IVOIRE

Violences et contestations après la proclamation des résultats provisoires

 

Trois jours après les élections locales du 13 octobre, des violences et des contestations continuaient d’éclater après la publication des résultats provisoires. Plusieurs localités sont concernées par ces incidents qui remettent en cause l’indépendance et la compétence de la Commission électorale indépendante (CEI).

 

« C’est scandaleux ! Les chiffres qui ont été communiqués par la CEI [Commission électorale indépendante, ndlr] ont été fabriqués. Nous n’avons aucune copie des procès-verbaux qui ont abouti à la publication de ces résultats. Nous n’avons pas eu de rencontre avec la CEI locale avant leur publication. » À son quartier général de campagne, envahi par ses militants le lundi 15 octobre, Georges Philippe Ezaley, maire sortant de Grand-Bassam et candidat du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), enrage.

Au terme d’une compilation longue et incessamment interrompue au bureau de la CEI locale, logé à la préfecture de la ville, les résultats provisoires officiels ont été proclamés. Ils donnent gagnant Jean-Louis Moulot, collaborateur du président Alassane Ouattara et candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, mouvance présidentielle). Très vite, des heurts ont éclaté dans la ville, menés par des supporteurs du maire sortant.

D’autres mouvements similaires ont éclaté à l’issue des premiers jours de décompte, confirmant l’avance du RHDP sur le PDCI, devancé par des candidats indépendants, majoritairement issus des deux formations politiques. Quant au taux de participation, l’un des enjeux du scrutin boycotté par une partie de l’opposition qui continue de réclamer une meilleure transparence du cadre légal et réglementaire des élections, il n’a toujours pas été communiqué par la CEI.

Scrutin annulé à Port-Bouët, incidents à Abobo…

Ainsi, non loin de Grand-Bassam, une cité balnéaire du sud, des heurts similaires éclataient presqu’au même moment à Port-Bouët, commune du district d’Abidjan. Des militants du PDCI ont bruyamment contesté l’annulation du scrutin par la CEI, du fait de graves irrégularités.

À Abobo, commune populaire d’Abidjan, le superviseur général du candidat indépendant Tehfour Koné, proche de Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale, avait été enlevé par des inconnus la nuit du scrutin, et retrouvé mort dans une mare de sang quelques heures plus tard. À l’issue de l’inhumation du corps, le 15 octobre, Tehfour Koné a ouvertement accusé Hamed Bakayoko, le ministre de la Défense déclaré vainqueur par la CEI, de fraude. Des allégations catégoriquement rejetées par les proches de ce dernier.

Accusations de fraude dans le nord-est

Dans le nord-est du pays, ce sont des partisans de Serge Yvon Vremen (PDCI) qui ont marché lundi sur le siège de la CEI locale à Bondoukou. Ils accusaient les responsables locaux de cette institution d’avoir inversé des chiffres en faveur du ministre Kobenan Kouassi Adjoumani, candidat du RHDP déclaré vainqueur. Visée par de vives critiques, la CEI n’avait pas encore réagi au lendemain des contestations.

Un membre de cette structure a déclaré sous le couvert de l’anonymat n’avoir jamais vu autant de fraudes et de tentatives de fraude. « En réalité, presque tous les candidats et presque tous les partis politiques vont à la compétition en ayant préparé leurs stratégies de fraude. La compilation des résultats dans les commissions locales relève souvent de la croix et de la bannière », explique notre source.

Recours devant la Cour suprême

La Commission électorale indépendante devait publier les derniers résultats provisoires le mardi 16 octobre. Les candidats contestataires pourront alors saisir la Chambre administrative de la Cour suprême.

Dans un rapport publié lundi, la Commission nationale des droits de l’homme de Côte d’Ivoire (CNDHCI, structure publique) notait que « le scrutin s’est relativement déroulé dans un climat apaisé. En outre, le dépouillement s’est déroulé conformément à la procédure en vigueur. Toutefois, la CNDHCI déplore des dérapages ayant conduit à une perte en vie humaine, le jour du scrutin, à Lakota (sud). Elle a également relevé des cas d’intimidation, des atteintes à la liberté de circulation et des atteintes à l’intégrité physique. »

Jeuneafrique.com

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