Pour un trou de 75 millions, un agent risque 2 ans

Accusé d’avoir détourné près de 75 millions de francs Cfa, l’ex-agent commercial de la société Eurogerm, Tahibou Sall, risque deux ans de prison ferme pour abus de confiance et faux et usage de faux en écriture privée.
D'abord agent commercial dans une société de chocolat, Tahibou Sall a été débauché en 2004 par Eurogerm, une entreprise spécialisée dans la confection et la commercialisation du matériel destiné à la boulangerie. Mais, au bout de trois ans, en 2007, il trahit la confiance de ses nouveaux patrons, puisqu’il ne peut justifier un trou de 2, 6 millions de francs Cfa. Il est contraint de rembourser le manquant en tranches mensuelles de 20.000 francs défalquées sur son salaire. En 2011, la même situation se reproduit.
Selon les éléments de la procédure, la direction de Eurogerm constate, le 21 octobre 2011, un manquant de 75 millions 450 mille francs Cfa. Sommé de s’expliquer, Tahibou Sall soutient que l’argent se trouve entre les mains de clients mauvais payeurs. Il demande un délai pour recouvrer l’argent. Cette réponse ne satisfait pas ses responsables, d’autant qu’ils ont donné injonction aux commerciaux de ne pas dépasser un encourt de 25 millions. Après vérification, la comptabilité se rend compte qu’une grande partie de l’argent a été recouvré par l’agent commercial. Des investigations permettent de découvrir que certaines créances sont minorées ou même fictives, car les clients ont déjà payé.
Traduit, hier, devant le tribunal correctionnel, le prévenu a nié le délit d’abus de confiance, persistant à dire que l’argent se trouve entre les mains des clients. Toutefois, il a reconnu le faux et usage de faux en écriture privée. À l'en croire, lorsqu’un client remboursait de l’argent, il l’utilisait pour compenser les autres créance. ‘’ Je le faisais pour les arranger. C’était une façon de contenir la situation, car beaucoup de boulangers étaient confrontés à des difficultés de trésorerie, du fait des délestages’’, a justifié Tahibou Sall.
Un argument corroboré par le témoin Abdoulaye Fall. Le conseil de la partie civile a réclamé la somme de 100 millions de francs Cfa au titre de dommages et intérêts. Jugeant les faits constants, la représentante du parquet a requis deux ans de prison ferme. Pour la défense, le prévenu n’est coupable que du délit de faux et usage de faux et mérite la clémence. En revanche, concernant l’abus de confiance, Me Bèye a plaidé la relaxe pure et simple, arguant que son client reversait l’argent recouvré à la société. Délibéré le 12 mars prochain.
FATOU SY
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