Les acteurs listent les écueils

Malgré les nombreuses initiatives prises pour booster le secteur, les petites et moyennes entreprises (PME) en Casamance ne parviennent pas à jouer le rôle de locomotive de l’économie de la région sud du pays. Plusieurs facteurs expliquent cette situation.
La crise qui a secoué la région méridionale du pays depuis plus de trois décennies maintenant et qui se caractérise, aujourd’hui, par une accalmie profonde, ne constitue guère ce goulot d’étranglement à partir duquel naissent toutes les contraintes qui gangrènent le développement des petites et moyennes entreprises (PME) en Casamance.
Depuis quelques années maintenant, l’Etat, à travers ses agences et autres institutions, a déployé des efforts importants dans le sens de l’accompagnement des acteurs pour leur permettre de sortir, entre autres, de l’informel et se tourner vers le développement durable de leurs activités. En dépit de tout cela, les PME, qui devaient être la rampe de la relance de l’économie de la région sud du pays, ne parviennent pas à sortir de l’ornière.
Il ressort du comité régional de développement (CRD) organisé mardi dernier dans la capitale méridionale du pays, que le secteur des PME dans la région de Ziguinchor est confronté à plusieurs écueils qui plombent son développement. Portée par l’Agence pour le développement de petites et moyennes entreprises (ADEPME) dans le cadre de la vulgarisation du projet ‘’Tekki Fii’’ ou ‘’Développer l’emploi au Sénégal’’, ce CRD s’est vite transformé en ‘’mur de lamentations’’ par les acteurs de la PME de la région de Ziguinchor. Une tribune pour étaler les difficultés qu’ils rencontrent quotidiennement dans la gestion de leurs affaires. Selon eux, les lenteurs et la lourdeur des procédures administratives dans le traitement des dossiers et le décaissement des fonds sont, entre autres, les raisons qui freinent l’ardeur de la plupart des opérateurs économiques. S’y ajoutent l’éloignement avec Dakar et la ‘’dictature des sommets’’. Mais également la disponibilité de l’information à temps réel et l’accès au financement.
De l’avis des acteurs, l’Etat et ses démembrements doivent rompre avec le temps de la parole, des séminaires et autres rencontres pour se tourner, résolument, vers celui de l’action et de la moisson. ‘’Nous avons suivi plusieurs formations. On est fatigué des séminaires. Vous avez constaté qu’ils sont nombreux les acteurs qui ont préféré ne pas prendre part à cette rencontre, parce qu’ils ne sentent plus le besoin’’, lance une opératrice économique, estimant que la solution réside dans la décentralisation des structures ou la mise en place, à Ziguinchor, d’un ‘’guichet unique’’. Les différentes contraintes soulevées par les acteurs pour expliquer les raisons de leurs contre-performances sont partagées, en partie, par les autorités administratives en charge de ce secteur.
Selon Bouba Sagna, le responsable du Centre de gestion agréé (CGA) logé à la Chambre de commerce de Ziguinchor, le mal est dans l’inorganisation des opérateurs économiques. ‘’Arrêtons de pleurer en Casamance. Arrêtons de tendre la main. Nous refusons de nous formaliser. La plupart des PMI ne disposent d’aucune comptabilité fiable. Et nous voulons accéder au financement. Nous avons demandé une mensualité de dix mille francs chacun, pour que le centre puisse gérer leur comptabilité. Personne ne l’a fait’’, regrette M. Sagna.
HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)