Publié le 6 Mar 2018 - 17:47
ECONOMIE NUMERIQUE : ACCES A INTERNET A HAUT DEBIT, LEGISLATION…

Ces défis qui empêchent le décollage du secteur 

 

Beaucoup d'obstacles restent, aujourd’hui, à surmonter pour le décollage de l’économie numérique au Sénégal. Il s’agit notamment de l’accès à Internet à haut débit, de la réglementation et de la formation. C’est ce qu’ont souligné, hier, les acteurs, lors d’un atelier sur le sujet.

 

Les technologies numériques sont considérées, actuellement, comme un moteur économique pour les gouvernements et les entreprises offrant un grand nombre d'applications innovantes dans divers secteurs. Au Sénégal, avec la percée du numérique, les objectifs stratégiques visés par le gouvernement, à l’horizon 2025, à travers sa stratégie ‘’Sénégal numérique’’, sont la contribution due au Pib de 10 %, l’augmentation induite sur le Pib direct à hauteur 300 milliards de francs Cfa, la création de 54 000 emplois directs et 162 000 indirects.

Néanmoins, selon la directrice des Opérations de la Banque mondiale au Sénégal, Louise Cord, ‘’beaucoup d'obstacles’’ restent à surmonter pour y parvenir. ‘’Le Sénégal n'est que 132e parmi les 150 pays de l'indice de connectivité mobile de 2017 de Gsma, et 142e sur 176 pays dans l’indice mondial de développement des Tic d’Uit. La pénétration du haut débit mobile au Sénégal est faible, avec des prix élevés. On observe également des fractures numériques importantes entre rural et urbain, entre Dakar et les villes d’ordre secondaire, et même entre les quartiers d’une même ville’’, a souligné la patronne de la Bm hier, lors d’un atelier l’économie numérique.

En effet, pour Mme Cord, l’enjeu des politiques publiques du secteur consiste à mettre en place un ‘’nouveau cadre légal, réglementaire et institutionnel’’. Un instrument qui permettra, selon elle, de stimuler la concurrence (par les prix et la qualité de service) et l’investissement privé sur le marché de l’Internet (mobile et fixe) et d’élargir l’accès et l’usage de l’Internet au-delà des principaux centres urbains du pays. ‘’C’est dans ce contexte que s’inscrit cet atelier dont l’objectif est d’appuyer le gouvernement sénégalais dans l’accélération de la mise en œuvre de son programme de réformes structurelles dans le secteur des télécommunications, afin de doter le Sénégal des fondations nécessaires à l’essor d’une véritable économie numérique’’, a-t-elle ajouté.

Concrètement, la Bm veut, à travers cette réunion, mettre en place une feuille de route de mesures détaillées pour faciliter le déploiement de la technologie 4G et l’Internet haut débit en tous points du territoire. Ceci, afin que les individus et les entreprises puissent saisir toutes les possibilités offertes par le numérique dans les secteurs prioritaires identifiés par le gouvernement. ‘’La 4G nécessite beaucoup de fréquences. Donc, il va falloir qu’on organise une nouvelle façon de les distribuer. En matière réglementaire, il y a des problématiques relatives au renouvellement du cadre légal et réglementaire qui est actuellement en cours. Sur le plan institutionnel, ce qui nous préoccupe, c’est la création du Conseil national du numérique qui va, on l’espère avec la participation des acteurs privés, permettre une meilleure intégration, une meilleure gouvernance du secteur’’, a renchéri le chargé des Tic à la Bm, Jérôme Bezzina.

Pour ce spécialiste des Tic, la mise en place de ce conseil est ‘’essentielle’’, vu le nombre d’institutions et d’organismes qui gèrent le secteur. ‘’Il y a un manque de cohérence globale dans la mise en œuvre des politiques sectorielles et de prise en compte des contraintes des différents acteurs, notamment ceux du privé. Parce que c’est le privé qui crée la valeur et il faut qu’on essaie un peu d’inverser la tendance de vouloir taxer à tout prix, avant de créer la valeur. La seule chose qui est importante, c’est de créer le contexte d’abord et l’environnement ensuite pour que les entreprises privées puissent créer, à leur tour, de la valeur’’, a-t-il préconisé. Il faut noter que la contribution des Tic dans le Pib du Sénégal se situait à 8,7 %, en 2016.

Le challenge du pilotage de la stratégie ‘’Sénégal numérique’’

Aujourd’hui, le coordonnateur de la Direction générale de planification des politiques économiques (Dgppe), Mayacine Camara, a estimé que la digitalisation de l’économie est un ‘’phénomène tendanciel’’ pour dématérialiser l’économie traditionnelle. Pour ce faire, il est primordial, selon lui, de relever certains défis réels. ‘’Il s’agit de la prise en compte, dans notre système éducatif et de formation professionnelle, du processus de numérisation en vue d’une meilleure adéquation entre offre et demande d’emplois. Nous devrons également nous poser des questions relatives à la transition entre la micro-informatique et l’intelligence artificielle qui seront, certainement, une révolution de la prospective numérique de demain. Il faudra aussi définir un cadre de responsabilité des entités privées prêtes à accompagner le Pse, à travers la stratégie ‘Sénégal numérique’ (Sn 2025)’’, a-t-il dit.

Cependant, l’administrateur du système informatique Gaïndé 2000, Ibrahima Nour Diagne, par ailleurs spécialiste d’e-commerce, a souligné que le grand problème que le Sénégal a, ‘’c’est le pilotage de sa stratégie numérique’’. ‘’Celle-ci, lorsqu’elle n’est pas pilotée, ne permettra pas d’atteindre les effets escomptés. La réglementation est en cours d’actualisation. Elle existe, mais il faut qu’elle soit à la faveur du développement du secteur numérique. Qu’elle ne soit pas une réglementation qui ne vise pas à créer de la valeur défavorablement’’, a-t-il indiqué. Selon M. Diagne, la compétitivité des entreprises dépend de leur capacité à absorber le numérique et aussi leur interface avec l’Etat.

Toutefois, le ministre en charge des Télécoms, Abdoulaye Bibi Baldé,  a précisé que la transversalité du numérique a été prise en compte à travers l’axe 4 de la stratégie ‘’Sénégal numérique 2025’’.

MARIAMA DIEME

 

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