Au Caire, la journée la plus meurtrière depuis la chute du président Mohamed Morsi

Journée sombre en Egypte, où plusieurs dizaines de personnes sont mortes, tuées par balles ce samedi matin dans les rues du Caire. La plupart des victimes sont issues du camp islamiste, favorable au président déchu. Les Frères musulmans évoquent plus de 100 morts. L'AFP en a compté au moins 65.
Les violences ont éclaté dans le courant de la nuit de vendredi à samedi, à quelques kilomètres seulement de la mosquée de Rabaa, où se trouve l'essentiel des militants pro-Morsi. Jusqu’au matin, les manifestants ont affronté les forces de sécurité.
Selon les témoignages recueillis auprès de ces militants, les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes, mais aussi de tirs à balles réelles. Ils assurent que des tireurs étaient embusqués et qu'ils visaient les manifestants avec l'intention de tuer. « C'est un massacre, raconte Safwat Higazy, dirigeant islamiste proche des Frères musulmans. L'armée a ouvert la voie aux policiers pour qu'ils nous attaquent et nous tuent ! »
Des cadavres dans des draps blancs
Des snipers auraient, selon les manifestants, tiré directement au cœur de la foule. « Le général al-Sissi a demandé au peuple égyptien de l'autoriser à tuer l'autre partie de la population, dénonce Safwat Higazy. Les partisans de ce coup d'Etat, les politiciens et les intellectuels de ce pays, ont-ils l'intention de laisser faire ? »
Les médecins de l’hôpital de campagne des Frères musulmans affirment pour leur part avoir constaté qu'un grand nombre de victimes ont été touchées à la tête et à la poitrine. Dans cet hôpital, où l'envoyé spécial de RFI a pu se rendre ce samedi matin, on dénombrait une vingtaine de corps enrobés dans des draps blancs. De surcroît, une quinzaine de victimes avaient déjà été évacuées, selon les responsables de l'hôpital.
Les autorités démentent
Selon le ministère égyptien de l'Intérieur, la police n'a pas fait usage d'armes à feu. Elle n'a utilisé que des gaz lacrymogènes. Les autorités accusent par ailleurs les militants islamistes d'avoir tenté de bloquer l'une des principales routes de la capitale. Selon le ministère, les militants ont ouvert le feu sur les forces de l'ordre, les obligeant à répliquer.
Visiblement, les autorités de transition n'ont pas l'intention de desserrer l'étau qui est en train de se former sur les partisans du président déchu. Le ministre de l'Intérieur Mohamed Ibrahim a déclaré dans une conférence de presse qu'il allait faire évacuer très prochainement les deux sites occupés depuis des semaines par les pro-Morsi. Une décision qui pourrait sans doute entraîner de nouvelles violences, encore plus meurtrières que celles de la nuit passée.