Publié le 31 Jan 2023 - 17:43
EMPRISONNEMENT DE NIT DOFF

Ses camarades rappeurs engagent le “clash”

 

Pour plaider la libération de leur confrère Nit Doff, les rappeurs ont tenu une conférence de presse ce lundi. Pour ces soldats du micro, Mor Talla Guèye mérite une certaine clémence.

 

Rappeurs, activistes, animateurs et même député, en la personne de Guy Marius Sagna ont organisé, hier, une conférence de presse pour plaider la libération de Mor Talla Guèye alias Nit Doff.

En effet, dans les locaux du Frapp/France dégage, Fou Malade, Kilifeu, Pape Sidy Fall, entre autres acteurs des cultures urbaines, se sont mus en de vrais avocats de leur collègue. "Nit Doff s'est exprimé sous le coup de la colère, certes, et a tenu certains propos déplacés. Mais nous pouvions quand même éviter que cela en arrive à un emprisonnement. Car, quoi que l'on puisse dire, d'autres ont fait ou dit bien pire que Mor Talla Guèye et n'ont encore jamais été inquiétés par la justice. Le rapport de la Cour des comptes sur la gestion de la Covid-19 est encore un exemple patent. Ceux qui ont été cités dans cette nébuleuse continuent de vaquer à leurs occupations", constate le rappeur Simon.

"Peut-être que notre système judiciaire aurait eu une posture disons plus équitable, poursuit le hip-hopeur. Peut-être que cette rencontre n'aurait pas eu lieu. Mais nous savons tous que notre justice fait souvent preuve de partialité. Dans le concret, il y aura une demande de liberté provisoire sous peu, afin que Nit Doff recouvre sa liberté, car encore une fois, sa place n'est pas entre quatre murs".

L'animateur à la 2STV, Pape Sidy Fall, a plutôt axé son intervention sur la "magnanimité" du chef de l'État pour espérer une fin de la détention de Mor Talla Guèye. "C'est un des nôtres et sa place n'est pas en prison. Une faute avouée est à moitié pardonnée. C'est un gars peut-être impulsif, mais au grand cœur, qui aime beaucoup sa patrie et qui s'est toujours engagé de par son art et par les actions qu'il a eu à mener au Sénégal", a affirmé PSF.

En outre, l'animateur a directement demandé "clémence" auprès du président de la République en personne, afin que Nit Doff retrouve les siens.

GMS : ‘’Si Nit Doff avait vraiment tort…’’

La présence de Guy Marius Sagna, quant à elle, vient prouver que cette plaidoirie pour la libération du rappeur est l'affaire de tous. "Si Nit Doff avait vraiment tort, je ne serais pas venu à cette rencontre. Il a insulté qui dans la vidéo l'incriminant ?", s'est interrogé le parlementaire. "S'il avait tenu des propos injurieux, poursuit-il, à l'endroit du président de la République, par exemple, c'est l'article 80 qui l'aurait d'emblée puni. De plus, personne, jusqu'ici, n'a porté plainte. Pour tout vous dire, nous sommes en face d'un acharnement qui ne dit pas son nom".

Au-delà du cas Nit Doff, le député a essayé de miser sur la prévention, car, selon lui, plus aucun artiste rappeur ne serait à l'abri, pourvu qu'il s'inscrive dans un "clash" contre le régime. "Ce sont les cultures urbaines qui sont menacées d'une manière particulière. Donc, tout artiste devrait s'approprier ce combat. Car demain, cette injustice que subit Mor Talla Guèye pourrait leur tomber dessus. Il faut adopter la posture des journalistes, quand un des leurs avait quasiment connu le même traitement. Mais cette lutte, en réalité, concerne tous les Sénégalais épris de justice", affirme GMS.

Mamadou Diop

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