Publié le 15 Mar 2014 - 16:38
ESCROQUERIE

Comment l'ex-officier de la gendarmerie s'est retrouvé en prison

 

L’ex-adjoint du commandant de la compagnie de la gendarmerie du Port a été jugé hier par le tribunal des flagrants délits de Thiès, pour escroquerie portant sur une somme de 3 800 000 F Cfa. Mamadou Aliou Diallo risque 6 mois de prison avec sursis. A la retraite depuis 2008, l’officier a été rattrapé par son passé.

 

‘’C’est comme si le ciel me tombait sur la tête’’, a lâché hier Mamadou Aliou Diallo. L’officier à la retraite depuis 2008 était d’autant plus frustré qu'il a soutenu : ‘’Je ne suis pas courtier encore moins un transitaire. Je suis entré dans cette affaire pour aider un ami que j’ai connu en 2003, quand j’étais le commandant de la brigade de Nguinth (Thiès)’’. Mais cette défense n’a pas convaincu le procureur Cheikhna Hann.

''Tu dois avoir honte, en tant qu'homme de loi, de verser dans l’illégalité’’, lui a-t-il lancé. Avant de poursuivre : ''Avec tout le respect que je vous dois, il faut qu’on se dise la vérité. C’est uniquement les hommes de loi qui conduisent des voitures interdites dans le territoire national. C’est vous seulement qui versez dans l’illégalité.'' Le procureur d'asséner : ''Tu n’es pas au port pour rendre service.

On te paie pour travailler et non pour dédouaner des voitures. Il faut rendre service légalement.'' Cette répartie a laissé sans voix l’ex-commandant de la brigade de Rufisque et de Mbour qui s'est confondu en excuses. ‘’Je suis d’accord que ce n’est pas bien et je regrette. Car, à 63 ans, me retrouver en prison me fait mal’’, a-t-il concédé.

Un commandant rattrapé par son passé

Mamadou Aliou Diallo est rattrapé par un délit qu’il a commis il y a 7 ans, alors qu’il était adjoint du commandant de la compagnie du Port. En 2007, le Mbourois a été joint par son ami El hadji Alioune Samb, un immigré établi en Italie, qui lui a demandé de dédouaner un véhicule de marque Peugeot 406. ‘’Quand je suis rentré au pays, je n’avais rien dans les poches pour faire la transaction. Je devais d’abord vendre le véhicule pour ensuite le dédouaner’’, a expliqué l’immigré.

Il contacta alors Khabane Guèye, un commerçant basé à Thiès. ‘’Je lui avais dit que le véhicule était au port et que l’adjoint du commandant de la gendarmerie du port était un ami et pouvait m’aider à le sortir''. Au bureau du commandant, le vendeur et l’acheteur sont tombés d’accord sur une somme de 6 500 000 F Cfa. Le marché conclu, Khabane Guèye remit un chèque de 3 millions F Cfa à Alioune Samb, pour les frais de dédouanement. L'émigré prit langue avec son ami, et lui remit la somme de  1,7 million pour la transaction.  

Là, l'officier à la retraite explique : ‘’Quand il m’a donné l’argent je l’ai remis à un démarcheur. Après quelques jours de négociations, il m'a informé que le véhicule était vieillot et qu'il était impossible qu’il circule sur le territoire national. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à Khabane Guèye la somme de 300 000 F Cfa, pour les frais d’escorte du véhicule jusqu’à la frontière gambienne pour la mutation.'' Malheureusement, la transaction a mal tourné, car le commerçant s'est désisté et a réclamé ses sous. L'ami émigré promit de rembourser la dette.

''J’ai perdu mon argent, ma voiture et je me retrouve en prison’’

''Je suis une victime. J’ai été trompé par ma bonne foi. Le véhicule est dans un garage mécanique depuis 2009, parce qu’il n’a pas de papiers. Il est d’ailleurs recherché par les douaniers'', a soutenu l’ex-commandant. ''Faux'', a rétorqué Alioune Samb. L'émigré a affirmé que le véhicule est en circulation et qu’on a même changé le moteur.

Selon sa version de l'histoire, lorsque le véhicule est arrivé au Sénégal et que le commerçant s'est désisté, le commandant lui a proposé de le racheter. ‘’Nous sommes tombés d’accord sur le montant de 5 millions F Cfa. Il devait rembourser les 3 millions  F Cfa de Khabane Guèye et me remettre le reste de l’argent'', a révélé l’immigré. Il dira : ''Depuis 2007, je ne sais pas où se trouve mon véhicule. J’ai perdu mon argent, ma voiture et je me retrouve en prison.''

Hier, la partie civile a déclaré ne rien réclamer, car les prévenus l'ont remboursé lorsque l’affaire a été portée devant le commandant de la brigade de recherches de Thiès. Ainsi, le procureur Cheikhna Hann a requis une peine d’emprisonnement de 6 mois avec sursis. La défense a pour sa part plaidé la relaxe pure et simple. Le délibéré est prévu le 21 mars prochain. En attendant, Mamadou Aliou Diallo et Alioune Samb ont bénéficié d’une liberté provisoire.

NDÈYE FATOU NIANG (THIÈS)

 

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