Le Forum civil se penche sur les conséquences écologiques marines

Face à l’exploitation prochaine du pétrole et du gaz, le Forum civil lançait, hier, une réflexion sur la mise en place d’un plan de prévention des impacts et risques de catastrophe écologique sur les ressources halieutiques.
Le Forum civil, en collaboration avec Oxfam et les structures gouvernementales, veut prendre les devants, concernant les conséquences écologiques marines qui peuvent découler de l’exploitation prochaine du pétrole et du gaz.
Ainsi, les acteurs ont organisé, hier, un atelier pour se pencher sur l’élaboration d’un plan de prévention des impacts et risques de catastrophe écologique sur les ressources halieutiques. ‘’La plupart des entreprises qui sont bénéficiaires de contrats d’exploitation du pétrole et du gaz, à l’instar de British Petroleum Company (Bp), ont provoqué des déboires au niveau du Golfe du Mexique. Les pêcheurs de cette localité ont perdu leurs emplois, mais aussi beaucoup de recettes. Au Sénégal, tout le littoral s’active autour de la pêche, de Saint-Louis à Kafountine, en passant par Cayar’’, indique le coordonnateur du Forum civil, Birahime Seck.
Au fait, M. Seck souligne que, d’après les dernières estimations, la pêche injecte dans l’économie nationale plus de 200 milliards de francs Cfa. ‘’Il faut prévenir certaines catastrophes écologiques. Si l’Etat ne prend pas les devants, il peut y avoir un impact sur le Trésor public, les emplois. Ce milieu emploie plus de 600 000 personnes et d’aucuns l’estiment à 1 million de travailleurs. Il est donc nécessaire de réfléchir sur les mesures à prendre, la sanction à imposer aux différentes entreprises, afin de mettre en place des mécanismes de précaution et de prévention des catastrophes économiques’’, dit-il.
Donc, avec cette démarche, le Forum civil veut amener les acteurs à s’intéresser davantage à la question pétrolière, mais sous d’autres angles. Pas uniquement sur la transparence, même si c’est leur domaine de prédilection. ‘’Et nous allons continuer les discussions en 2020. Nous voudrions également prendre en charge la question de la sécurité maritime’’, fait savoir le coordonnateur du Forum civil.
En réalité, le directeur des Pêches maritimes a soutenu que les risques liés à l’exploitation du pétrole et du gaz sont essentiellement orientés vers les ressources halieutiques telles que les poissons, les crustacés et les mollusques. Mais aussi tous les autres mammifères, oiseaux marins ou tortues. ‘’Ce sont des risques de toxicité aiguë, chronique, des conséquences néfastes qui peuvent conduire à la mortalité immédiate à long ou moyen terme. Cela crée aussi une nuisance au niveau de nos littorales avec les marées noires’’, renchérit Mamadou Goudiaby.
Une contribution de 3,2 % au Pib
Cependant, M. Goudiaby a affirmé qu’au Sénégal, ces risques ne sont pas encore évalués. Même si le directeur des Pêches maritimes admet que s’ils ne prennent pas des précautions suffisantes, ces risques vont annihiler le capital social, économique et environnement du pays. Ceci ne serait que pour l’importance économique, sociale et écologique de la pêche, la création d’emplois et de richesses pour le Sénégal. ‘’La contribution de la pêche dans l’économie sénégalaise, c’est 3,2 % du produit intérieur brut (Pib). Si on prend les populations du littoral maritime, elles consomment, par habitant et par an, 30 à 40 kg de poissons. Pour les régions à l’intérieur du pays, elles mangent en-deçà de 20 kg par habitant et par an. Et selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (Fao), la moyenne est évaluée à 29 kg par habitant et par an’’, poursuit-il.
Sur ce, le directeur des Pêches maritimes a rappelé que dans le sillage de la mise en œuvre de l’objectif de développement durable (Odd) 4, le Sénégal a élaboré sa Lettre de politique sectorielle de la pêche et de l’aquaculture 2016-2023. Celle-ci est orientée vers la contribution du secteur à la sécurité alimentaire et à la nutrition, en intégrant l’approche de précaution et de durabilité.
Pour M. Goudiaby, les activités d’exploitation du pétrole et du gaz présentent de ‘’grands défis’’ à relever en matière de gouvernance, de technologies et de mesures environnementales et sociales. ‘’L’objectif est d’assurer une croissance inclusive afin de réduire la pauvreté dans l’ensemble du pays. Et l’un des défis majeurs reste la conciliation de l’exploitation des ressources halieutiques et celles pétrolières ou gazières offshore, tout en prenant compte de la vulnérabilité des écosystèmes marins et côtiers’’, conclut-il.
MARIAMA DIEME