Publié le 24 Oct 2015 - 06:43
FEMMES AU FOYER

La fièvre de la débrouillardise

 

Dans les foyers polygames, la question de la prise en charge des enfants se pose avec acuité, notamment son corollaire : l’éducation. S’y ajoute la problématique du logement. Ainsi, souvent les coépouses sont contraintes de cohabiter et de démultiplier dans l’intérêt des enfants.

 

Le Coran est très clair sur les conditions à remplir pour prendre de nombreuses épouses. Et pourtant, dans la pratique, certains Sénégalais n’en font qu’à leur tête. D’où des situations souvent compliquées dans certaines familles. En fait, dans les maisons polygames, le nombre d’enfants atteint souvent un chiffre assez élevé, d’où l’équation du logement. Les plus nantis procurent à chaque épouse un logement. Ce n’est pas le cas dans certains quartiers où certaines parades sont trouvées, notamment à Wakhinane Nimzatt, une commune du département de Guédiawaye. Dans une des concessions cohabitent trois coépouses et plus d’une vingtaine d’enfants. Mais chacun suit et à la lettre les recommandations du père de famille, Père Diakité.

Du haut de ses 70 ans, le polygame soutient que la question du logement de ses enfants relève entièrement de sa responsabilité. Tous ses rejetons vivent dans sa demeure jusqu’à ce qu’ils aient les moyens de s’acheter une maison. ‘’J’ai plusieurs enfants qui ne vivent plus sous le même toit que moi. Cela se comprend, car ils sont maintenant matures et ont les moyens. Mais à chaque fois que quelqu’un vient me dire qu’il veut déménager, je lui dis qu’il a ma bénédiction, à condition qu’il laisse avec moi sa maman ainsi que ses frères et sœurs. Je trouve inconcevable qu’un père de famille puisse laisser des choses aussi importantes que le logement et la prise en charge de ses enfants à ses épouses, même si elles ont des moyens. Seul un homme peut éduquer un enfant’’, soutient-il. Il se charge de toutes les dépenses, de la scolarité et de la santé, entre autres.  

‘’Je prends en charge les enfants de mes coépouses et gratuitement’’

Autre endroit, autre réalité. A la Cité Soleil, dans la commune de Dalifort, cette coépouse a décidé de prendre les choses en main. Car elle en a les moyens. ‘’Il est hors de question que je laisse la prise en charge de mes enfants à leur père. Il faut qu’on aide nos maris dans certaines choses. Depuis que j’ai commencée à travailler, j’ai pris le relais pour certaines dépenses. Je ne le fais pas pour montrer à mes coépouses que j’en ai les moyens, mais, c’est une aide que j’apporte à mon cher époux. A chaque rentrée des classes, je lui demande de me remettre toutes les fournitures. Des problèmes entre coépouses ne sauraient manquer, mais sur ce point, on s’accorde’’, dit cette mère de famille, cadre dans un établissement bancaire de la place.

Cette dame dans la quarantaine, de teint noir, la mise bien soignée et très coquette, a déjà fait plus de 5 ans de mariage. Plusieurs enfants de ses coépouses vivent auprès d’elle. ‘’Sincèrement, chez nous, il n’y a pas de différence en ce qui concerne la prise en charge des enfants et leur éducation. Je fais de mon mieux, sans me targuer de rien du tout. Je les prends tous en charge et gratuitement. Même ceux qui sont des étudiants, ils passent me voir à la fin du mois. Je les force même à se pointer très tôt pour encaisser une enveloppe et avoir de quoi se payer des tickets de restaurant et photocopier des textes’’, poursuit-elle, sous le sceau de l’anonymat.

‘’La solidarité, chez nous, a des limites’’

Phénomène polymorphe, la polygamie offre plusieurs visages et autant de réalités. Ailleurs, c’est chacun pour soi, Dieu pour tous. ‘’Nous vivons dans la même maison et nous sommes trois femmes. Les enfants ont leurs chambres, les garçons comme les filles. Mais à l’ouverture des classes, chacun prend en charge les frais de scolarité de ses enfants. Notre époux n’a plus les moyens de le faire. C’est la raison pour laquelle, à chaque rentrée, c’est la croix et la bannière, car l’éducation coûte excessivement cher au Sénégal’’, renseigne Aïssata Dia. C’est la deuxième épouse d’un émigré. Avec ses coépouses, elles n’ont cependant pas de problème d’alimentation et d’habillement.

C’est la même chose aux HLM, dans une famille polygame. Nogaye* révèle que chaque coépouse s’occupe de sa progéniture, selon ses moyens. ‘’Chez nous, dit-elle,  chaque mère de famille prend en charge et intégralement les frais de scolarité de ses enfants. Si tu n’as pas de grands enfants qui travaillent, tu es obligée de te débrouiller pour trouver l’argent nécessaire. La solidarité, chez nous, ne se limite qu’à l’alimentation et au logement’’, déclare cette dame vendeuse de légumes au marché de Castor.

 

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