Publié le 15 Nov 2017 - 05:40
FINANCEMENT DE LA SANTE

Diouf Sarr veut éponger la dette hospitalière

 

Le ministre de la Santé et de l’Action Sociale a rencontré, hier, l’Association des journalistes en santé population et développement (AJSPD) pour échanger sur les enjeux du Forum national de plaidoyer sur la mobilisation de ressources, qui se tient vendredi. Une occasion pour Abdoulaye Diouf Sarr de faire le diagnostic du secteur, à travers la dette hospitalière, le budget et les initiatives de gratuité.

 

Les échanges entre le ministre de la Santé et de l’Action Sociale et l’Association des journalistes en Santé Population et développement (AJSPD), en prélude au Forum sur le financement du secteur, ont été fructueux. Parlant de l’amélioration de la santé et l’adoption d’une santé pour tous, à travers la couverture maladie universelle (Cmu), le ministre a invité à les apprécier sous l’angle de l’offre et de la demande. L’idée, selon lui, est de voir les choses au-delà des malades à soigner. ‘’Pour qu’il y ait une santé effective, il faut des infrastructures adéquates, les équipements nécessaires et les ressources suffisantes et disponibles. Mais tout cela ne tombe pas du ciel. Pour que tous ces facteurs soient réunis, il faut nécessairement un financement et c’est dans ce contexte qu’il faut situer ce forum sur la stratégie nationale de financement de la santé (Snfs)’’, explique Abdoulaye Diouf Sarr.

Car la problématique du financement de la santé, à son sens, recèle de nombreux intérêts et doit, par conséquent, être l’affaire de tous, parce que touchant à tous les secteurs de l’économie. ‘’Il faut être bien portant pour être productif. La question fondamentale qui se pose par rapport à la stratégie nationale de financement du secteur de la santé, c’est le financement de la santé par la ressource domestique. Oui au financement extérieur, mais d’abord la ressource domestique. A partir de ce moment, le gap peut être supporté par nos partenaires qui continueront à nous supporter. Mais quand on parle du développement durable, il faut que ça soit adossé sur la ressource nationale domestique. Tous ces problèmes vont être posés le jour du forum’’, fait-il savoir.

L’autofinancement, ajoute Diouf Sarr, est un objectif qu’ils se sont fixés. Il s’agit de penser à la société civile, à l’Etat, au secteur public et privé, avant de s’ouvrir vers l’extérieur pour combler le gap, s’il en existe. ‘’Nous devons relever le défi et il faut, à la base, un fort plaidoyer aussi. Dans le cadre de ce forum, toutes les stratégies de financement, c’est-à-dire toutes les branches, doivent être prises en considération. On raisonne financement et activités.’’

Dette hospitalière

S’agissant de la dette hospitalière, le ministre de la Santé est d’avis que les hôpitaux sont à un niveau haut de la pyramide. Qu’ils doivent être mis dans les conditions optimales d’exercer leur rôle dans le système. ‘’Il y a une dette qu’il faut éponger, c’est cela l’objectif. Parce que si on ne le fait pas, les structures risquent de traîner des dysfonctionnements qui auront des impacts négatifs sur le système de santé’’. Mais selon Abdoulaye Diouf Sarr, il ne faut pas se limiter à la partie la plus visible de l’iceberg, c’est-à-dire les hôpitaux. Car il y a aussi les postes de santé, les centres de santé.

‘’La base de la pyramide est optimale. Il y a des problèmes qui ne remonteront pas au niveau du haut de la pyramide. C’est pourquoi il faut renforcer le plateau technique dans les centres et postes de santé, augmenter les capacités en termes d’offre de ressources humaines. Il faut que certaines urgences puissent être adressées et prises en charge. L’offre va être beaucoup plus allégée, ainsi que le poids de nos structures hospitalières’’, a souligné Abdoulaye Diouf Sarr. Mais la dette des hôpitaux, avance-t-il, est extrêmement importante.

‘’D’ailleurs en sortant du Cicad, j’ai dit à mon collègue des Finances qu’il y a deux questions qu’il faut impérativement régler : c’est la dette et la subvention des hôpitaux. Il m’a rassuré que le 3ème semestre, la subvention de l’ensemble des hôpitaux sera prise en charge’’, a-t-il assuré.

Rationaliser les ressources

En outre, le ministre a souligné qu’il faut être plus rationnel dans la répartition des ressources.  Mais derrière cette rationalisation, il faut avoir un point de vue sur la recevabilité. ‘’Quand on gère une ressource, il faut qu’elle soit gérée de manière rationnelle, mais il faut rendre compte de l’utilisation optimale de la ressource. Il faut qu’on rassure nos partenaires sur le mode d’utilisation de la ressource, en convoquant des concepts qu’on entend dans la gestion privée que sont l’efficience, l’efficacité, la rationalité, la rentabilité.’’ Le patron de la Santé de dire : ‘’Je suis de ceux qui pensent que ce n’est pas réservé au privé, le secteur privé n’a pas le monopole de la bonne gouvernance. Quel que soit le niveau où on est, on doit adopter ces genres de pratiques et principes de management.’’

Gratuité

Pour ce qui est des politiques de gratuité, le ministre-maire de Yoff rappelle que l’Etat ‘’n’a pas pour vocation de créer de la richesse, ni la croissance, mais c’est l’entreprise privée qui crée la croissance’’. ‘’L’Etat, poursuit-il, doit être là pour assurer une stabilité sociale. Faire en sorte que les plus pauvres soient pris en charge dans cette croissance. Ce qui renvoie à revitaliser la problématique de la dette. Il faut que ceux qui doivent être soutenus le soient’’. Toutefois, Abdoulaye Diouf Sarr considère que ‘’cette logique de gratuité, où on met tout le monde au même pied d’appréciation, pose problème. Il faut, poursuit-il, qu’on travaille beaucoup sur le ciblage. Les filets sociaux doivent soutenir et rendre durable la croissance, mais à condition qu’on fasse un ciblage adéquat’’.

Le ministre a aussi abordé la question du budget de la santé qui doit être amené à 15%. Abdoulaye Diouf Sarr estime que c’est un engagement fort des Etats. Toutefois, il faut aller vers un budget conséquent pour le secteur de la santé. ‘’Nous savons que les ressources sont limitées, les besoins de santé sont d’un niveau très important. Il y a un décalage entre les ressources et les besoins de santé. Je suis d’accord qu’il faut aller vers cet objectif de 15%. Depuis 2012, nous avons une augmentation du budget à 40%, c’est très important et si nous continuons sur cette lancée, nous allons atteindre l’objectif fixé par un engagement de tous les partenaires. Cela est tellement cohérent que, lors du forum, toutes les questions liées au financement du secteur de la santé seront adressées’’, a assuré le ministre Abdoulaye Diouf Sarr.   

VIVIANE DIATTA

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