Publié le 14 Aug 2020 - 17:36
FINANCEMENT DES SOINS DE SANTE

Le Sénégal situé dans le 1er groupe, après le Rwanda

 

Le financement des soins de santé est particulièrement ‘’difficile’’ dans les pays fragiles, notamment en raison de la ‘’faiblesse’’ des recettes perçues, selon la Banque mondiale. Dans un rapport préliminaire sur l’évaluation des politiques et des institutions en Afrique, rendu public hier, l’institution de Bretton Woods renseigne qu’à ce propos, le Rwanda s’est maintenu en tête du classement. Et le 1er groupe de pays classés après lui comprend le Cap-Vert, le Kenya, le Sénégal et l’Ouganda.

 

Le rapport préliminaire de la Banque mondiale (BM) sur l’évaluation des politiques et des institutions en Afrique, intitulé ‘’Sauvegarder le capital humain pendant et après la Covid-19’’, révèle que le financement des soins de santé est ‘’particulièrement difficile’’ dans les pays fragiles, notamment en raison de la ‘’faiblesse’’ des recettes perçues. Dans plusieurs pays fragiles d’Afrique, le document rendu public hier indique qu’il ‘’n’existe pas de système formel’’ de financement de la santé, qui collecte des revenus pour payer les services de soins de santé, ni de système national d’assurance maladie, sauf pour les fonctionnaires. ‘’Les dépenses personnelles des ménages sont élevées par rapport à leurs revenus. À leur tour, les dépenses personnelles élevées limitent l’accès aux services de santé et exposent la population à un risque élevé de catastrophe financière. Dans la plupart des pays, les principaux facteurs de dépense sont les coûts des médicaments et des fournitures médicales, suivis par les coûts des soins ambulatoires’’, explique le rapport de l’institution de Bretton Woods.

Ainsi, la même source informe qu’à ce propos, le Rwanda s’est maintenu en tête du classement. Sa note globale de 4,0 n’a toutefois pas évolué au cours des trois dernières années. ‘’Le premier groupe de pays classés après le Rwanda comprend le Cap-Vert, dont la note globale est de 3,8, le Kenya, le Sénégal et l’Ouganda, avec chacun la note globale de 3,7 ; notes identiques à l’année précédente. Suivent le Bénin et le Ghana, dont la note globale est montée de 3,5 en 2018 à 3,6 en 2019, et le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie et la Tanzanie, avec chacun une note globale de 3,5. Ces pays bien placés sur l’échelle de l’évaluation des politiques et des institutions nationales (CPIA) possèdent également les économies dont la croissance est la plus rapide de la région’’, rapporte la BM.

Le groupe suivant est constitué du Mali, du Niger et de la Mauritanie, avec respectivement une note globale de 3,4. Il ressort également de cette évaluation que le Nigeria, dont l’économie est la plus importante de la région, est resté dans le groupe des pays ‘’moyennement performants’’, avec une note globale de 3,2.

La Banque mondiale signale aussi que l’Afrique subsaharienne présente ‘’non seulement un déficit’’ de couverture des services de santé, mais les dépenses de santé publique sont également ‘’bien inférieures’’ aux niveaux recommandés. Tandis que dans certains pays, les dépenses de santé à la charge des patients sont élevées. ‘’Les dépenses totales de santé par habitant au cours de l’année la plus récente pour laquelle des données sont disponibles, s’élevaient à 32 USD, soit moins de la moitié du niveau recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour les pays à faible revenu (86 USD). Le financement de la santé est principalement assuré par le budget et souvent par des donateurs internationaux’’, lit-on dans le document.

Contrairement à la Zambie, la BM note que les dépenses personnelles au Sénégal sont élevées. Puisqu’en 2016, elles totalisent 51 % des dépenses de santé courantes.  Pour le Nigeria, les dépenses de santé courantes par habitant sont en baisse depuis 2014, tandis que les dépenses personnelles sont très élevées, soit 77 % des dépenses de santé courantes (DSC).

Politique et gestion de la dette : Le Mozambique et le Sénégal voient leur note baisser

Concernant la politique et la gestion de la dette, la Banque mondiale signale que la note moyenne de 3,1 est restée ‘’inchangée’’. Au fait, ce critère évalue la mesure dans laquelle la dette extérieure et intérieure diminue en vue d’atteindre, maintenir la viabilité de la dette et l’efficacité des fonctions de gestion de la dette. ‘’Par rapport à 2018, davantage de pays, le Bénin, le Tchad, l’Érythrée et l’Ouganda, ont vu leur note augmenter, alors que moins, à savoir le Mozambique et le Sénégal, l’ont vu baisser. Le Mozambique et le Sénégal ont enregistré une baisse de leur note’’, relève le rapport. L’institution de Bretton Woods fait savoir que la dette du Mozambique est restée en souffrance. Ceci malgré les mesures du gouvernement pour en améliorer la transparence, d’après la BM, la capacité de l’unité de gestion de la dette doit ‘’encore être renforcée’’, afin d’exercer un ‘’contrôle efficace’’ sur l’ensemble du portefeuille de la dette publique.

Pour la note du Sénégal, sa chute est justifiée par le risque de surendettement qui est passé de ‘’faible à modéré’’. Ceci en raison de la dépendance ‘’accrue’’ du pays à l’égard des emprunts extérieurs non concessionnels.

Il convient de noter que l’analyse des composantes de la CPIA précise que par rapport à la gestion économique, le groupe A de l’évaluation évalue la qualité de la gestion macroéconomique. Il couvre les politiques monétaires, de change, budgétaire et de gestion de la dette. ‘’La note moyenne du groupe A s’est stabilisée à 3,1 en 2019, après une baisse l’année précédente. Ces résultats témoignent des progrès réalisés en matière de politique budgétaire, notamment dans sa fonction de stabilisation et de gestion de la dette. Et si la note moyenne de ce critère est restée identique (3,0) elle tend à se raffermir’’, souligne le document.

Parallèlement, la tendance à la baisse, la BM affirme que la note moyenne du critère de la politique et de la gestion de la dette ‘’s’est stabilisée’’. ‘’Bien que la viabilité de la dette reste une préoccupation, l’efficacité des fonctions de gestion de la dette s’est renforcée dans de nombreux pays par l’adoption de stratégies d’endettement à moyen terme et le renforcement de leur capacité de mise en œuvre. La note moyenne du critère de la politique monétaire et de change a, quant à elle, diminué, car des incohérences entre le cadre de la politique monétaire et les objectifs de stabilité des prix sont apparues dans certains pays’’, renchérit le rapport. Et pour le Sénégal, la note en matière de gestion économique a baissé.

Une hausse de la note sénégalaise pour le climat des affaires

L’évaluation de la Banque mondiale révèle que pour ce qui est de l’environnement réglementaire des affaires, la note moyenne était de 3,0 en 2019, comme en 2018, et le Sénégal a enregistré une augmentation de sa note. ‘’De manière plus générale, les entreprises des pays fragiles en proie aux conflits et à la violence ont continué à mener leurs activités dans des environnements réglementaires plus difficiles que dans les pays non fragiles. Les pays riches en ressources obtiennent également des notes plus faibles en matière d’environnement réglementaire des affaires que ceux pauvres en ressources, reflétant le rythme plus lent de leurs réformes, en particulier chez les exportateurs de pétrole’’, soutient la BM.

D’après l’institution, les 39 pays de l’Association internationale de développement (IDA) en Afrique subsaharienne présentent une variété d’environnements commerciaux, comme en témoignent les notes Doing Business, qui vont de 76 au Rwanda à 20 en Somalie. ‘’Au sommet, outre les principaux réformateurs, on trouve des environnements commerciaux robustes au Rwanda, en Zambie, au Malawi, au Ghana, au Sénégal et au Niger. Même la Côte d’Ivoire et l’Ouganda ont maintenu une position forte, malgré une baisse de leur note de la CPIA. À l’autre extrémité, se trouvent les pays en situation de FCV, qui détiennent sept des dix dernières places du classement Doing Business mondial, trois autres pays de la même catégorie complétant les dix dernières dans la région’’, compare-t-elle.

MARIAMA DIEME 

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