Publié le 24 Oct 2025 - 19:06
NOUVEAU PROGRAMME  

Le FMI est là !

 

La mission tant attendue est arrivée au Sénégal avant-hier, pour un séjour qui va prendre fin le 4 novembre. Selon plusieurs sources, il ne faudrait pas s'attendre à un miracle. Les discussions, qui ne sont qu'à leur début, s'annoncent grossières et intenses.

 

Le Fonds monétaire international est dans nos murs depuis avant-hier. Mené par l'inamovible Edward Gemayel -devenu un des fonctionnaires de l'institution les plus célèbres au Sénégal- la mission n'a pas perdu du temps pour démarrer ses travaux. Hier, elle a eu une importante séance de travail avec notamment les services du ministère de l'Économie, du Plan et de la Coopération, sous la présidence du ministre lui-même.

Dans un communiqué, le département revient sur l'objet des discussions : « Les échanges ont porté sur les contours d'un nouveau programme avec cette institution de Bretton Woods, le cadre macroéconomique du pays et les perspectives économiques à moyen terme.

Le document a réaffirmé la volonté du gouvernement sénégalais « à finaliser, dans les plus brefs délais, un nouveau programme avec le FMI, dans un contexte où le Sénégal continue d'honorer tous ses engagements vis-à-vis de ses partenaires ». Un nouveau programme qui, selon la tutelle, avec l'accompagnement du FMI, renforcera la confiance après un intermède d'incertitude lié à la soutenabilité de la dette qui n'avait pas été révélée.

Analyse de la viabilité de la dette, rapports IGF, ces documents qui s'invitent aux débats

Alors que les appréhensions continuent sur cette question de la soutenabilité ou non de la dette sénégalaise, le ministre Abdourahmane Sarr a tenté de rassurer les partenaires. Il « a saisi l'occasion pour réaffirmer le caractère soutenable de la dette publique, au regard des paramètres économiques et financiers, et de la politique budgétaire impulsée par les nouvelles autorités depuis avril 2024 ».

Il convient de noter que sur ce plan, l'ancien agent du FMI a toujours été constant. Depuis septembre 2024, à l'égard de ce scandale dit de la dette cachée, il a toujours affirmé que la dette reste soutenable.

En février dernier, malgré la publication du rapport de la Cour des comptes qui aggravait les chiffres, il disait : "L'analyse de viabilité de la dette réalisée par mon département révèle  que la dette du Sénégal est toujours soutenable . Même si le ratio d'endettement a fortement progressé,  l'ajustement budgétaire entamé dès cette année, devrait aider à stabiliser la dette  à moyen terme."

Abdourahmane Sarr persiste et signe sur la soutenabilité de la dette

Lors de la même intervention, Abdourahmane Sarr estime que le Sénégal a une bonne structure de la dette. «Son  coût moyen reste inférieur au taux de croissance de l'économie (le taux d'intérêt moyen est estimé à 4,6%  alors que le taux de croissance est projeté en moyenne)  à  6,5% bien  au-dessus.»

S'y ajoute, selon son analyse, le déficit primaire qui stabiliserait la dette à 100% du PIB  (c'est-à-dire celui qui exclut les intérêts)  est de 4% alors que le paie a un  solde primaire  en excédent de 1% du PIB  après les régularisations  et le nettoyage du portefeuille de projets effectués en 2024.  

À l'époque, le ministre informait que la nouvelle  stratégie d'endettement  devrait aider à réduire considérablement  l'exposition du portefeuille d'endettement de l'État en devises  et à améliorer la viabilité de la dette.  « Nous allons attirer les non-résidents sur notre marché en monnaie locale  afin d'approfondir  en collaboration avec  la banque centrale  dans un environnement de stabilité macroéconomique. »

Programme Les contours d'un nouveau

Au cours des échanges d'hier, un accent particulier a été mis sur l'amélioration de la qualité des dépenses d'investissements publics ; la stratégie d'endettement à moyen terme, qui privilégie la monnaie locale et l'importance de l'appartenance du Sénégal à l'UEMOA, ce qui le refinancement de la dette.  

La délégation était en navette, selon certaines sources, entre le ministère de l'Économie, le ministère des Finances et la DGPPE. Il est également évoqué des rencontres avec d'autres départements dont le ministère de l'Énergie, la Cour des comptes, entre autres.

Selon nos interlocuteurs, il ne faudrait surtout pas s'attendre à un miracle. «Ce n'est que le début des traités et l'institution va tout faire pour amener le Sénégal à accepter ses conditions avant la signature d'un nouveau programme», souffle cette source des régies financières.

Récemment à Washington, lors des assemblées générales du FMI et de la Banque mondiale, notre confrère Abdoulaye Cissé avait d'ailleurs interpellé le directeur Afrique de l'institution qui était revenu sur le processus pour la finalisation d'un nouveau programme. Saluant les efforts du Gouvernement pour renforcer la transparence, Abebe Aemro Selassie a déclaré : "….Nous sommes désormais en mesure d'avancer dans les discussions relatives au programme. Ces discussions ont d'ailleurs effectivement commencé cette semaine (aux assemblées générales) et une équipe se rendra à Dakar la semaine prochaine pour les faire progresser."

Une procédure qui s'annonce périlleuse

Par rapport au calendrier, il ne semblait pas du tout se presser : "Comme toujours, lorsqu'il s'agit de négocier un programme, la première étape consiste à comprendre ce que le gouvernement souhaite entreprendre, quelles sont ses priorités politiques et comment il entend les mettre en œuvre. Il nous faut ensuite quantifier ces objectifs, examiner les financements disponibles et déterminer quels sont les écarts éventuels ainsi que les réformes nécessaires pour la suite."

Selon le chef du département Afrique, les parties se trouvent actuellement « à cette phase de démarrage des discussions ; et au terme de la mission », poursuivait-il, le FMI sera en mesure « de mieux informer sur l'état d'avancement ».

L'un des points d'attention sera la question des subventions, notamment celles destinées à l'électricité qui ont souvent été au cœur des discussions entre le Fonds et le Sénégal. Le gouvernement devra trouver le juste milieu pour rassurer les partenaires, en essayant de ne pas trop tirer sur la corde, au risque de renforcer le mécontentement populaire.

Pour rappel, à l'issue de sa mission au mois de mars dernier, le Fonds monétaire international explicitait par rapport à la situation : " Des réformes audacieuses et crédibles seront essentielles afin de permettre un retour rapide à l'objectif de déficit budgétaire fixé par l'UEMOA et de placer la dette publique sur une trajectoire durablement décroissante. Les mesures prioritaires incluent la rationalisation des exonérations fiscales et la suppression progressive des subventions énergétiques consommatrices et non ciblées. "

Par Mor Amar

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