Publié le 21 Jan 2016 - 12:27
FORUM MONDIAL DE DAVOS

La  ‘’quatrième révolution industrielle’’ en marche à Davos?

 

La 46e édition du Forum économique mondial, qui accueille l'élite économique et politique de la planète, s’ouvre ce mercredi 20 janvier à Davos. Quelque 2 500 participants, des grands patrons, des banquiers centraux, une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement et des personnalités de la société civile vont pendant quatre jours, dans la petite station des Alpes suisses, plancher sur la « 4e révolution industrielle », thème arboré pour cette édition 2016.

 

La digitalisation de l'économie, cette combinaison de nouvelles technologies, de progrès de la robotisation, l'Internet des objets, le « big data », l'impression 3D. En somme, ce que l'on appelle un peu rapidement « l'ubérisation de l'économie », est en train de changer en profondeur les sociétés.

Un rapport du Forum économique mondial, publié à Davos, prédit de larges perturbations non seulement sur le modèle des affaires, mais aussi sur le marché du travail. Cinq millions d'emplois pourraient disparaître dans les cinq ans à venir et des pans entiers de l'industrie menacent d'être détruits.

Le rapport est volontairement alarmiste. Car pour les organisateurs, si rien n'est fait pour comprendre cette révolution en marche, pour gérer cette transition à moyen terme et créer une main-d'œuvre avec des compétences pour l'avenir, les gouvernements devront faire face à un chômage en hausse constante, à des inégalités de plus en plus profondes, et à leur pendant : l'instabilité sociale.

Crise migratoire mondiale

Cette menace réelle risque toutefois d'être balayée par des problèmes beaucoup plus immédiats, car les motifs d'inquiétudes ne manquent pas : la croissance chinoise marque le pas, les cours des matières premières sont au plus bas, plongeant les grands pays émergents dans la crise, les marchés et l'économie en général sont volatiles, le terrorisme menace...

Surtout, la crise migratoire est considérée par le Forum économique mondial comme le risque global majeur pour les douze prochains mois. Quelque 60 millions de personnes à travers le monde, bien plus que le million qui affole l'Europe, ont en effet été contraintes de quitter leurs foyers. Des sujets qui devraient occuper en priorité la cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement qui vont se croiser à Davos.

Des grands patrons pessimistes

Ce contexte très incertain se reflète sur les grands patrons, qui abordent cette année 2016 l'air plutôt pessimiste. C'est du moins ce que révèle une étude du cabinet Price WaterHouse Cooper, publiée à Davos et selon laquelle 27 % d'entre eux seulement pensent que l'économie mondiale va connaître une embellie sur les douze prochains mois, alors qu'ils étaient 37 % l'année dernière. Tout aussi inquiétant, 23 % des dirigeants de multinationales tablent sur une détérioration de la croissance, contre 17 % un an plus tôt.

Concernant leur propre entreprise, tout juste un peu plus d'un tiers des patrons interrogés, soit 35 %, se montrent confiants sur leurs perspectives de croissance, contre 39 % il y a un an. Si le durcissement de l'environnement règlementaire, mentionné par 79 % des patrons, reste la principale préoccupation, les inquiétudes géopolitiques, citées par 74 % des sondés, ont bondi de la quatrième à la deuxième place cette année.

Un monde de plus en plus inégal

Un autre rapport est également très commenté à Davos, celui de l’ONG britannique Oxfam, qui révèle que le patrimoine cumulé des 1 % les plus riches de la planète a dépassé l'an dernier celui des 99 % restants avec un an d'avance sur les prévisions. Autres chiffres alarmants brandis par Oxfam : en quinze ans, le patrimoine de la moitié la plus pauvre de la population mondiale s'est réduit de 1 000 milliards de dollars, alors que dans le même temps, celui des 62 premières fortunes mondiales a augmenté de plus de 500 milliards.

Si la crise qui a frappé l'économie mondiale a contribué à accentuer le creusement de ces inégalités, elle n'a visiblement pas touché les plus nantis, aujourd'hui plus riches que jamais, estime Oxfam. Et pour l'ONG, l'un des moyens de lutter contre cet accroissement des inégalités est de s'attaquer à l'évasion fiscale, qui prive les Etats de recettes qui pourraient être investies dans la santé ou l'éducation. Ainsi, pour le continent africain, ce ne sont pas moins de 100 milliards de dollars qui, chaque année, échappent au fisc.

Et si Oxfam a choisi de publier son rapport choc à Davos, ce n'est pas anodin. L'ONG, qui a enquêté sur quelque 200 multinationales, révèle que neuf entreprises sur dix parmi les partenaires stratégiques du Forum économique mondial sont présentes dans au moins un paradis fiscal.

(rfi.fr)

 

Section: 
Notre souveraineté à l’épreuve de la dette
LIVRE - PAR TOUS LES MOYENS : Dix voix féminines sur le monde
La politique de l'oubli et la défiguration urbaine : Une analyse historique des blessures de Dakar
Attention, nous sommes sur une pente glissante
Piratage massif des Impôts et Domaines : Le pire arrivera si l’État ne fait rien
SOCIOTIQUE : " L'impact de l'IA sur le marché du travail
Dettes cachées : L’impossible transparence ? Le cas du Sénégal et les leçons de l’histoire
Le téléphone portable à l’école : Entre ouverture au monde numérique et vigilance éducative
La vallée du fleuve Sénégal : Entre espoirs et fragilités
PROJET DE CODE DES INVESTISSEMENTS : ANALYSE SOUS L’ANGLE DE LA SOUVERAINETÉ  ET DE LA RATIONALITÉ ÉCONOMIQUE
Impératif de mémoire
De Saint-Louis à Diamniadio : L’héritage d’Amadou Mahtar Mbow pour un savoir partagé
Lettre Ouverte adressée au Procureur Général près du Tribunal de grande instance de Tivaouane
Vivre pour la raconter : A la mémoire de mon BFEM, à la mort en face, à mon petit frère
Analyse Économique Comparative : Le Sénégal face à la Guinée, un dépassement temporaire ?
La ligne radicale du Premier ministre Ousmane Sonko l'emporte sur la ligne modérée du Président Diomaye Faye
LE JOOLA, 23 ANS APRÈS : Un appel à la justice et à la dignité pour les familles des victimes
Sénégal : Quand l’urgence devient méthode
POUR PRÉPARER LA RUPTURE AVEC LE NÉOCOLONIALISME : PASTEF DOIT REDEVENIR L’ORGANISATEUR COLLECTIF DU PEUPLE!
Abdou Diouf, la RTS et la mémoire nationale : Encore une occasion manquée