Publié le 22 May 2022 - 09:57
FRANCE

Le gouvernement de la Première ministre Élisabeth Borne dévoilé

 

Le secrétaire général de l'Élysée Alexis Kohler a dévoilé ce vendredi 20 mai la composition du nouveau gouvernement français.

 

Un mois après la réélection d'Emmanuel Macron, et à trois semaines des législatives, la France s'est enfin dotée ce vendredi d'un nouveau gouvernement oscillant entre renouvellement et recyclage.

Parmi les surprises égrenées sur le perron de l'Élysée par le secrétaire général Alexis Kohler figurent l'attribution du portefeuille de ministre des Affaires étrangères à la diplomate Catherine Colonna ou encore l'arrivée à la Culture de Rima Abdul Malak, jusque-là conseillère d'Emmanuel Macron.

Mais le centre d'attraction est l'arrivée au ministère de l'Éducation de Pap Ndiaye, âgé de 56 ans, qui dirigeait jusqu'à présent le Palais de la Porte Dorée, et donc le musée de l'Histoire de l'immigration. Cet intellectuel, spécialiste d'histoire sociale des États-Unis et des minorités, aura la charge de succéder à Jean-Michel Blanquer à la tête d'un ministère à vif, traversé par des tensions sociales.

Catherine Colonna, elle, est déjà rompue aux rouages de l'État, ayant été ministre des Affaires européennes de 2005 à 2007 et porte-parole de l'Elysée sous Jacques Chirac. La nouvelle cheffe de la diplomatie française, qui arrive dans un contexte international marqué par la guerre en Ukraine, était ambassadrice au Royaume-Uni depuis septembre 2019.

Chaises musicales et reconductions

À l'image de la nomination lundi à Matignon d'Élisabeth Borne, ancienne ministre du Travail, le premier gouvernement du deuxième quinquennat Macron est aussi marqué par la reconduction de plusieurs figures de l'acte I.

Certains conservent leurs portefeuilles. C'est le cas des poids-lourds Bruno Le Maire (Économie, finances et souveraineté industrielle et numérique), qui obtient le statut de numéro 2 du gouvernement, Gérald Darmanin (Intérieur) et surtout Éric Dupond-Moretti (Justice), malgré des relations conflictuelles avec les syndicats de magistrats. Clément Beaune reste pour sa part le Monsieur Europe de l'exécutif, et Franck Riester au Commerce extérieur.

D'autres héritent de nouvelles fonctions. À l'instar d'Amélie de Montchalin qui quitte le ministère de la Fonction publique pour celui de la Transition écologique et de la cohésion des territoires. Agnès Pannier-Runacher passe quant à elle de l'Industrie à la Transition énergétique. Les deux femmes formeront avec Élisabeth Borne, directement chargée de la planification écologique et énergétique, le triumvirat « écolo » du gouvernement.

Sébastien Lecornu (ex-Outre-mer) décroche pour sa part les Armées en remplacement de Florence Parly, Marc Fesneau (ex-Relations avec le Parlement) ira à l'Agriculture, Brigitte Bourguigon (ex-Autonomie) prend du galon en allant à la Santé, tandis que le ministère du Travail échoit à Olivier Dussopt (ex-Budget), avec la réforme des retraites en toile de fond. Figure de la gestion de la crise Covid, Olivier Véran prend en charge les Relations avec le Parlement, tandis que Gabriel Attal est envoyé aux Comptes publics. Olivia Grégoire lui succède au porte-parolat.

Damien Abad, des LR au ministère des Solidarités

Parmi les entrants politiques, l'arrivée de Damien Abad focalise l'attention et traduit la poursuite de la fracturation de la droite par Emmanuel Macron. Ancien patron des députés LR, qui a claqué cette semaine la porte de son parti, obtient un ministère des Solidarités, de l'autonomie et des personnes handicapées. Proche d'Edouard Philippe, le maire d'Angers Christophe Béchu est nommé ministre délégué en charge des collectivités territoriales.

Quelques marcheurs historiques sont également récompensés, au premier rang desquels le patron du parti Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la fonction publique, la présidente de la Commission des Lois de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet, promue aux Outre-mers, ou encore Amélie Oudéa-Castera, ancienne directrice générale de la Fédération de tennis (FFT), qui accède aux Sports. La présidente de l'Université Paris-Saclay Sylvie Retailleau prend la tête de l'Enseignement supérieur et la Recherche, et la magistrate Isabelle Rome sera chargée de l'égalité femmes-hommes.

Le premier Conseil des ministres se tiendra lundi 23 mai autour du président Emmanuel Macron.  

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GOUVERNEMENT BORNE

L’historien Pap Ndiaye nommé ministre de l’éducation nationale et ​de la jeunesse

L’universitaire de 55 ans, jusqu’ici à la tête du Musée national français de l’histoire de l’immigration, a été nommé, vendredi, dans le gouvernement Borne pour prendre la suite de Jean-Michel Blanquer.

C’est l’un des nouveaux visages du gouvernement Borne. L’historien Pap Ndiaye a été nommé ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, vendredi 20 mai, a annoncé le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, en remplacement de Jean-Michel Blanquer resté cinq ans rue de Grenelle. L’école est présentée comme l’un des trois grands chantiers du nouveau quinquennat d’Emmanuel Macron.

Cet universitaire français de 55 ans, spécialiste de l’histoire sociale des Etats-Unis et des minorités était jusqu’ici à la tête du Musée national français de l’histoire de l’immigration. Au printemps 2021, il a été nommé à ce poste par Emmanuel Macron qui réclamait du sang neuf. Inquiet des tensions identitaires qui montent en France depuis quelques années, le chef d’Etat cherchait un lieu, et une personne, pour apaiser le débat. « Un an avant la présidentielle, le président a voulu un changement symbolique au musée, expliquait au Monde, Mercedes Erra, cofondatrice de l’agence de communication BETC et présidente du conseil d’administration du Palais de la Porte-Dorée, en juin 2021. Un directeur médiatique, pacificateur, qui sortirait du sérail des conservateurs. »

Selon le sociologue Michel Wieviorka, la réalité serait très politique : « Le chef de l’Etat voulait ­lancer un signal politique pour contrebalancer les positions des ministres Jean-Michel Blanquer [éducation], Frédérique Vidal [enseignement supérieur] et Gérald Darmanin [intérieur]. » Tous trois ont notamment dénoncé ces derniers mois les « ravages de l’islamo-gauchisme ».

Maître de ses émotions

Début février 2021, quand Frédérique Vidal a déclenché la controverse sur « l’islamo-gauchisme » à l’université, Pap Ndiaye a senti le danger. Mais « j’avais l’obligation d’intervenir, sinon je perdais toute crédibilité », expliquait-il au Monde en 2021. Sur France Inter, il a pris sa voix la plus douce pour asséner : « Ce terme d’islamo-gauchisme ne désigne aucune réalité à l’université. Ce qui me frappe surtout, c’est le degré de méconnaissance du monde politique des recherches qui sont menées à l’université en sciences sociales et en sciences humaines. »

Parfaitement maître de ses émotions, le frère de Marie NDiaye, écrivaine lauréate du Femina et du Goncourt, sait aussi cadrer celles des autres. Valentine Umansky, curatrice de la Tate Modern à Londres, qui l’a connu professeur à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), ne l’a jamais entendu élever la voix : « Il ne rentre jamais dans le conflit, même avec les gens les plus emportés, c’est désarmant dans tous les sens du terme. »

Depuis qu’il a écrit La Condition noire (Calmann-Lévy), en 2008, première étude notoire des black studies à la française, la cote de Pap Ndiaye monte chez les politiques, rassurés par son côté détaché de la lutte des races et de la lutte des classes. Ils l’ont aussi vu à l’œuvre dans les institutions culturelles. En 2019, le Musée d’Orsay l’a intégré dans le comité scientifique de l’exposition « Le Modèle noir, de Géricault à Matisse », grand succès de l’année. Ses modèles sont saxophonistes, écrivains – Aimé Césaire, le poète de la négritude, est son idole.

Quelques minutes après l’annonce de la nomination de Pap Ndiaye, de nombreuses personnalités d’extrême droite ont critiqué ce choix. Pour Marine Le Pen, « la nomination de Pap Ndiaye,

RFI

 

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