Publié le 13 Jan 2012 - 16:43
INCIDENT À LA MAIRIE DE MERMOZ-SACRÉ-COEUR

Le film d'une scène aux allures de Far West

 

On se serait cru dans un film du Far West, hier matin, à la mairie de la commune d'arrondissement de Mermoz-Sacré-Coeur. En effet, des nervis convoyés par cinq pick-up ont pris position aux abords de la mairie dans une manœuvre évidente d'intimidation.

 

 

''C'est aux alentours de 10h que 3 pick-up se sont garés à côté de la mairie et sont restés une heure sans rien faire, comme s'ils attendaient un feu vert ou du renfort. Ils étaient armés et ressemblaient à des lutteurs vu leur taille et leur poids'', renseigne Madame Kalemet, comptable à la mairie de Baobab. Deux autres Pick-up, dont un garé à l'entrée du quartier vont arriver, pour renforcer le dispositif des assaillants.

 

 

Le commissariat de Dieuppeul avisé avant midi

 

 

C'est un des adjoints au maire de la commune d'arrondissement dirigée par Barthelémy Dias qui a rendu compte de la situation, par canal téléphonique, au commissariat de police de Dieuppeul. Les policiers qui se sont ensuite transportés sur les lieux constatent d'eux-mêmes la présence d'au moins cinq pick-up de couleur blanche, dépourvus de plaque minéralogique.

 

Les nervis étaient au nombre de cent environ, selon des sources policières présentes sur le théâtre des opérations. Ils ont été invités à quitter les lieux, sans suite. Nos sources de relever que quelqu'un répondant au sobriquet de ''Ins'', diminutif d'inspecteur, a été joint au téléphone, lorsque ordre a été intimé aux nervis de quitter les lieux.

 

 

Trois douilles laissées sur place

 

Malgré la présence policière, les affrontements vont finalement avoir lieu entre les deux parties, à coups de jets de pierre dans un premier temps, suivi de coups de feu nourris par la suite. La Police relève que les armes de poings étaient bien visibles dans les deux camps. Selon toujours des sources proches du commissariat de Dieuppeul, c'est l'arrivée de renforts qui va occasionner une dispersion rapide des nervis qui vont repartir à bord de leur pick-up.

 

Deux douilles de calibre 38 et une troisième de calibre 9 mm ont été ramassées sur le théâtre des opérations après le départ des assaillants. Sur place, les policiers constatent la présence d'un blessé atteint par balle qui va ensuite succomber...

 

 

Barthélémy Dias : ''c'était de la légitime défense...''

 

 

Réagissant sur les ondes de la Rfm vers les coups de 23h, Barthélemy Dias a nié avoir fui. ''Je n'ai pas fui'', n'a-t-il cessé de répéter avant d'expliquer que les faits se sont déroulés le matin à 11h et qu'il est sorti de chez lui à 17h. Le jeune Dias a reconnu avoir atteint trois des nervis blessant gravement l'un deux. ''Avant que la DIC ne vienne me chercher, je confirme que j’ai effectivement tiré sur trois personnes. C’était de la légitime défense. Après plusieurs sommations, on a échangé des coups de feu et des jets de pierres'', dira Dias fils, pour tuer la rumeur sur son altercation avec des nervis ''déterminés'' venus attaquer sa mairie. C'est dans l'après-midi que la nouvelle de la mort de l'un des assaillants est tombée.

 

 

La victime Ndiaga Diouf, âgée de 35 ans, a succombé, de sources policières et hospitalières, à une blessure par balle reçue au dos, alors qu'il était admis au service neurochirurgie de l'hôpital Fann.

 

La balle a pénétré dans sa case thoracique causant sa mort. L'autopsie devrait déterminer le calibre de l'arme qui a tiré. Réagissant sur les ondes de la Rfm vers les coups de 23h, Barthélemy Dias a nié avoir fui. ''Je n'ai pas fui'', n'a-t-il cessé de répéter avant d'expliquer que les faits se sont déroulés le matin à 11h et qu'il est sorti de chez lui à 17h. Néanmoins, Dias dit n'avoir aucune responsabilité à assumer dans la mort d'homme. ''Je ne vais pas quand même jouer la guitare à des gens qui sont venus me faire la fête'', justifie-t-il ainsi sa riposte qu'il considère comme de la légitime défense.

 

 

À propos de la convocation du commissaire Arona Sy de la police centrale, Bathélemy Dias reconnaît avoir été appelé par l'autorité policière mais qu'il lui a fait savoir qu'il ne pouvait pas répondre à la convocation parce qu'il a un rendez-vous important aujourd'hui, c'est-à-dire le congrès du peuple du M23.

 

 

La police aux abonnés absents

 

Il faut signaler qu'avant que les échauffourées ne commencent, le commissaire de Dieuppeul, accompagné d'un agent, a tenté d'apaiser les cœurs en vain, en attendant ses hommes qui ne sont arrivés que ''2 heures plus tard''. ''Si Barthélémy n'était pas sorti de la mairie et n'avait pas résisté à ses assaillants, ils l'auraient tué sans hésitation, ils avaient l'air déterminé'', confie Laye un témoin oculaire. Parlant des nervis touchés par balles, le jeune maire a affirmé qu'ils ''ne sont pas les premiers et ne seront pas les derniers à mourir dans ce conflit parce qu'Abdoulaye Wade (quittera le pouvoir), que ça lui plaise ou pas''. Avant de lancer deux messages au ministre d'État, ministre de l'Intérieur, Me Ousmane Ngom : ''qu'il fasse son boulot et mette de l'ordre, sinon Wade ne sortira pas de chez lui... il n'y aura pas de congrès demain'', faisant ainsi allusion au congrès du PDS du 23 décembre. Barthélémy Dias prévient que ''le gros du bataillon de la jeunesse engagée'' est en route pour Dakar. Il (Ousmane Ngom) mettra de l'ordre dans cette ville, il sécurisera cette ville ou on le fera à sa place''.

 

 

Ces termes du maire de Mermoz semble révéler qu'un ''conflit'' d'une portée sérieuse risque de naître, s'il n'y a pas d'entente entre le parti au pouvoir et les jeunes opposants du Parti socialiste qui sont déterminés plus que jamais à faire quitter Abdoulaye Wade le pouvoir. ''Comme il dit œil pour œil et dent pour dent, moi je dis bienvenue au Far West'', conclut le jeune maire.

 

 

 

Questions autour d'une attaque

 

L'attaque de la mairie de Baobab est un précédent gravissime qui sape les fondements de l'État de droit qu'est jusqu'ici le Sénégal. La forfaiture interpelle l'ensemble de la société sénégalaise et induit un certain nombre de questions. D'abord, le timing de l'attaque.

 

Pourquoi à la veille d'échéances aussi cruciales que sont le congrès d'investiture du président Abdoulaye Wade et le congrès du peuple du M23, commanditer une telle attaque et vouloir mettre le feu et installer une psychose au sein d'une population déjà meurtrie par le coût exorbitant de la vie ? Pourquoi également s'attaquer à la mairie de Barthélémy Dias ?

 

Était-ce une volonté de lui faire commettre un faux-pas de nature à le conduire au frigo, à l'instar d'un Malick Noël Seck, son pote ? Ou, était-ce une volonté réelle de s'en prendre physiquement à lui ? En témoigne la soixantaine de nervis déployés autour de la mairie.

 

 

En attendant que l'enquête et surtout que le rapport balistique détermine l'arme qui a tué Ndiaga Diouf, il convient de souligner que la police a le devoir de pourchasser les commanditaires de cette provocation dont il faut relever le caractère puéril. Il faut que la lumière soit faite.

 

Gaston COLY & Abass SY

 

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