Publié le 18 Oct 2023 - 18:23
INFLATION GÉNÉRALISÉE

Vers une hausse conséquente du prix du pain

 

Les boulangers réclament une réunion de la commission chargée de fixer le prix du pain et exigent une augmentation de 50 F CFA au moins sur le prix actuel de la baguette.

 

Une nouvelle hausse pourrait s’appliquer sur le prix du pain au Sénégal. La valeur de la baguette de 200 g devrait alors passer de 175 à 225 ou 250 F CFA. C’est en tout cas le souhait des boulangers. Hier, lors d’un point de presse, la Fédération nationale des boulangers du Sénégal (FNBS), par la voix de son président, a encore demandé au gouvernement l’application de la vérité des prix dans ce secteur. Selon Amadou Gaye, cela pourrait se faire à travers la convocation des conseils régionaux pour une révision du prix et du poids du pain. ‘’Nous sollicitons une hausse minimum de 50 F sur la baguette standard. Ça, c'est notre première revendication.’’

Malgré les rencontres avec le ministre du Commerce et ses services et leur bonne volonté affichée, les boulangers estiment qu’une solution doit être trouvée dans l’immédiat. En effet, assure Amadou Gaye, ‘’nous voulons que cette hausse soit effective dans les meilleurs délais pour la baguette standard. Nous demandons alors la convocation de cette commission qui va statuer sous la demande des boulangers par rapport à ce que vous avez constaté pour qu'on nous donne 50 F sur le prix du pain’’.

Le prix de la baguette pourrait monter jusqu’à 250 F CFA

C’est en décembre 2021 que la dernière hausse du prix du pain a été notée. La baguette est passée de 150 à 175 F CFA. Deux ans après, la hausse des différents intrants dans la fabrication du pain pourrait mener à la même conclusion. Mais avec un prix salé pour les consommateurs. Car, rappelle le président de la FNBS, ‘’on avait promis, quand on fixait le prix, que le pain devait coûter 200 F. On nous a tordu le bras pour aller à 175 F, mais avec la volonté ferme de respecter la réglementation’’. Pour 2023, Amadou Gaye retient que ‘’si on va à la commission pour parler de la hausse du prix du pain, on va démarrer à 200 F CFA’’. Cela signifie que si une augmentation de 50 F CFA est accordée à partir d’une négociation de 200 F la baguette, celle-ci reviendrait à 250 F CFA

Les raisons évoquées sont la hausse des coûts de production. ‘’La levure et les améliorants ont fortement augmenté (exemple : le carton de levure de 20 000 F en juin 2019 est à 30 000 F aujourd’hui, voire plus pour certaines marques. Le gasoil, qui a connu une forte hausse de 100 F CFA en janvier dernier, et des intrants comme le sel iodé ont subi aussi une hausse, sans compter le papier. Malgré toutes ces hausses, la FNBS et le Regroupement des boulangers du Sénégal (RBS), conscients de la souffrance de la population sur la hausse des prix généralisée, continuaient toujours de trouver des alternatives avec les autorités’’, explique Amadou Gaye.

Les boulangers veulent un tarif spécial de la Senelec

Mais la hausse de trop est venue des prix de l’électricité. ‘’Comme vous le constatez, le secteur est déjà en difficulté, alors pourquoi on veut nous asphyxier encore avec l’augmentation du prix de l’électricité, la cherté de l’eau, la hausse des salaires’’, s’interroge le président de la FNBS.

Pour rétablir une situation normale, la FNBS propose de trouver des leviers pour la baisse du prix de l’électricité. Selon Amadou Gaye, ‘’le pain est un produit social. Nous devons avoir une tarification spécifique sur le Woyofal (pas de 1re ou 2e ou 3e tranches), et la suspension de la TVA sur nos factures d’électricité en attendant de trouver des solutions. Il faut savoir que certaines boulangeries qui sont au réel ne peuvent pas faire de déduction de la TVA avec la facturation du Woyofal’’.

Lors de leur sortie hier, les boulangers se sont également plaints d’une incompréhension avec le ministère du Commerce, sur la méthode de contrôle du poids du pain. Ceci est la cause, dénonce-t-il, ‘’d’amendes salées aux boulangers’’. Raison pour laquelle l’annulation de la méthode de pesée du pain a été posée sur la table, car ‘’elle n’est pas conforme’’ puisque ‘’le pain est une matière vivante’’.

Lutte pour l’arrêt de la vente de pain dans les boutiques

Par la même occasion, les boulangers espèrent une fin de l’anarchie dans le secteur de la boulangerie, en faisant un appel du pied au président de la République, Macky Sall, pour ‘’veiller à l'application et à l'applicabilité des dispositions du décret N°2019-2277 qu'il a signé et les arrêtés et en donnant des instructions fermes aux ministères concernés, Intérieur, Commerce, Industrie et Formation’’.   

Le décret n°2019-2277 du 31 décembre 2019, réglementant les activités de production, de distribution et de vente des produits de la boulangerie et des pâtisseries au Sénégal, devrait permettre de cesser les dérogations sans motivation pour les ouvertures de boulangeries, la vente de pain dans les boutiques et la livraison par les pousse-pousse, etc.

Si un arrêt collectif et national de production de pain avait abouti à une réunion du Conseil national de la consommation pour une hausse à "effet immédiat" sur le prix de la baguette en 2021, les boulangers commencent par alerter. Car une grève des boulangers n’est pas à exclure. Amadou Gaye : ‘’La Fédération nationale des boulangers du Sénégal et le Regroupement des boulangers du Sénégal entreront en conclave avec les différents responsables régionaux, afin de statuer sur la conduite à suivre si les autorités ne répondent pas à temps à nos revendications. Un mot d’ordre sanctionnera la fin des travaux. Toutes les options sont à prévoir’’.

Lamine Diouf

Section: