Publié le 30 Oct 2013 - 20:00
KHADY MBOUP, CHANTEUSE

“Je veux révolutionner le ngoyaan...”

 

Elle est bien connue dans les milieux populaires de Dakar. Chanteuse de ngoyaan, un genre musical très populaire au Saloum, Khady Mboup évoque, dans cet entretien avec EnQuête, son parcours, son expérience musicale, ses ambitions... Fenêtre ouverte sur un genre musical traditionnel qui a eu à s'imprimer très fortement dans la région du Saloum...

 

Parlez-nous de votre parcours...

Je m’appelle Khady Mboup et je suis la fille d'El Hadji Baba Mboup et de Seynabou Mboup. Je suis née à Katiote. J’ai grandi là-bas. Ma mère est une grande chanteuse. Elle vit encore à Saloum. Tout ce que je sais de la chanson, c’est elle qui me l’a appris. C’est quand je me suis mariée que je suis allée à Sagué. Pour m’aider à éclore dans mon métier de chanteuse, mon mari m’a amenée à Dakar. C’est ici qu’on a monté notre groupe. Nous sommes tous natif du Saloum.

Dites-nous comment vous êtes devenue chanteuse de Ngoyaan ?

J’aime le ngoyaan. Il arrivait que ma mère me réveille le soir pour qu’on chante ensemble. Elle chantait et je faisais les choeurs pour elle. J’allais avec elle dans les cérémonies de baptême ou de mariage. Quand elle chantait, c’est moi qui assurais la musique avec des bols ou une calebasse. La chanson est un don chez moi. Même quand je cuisine, je chantonne tout le temps. J’ai une facilité pour ça. Le ngoyaan, c’est notre culture. C’est pourquoi, je suis venue à Dakar pour chanter tout cela. J’attends que les gens me soutiennent.

Comment voyez-vous l’avenir du ''ngoyaan'' dans un pays comme le Sénégal ?

Cette musique est bien adoptée. Les sénégalais l’aiment bien. On nous appelle pour l’animation de cérémonies de mariage ou de baptême. Le rap et les autres musiques restent mieux appréciés sur le marché. Mais c’est parce que le public ne connaît pas trop le ngoyaan. Notre musique est faite avec du ‘’xalam’’ et des calebasses. C’est une musique traditionnelle. C'est la musique des rois.

On dit que le ngoyaan peut faire perdre la raison. Quand on l’écoute, on peut donner tout ce que l’on a à la personne qui chante, sans le faire exprès. Vrai ou c’est juste une légende ?

On ne se vante pas, mais partout où on joue, chacun ressent notre musique parce que nous allons puiser très loin ce que nous chantons. Tout homme a un coeur et des sentiments.

Alors cela leur fait plaisir et les gens dansent et nous donnent de l’argent. Aujourd'hui, notre ambition est de faire revivre le ngoyaan et de l’amener loin. Nous savons que c'est possible parce que c'est une musique originale.

C’est votre mari qui joue au xalam ?

Oui, c’est lui. Il s’appelle Ibrahima Samb. Il m’aide beaucoup. On est complémentaire. Il est instrumentiste et je suis chanteuse. Comme dit Youssou Ndour ‘’namu sa yabu sa kula sa bëmëx ngà jël’’. Il cherchait une chanteuse et m’a trouvée.

Pensez-vous moderniser cette musique afin de mieux la vendre, surtout à l'international ?

On regarde d'abord ce qu’aiment les fans. On peut ajouter des sonorités de claviers à ce qu’on fait et amener un autre rythme. Mais les gens aiment la simplicité de notre musique faite avec juste du ‘’xalam’’ et des calebasses. Et on les suit dans leur désir. On veut faire sortir la voix et les sonorités du ‘’xalam’’ afin de mieux véhiculer nos messages.

Etes-vous prête pour un album ?

Oui, si on m’appelait tout de suite pour cela, je le ferais. On réfléchit sur différentes choses et on crée chaque jour. On attend les soutiens. Certains nous aident beaucoup. On représente ici le Saloum et nos compatriotes sont à nos côtés.

Quand est-ce qu'on peut espérer concrètement avoir un album de Khady Mboup ?

Tout dépend de Dieu. On n’a pas de quoi aller en studio, mais on est prêt pour ça. On lance un appel à Malick Gackou, au Président Macky Sall, à la première dame Marième Faye et à Youssou Ndour entre autres.

PAR BIGUÉ BOB

 

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