Publié le 4 Sep 2020 - 09:48

Les États-Unis sanctionnent la procureure de la CPI Fatou Bensouda

 

Le secrétaire d'État, Mike Pompeo, a qualifié la Cour pénale internationale de « corrompue ». Il dénonce les enquêtes de l’institution visant des militaires américains déployés en Afghanistan.

 

C’est le secrétaire d’État américain qui a annoncé la décision inédite. Pour Mike Pompeo, il était « nécessaire de passer de la parole à l’action contre la Cour pénale internationale ».

« Aujourd’hui, nous passons au stade supérieur ! Les États-Unis n’ont jamais ratifié l’accord de Rome qui a créé la Cour, et nous ne tolérerons pas ses tentatives illégitimes pour soumettre les Américains à sa juridiction. »

Sur liste noire

Washington a donc décidé d’inscrire la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, ainsi que l’un de ses collaborateurs, Phakiso Mochochoko, sur liste noire. Des sanctions économiques sont également mises en place. Des mesures qui pourraient également concerner toute personne qui collaborerait avec la procureure, a précisé Mike Pompeo.

La procureure de la CPI avait déjà été privée de visa en avril. Elle et son collaborateur n'auront dorénavant plus accès au système bancaire américain et les biens qu'elle pourrait avoir aux États-Unis seraient donc gelés.

En juin, l’administration Trump avait déjà menacé l’institution internationale. Washington dénonce l’enquête menée par Fatou Bensouda contre des militaires américains et la CIA, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité en Afghanistan. Les Américains dénoncent également régulièrement les procédures similaires qui visent Israël et le dossier palestinien. Ces sanctions arrivent d'ailleurs après une récente visite de Mike Pompeo à Jérusalem.

En condamnant une nouvelle fois la CPI et en visant ses collaborateurs, Donald Trump répond par ailleurs aux attentes de certains conservateurs américains qui brandissent la souveraineté des États-Unis face à toute ingérence d’organisations internationales.

La CPI s'indigne

Mercredi, la Cour a dénoncé des « actes sans précédent » et qui constituent de « graves atteintes à la justice et à l'État de droit ». Les menaces du gouvernement américain, proférées ouvertement depuis 2018, inquiètent très sérieusement les 123 États qui ont adhérés à la CPI. Ils ont, en effet, l'obligation de coopérer avec la Cour et la finance. Ils craignent donc de subir, eux aussi, les sanctions de Washington.

La France a déclaré jeudi 3 septembre que les sanctions américaines visant la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) constituaient une « attaque grave » contre cette instance et une « remise en cause » de l'indépendance de la justice. « Les mesures annoncées le 2 septembre représentent une attaque grave contre la Cour et les États parties au Statut de Rome et, au-delà, une remise en cause du multilatéralisme et de l'indépendance de la justice », a estimé le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui a appelé Washington à les « retirer ».

RFI (Avec notre correspondante à New York,  Loubna Anaki)

 

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