‘’Le Sénégal est prêt à faire face à cette situation’’

Le gouvernement du Sénégal est disposé à mettre les moyens qu’il faut, quels que soient les coûts, pour faire face à cette épidémie du Covid-19, communément appelée coronavirus. Les assurances viennent du chef de l’Etat Macky Sall qui appelle les populations au calme.
Le président Macky Sall a validé, hier, au cours d’un Conseil présidentiel, le plan de riposte à l’épidémie du Covid-19. Un budget de 1,44 milliard (1 440 584 650) de francs CFA est dégagé pour gérer le système d’alerte et de surveillance, la coordination, la communication et la logistique. Le chef de l’Etat ne s’en limite pas. Il a donné des instructions fermes pour que ce budget soit d’ores et déjà mobilisé et que les acteurs de la lutte puissent intervenir sans entrave par rapport à la situation.
‘’Le Sénégal est prêt à faire face à cette situation. Nous mobiliserons tous les moyens qu’il faut. Il ne faut donc pas se faire des soucis à ce niveau, parce qu’une épidémie, quand elle survient, elle est prioritaire sur toutes les autres dépenses. Il n’y aura pas un problème de moyens. Il faut simplement que l’on soit efficace dans la gestion de ces moyens et qu’on soit très ciblé dans les choix des dépenses. Nous mettrons ce qu’il faut aux équipes, afin de faire face à cette situation’’, rassure le président.
Le directeur général de la Santé, Docteur Marie Khemess Ngom Ndiaye, précise que cette enveloppe est établie jusqu’au mois de juillet et va évoluer en fonction de la situation. Ainsi, pour le président de la République Macky Sall, il faut, d’ores et déjà, que ce budget soit mobilisé et que les acteurs de la lutte puissent intervenir sans entrave par rapport à la situation.
Cela dit, le chef de l’Etat exhorte le comité national à assoir la coordination optimale des activités et la sensibilisation auprès des populations. Mais surtout, à faire la communication dans les langues nationales. ‘’Que le Centre des opérations d’urgence (Cous) soit mis en branle et continue d’assurer la coordination et la surveillance. Aujourd’hui, le maitre-mot est la vigilance, l’alerte et l’efficacité. La réponse n’est pas que médicale. Il faut éviter les rassemblements’’, conseille le président de la République.
Ainsi, engage-t-il tous les acteurs, publics comme privés, à poursuivre le travail de coordination des interventions, en vue de renforcer l’alerte, la veille ainsi que la fonctionnalité du dispositif H24.
‘’Il est impératif de préparer la prise en charge optimale des cas confirmés. Le Service des maladies infectieuses doit être renforcé, notamment en salle d’aspirateurs artificiels, mais aussi en mise à niveau d’équipements. La Pharmacie nationale d’approvisionnement doit aussi disposer de ressources nécessaires pour l’approvisionnement en produits nécessaires et en équipements’’, ordonne le chef suprême de la magistrature. Qui demande aux autres services comme le Samu, les sapeurs-pompiers, les services de défense d’exprimer leurs besoins et de se mettre à la disposition des autorités sanitaires. Avant de lancer un appel à l’ensemble des compatriotes pour accroitre la vigilance et l’alerte au sein de notre société.
Le chef de l’Etat décide de réduire les missions de l’Etat
‘’Je décide de réduire au stricte minimum les missions à l’étranger, pour ce qui concerne l’Etat, surtout en direction des pays qui sont affectés très fortement par le Covid-19. Je compte utiliser, de manière plus optimale, nos représentations diplomatiques qui ont toutes les compétences pour représenter l’Etat, afin de réduire les risques sur le transport’’, informe le chef de l’Etat.
Selon Macky Sall, les services sont en train de prendre en charge, selon la procédure recommandée par l’OMS, les patients. ‘’J’appelle au calme et à la sérénité. Surtout inviter la presse à nous accompagner dans cette phase critique très importante où l’information peut créer très rapidement une panique. Nous faisons entièrement confiance aux services de santé, à nos personnels qui sont très compétents et qui l’ont prouvé par le passé et qui continuent à la prouver. Ils sont restés mobilisés aussi bien dans la prévention, la riposte, mais aussi (dans) le suivi de l’épidémie’’.
Macky Sall invite également la population à respecter les consignes qui seront données au fur et à mesure par les autorités sanitaires. Aux forces de défense et de de sécurité, il leur intime l’ordre de rester en alerte pour accompagner le plan de riposte. Il appelle, par ailleurs, les services de santé, de l’hygiène ainsi que tous ceux qui devront intervenir, de le faire dans le cadre des recommandations, afin de juguler le mal.
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8 MARS, APPEL LAYENE, DAKKA MEDINA GOUNAS, KAZOU RAJAB, JMJ…
Craintes par rapport aux rassemblements religieux
La tenue de différents évènements religieux au mois de mars inquiète au plus haut niveau les experts et les autorités. Le président Macky Sall compte sur les recommandations du Comité national de gestion des épidémies pour prendre une décision et n’épargne pas leur interdiction, si la situation l’exige.
VIVIANE DIATTA
Quel sort pour les différentes manifestations, notamment religieuses, prévues en ce mois très chargé de mars ? D’abord, c’est le haut-commandant de la gendarmerie, Jean-Baptiste Tine, qui s’interroge, particulièrement sur les regroupements fermés. C’est-à-dire les tentes que les fidèles utilisent, surtout lors des manifestations religieuses. Il a demandé s’il n’est pas souhaitable d’interdire ces tentes, avec le Magal qui arrive.
Répondant à cette question, le chef du Service des maladies infectieuses, Professeur Moussa Seydi, se veut prudent. Au-delà des tentes, soutient-il, le comité national et l’Etat doivent prendre des dispositions idoines sur ces grands rassemblements. ‘’Quand on est dans une tente fermée et qu’on présente des symptômes, il est sûr que le patient va infecter les autres. Parce qu’il faut une distance de 1 mètre du patient pour être à l’abri. La manière dont ces tentes sont disposées et le nombre de personnes qui s’y trouvent posent problème. Il faut une réflexion plus approfondie sur la tenue de ces évènements. Il faut voir si on doit les tenir ou non’’, dit-il.
Saisissant la balle au bond, le président de la République a affirmé que l’Etat prendra les décisions qu’il faut, dès que les conseils des experts iront dans ce sens. ‘’Si on doit interdire les évènements, on le fera. Pour l’instant, les oumras sont interdits. Si on doit arriver à cela, l’Etat prendra toutes les dispositions qu’il faut. Nous attendons juste les recommandations du Comité national de gestion des épidémies. Il doit être précis dans ses recommandations’’, précise le chef de l’Etat. Macky Sall suggère de demander aux Sénégalais qui sont en Italie de s’abstenir de venir aux prochains magals.
Pour sa part, le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, a proposé d’organiser des tournées de sensibilisation dans les différents foyers religieux. ‘’Il faut sensibiliser les populations, en commençant par les khalifes. Il y a beaucoup d’évènements ce mois. Donc, nous devons mettre l’accent sur la vigilance, la communication’’, conseille-t-il. Son appel n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Le président Macky Sall a donné des instructions de tout faire pour la sensibilisation des chefs religieux.
D’ailleurs, dès aujourd’hui, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, va se rendre à Porokhane pour rencontrer les autorités religieuses de cette cité. Il prévoit également, avec le ministre de l’Education nationale, de faire une tournée dans les écoles, pour sensibiliser les élèves sur la maladie et les mesures d’hygiène.
En effet, ce mois de mars est rempli d’évènements au Sénégal. Outre la Journée internationale de la femme, il y a le Magal de Porokhane le 5 mars, le Gamou de Taïba Niassène le 10 mars, le Kazou Rajab le 22 mars, le Dakka de Médina Gounass du 14 au 24 mars, l’Appel des layènes du 25 au 26 mars et les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) le 29 mars.
PROFESSEUR MOUSSA SEYDI, CHEF DU SERVICE DES MALADIES INFECTIEUSES DE FANN ‘’Nous sommes prêts à prendre en charge les premiers cas’’ L’infectiologue, chef du Service des maladies infectieuses de l’hôpital Fann, n’est pas trop inquiet, par rapport à l’épidémie du Covid-19. Prenant la parole hier au Conseil présidentiel sur la maladie, il a assuré qu’ils sont prêts pour la prise en charge des premiers cas. A son avis, le centre est fonctionnel et a une capacité d’une trentaine de lits. Même s’il y a des améliorations à faire, il rassure qu’ils disposent du nécessaire pour traiter beaucoup de malades. Mais pour les maladies lourdes, il reconnait qu’ils manquent de certains moyens. ‘’Nous souhaitons avoir deux salles de respirateurs artificiels. Nous avons de l’oxygène, mais pas de respirateurs’’, liste-t-il. Auparavant, l’infectiologue a demandé l’arrêt de la dramatisation du virus. ‘’La grippe tue plus que le coronavirus. Si on prend l’exemple de la France, chaque année, c’est plus de 10 mille morts. Cette maladie aussi est sérieuse, il faut qu’on la considère comme telle, mais il ne faut pas exagérer outre mesure. Jusqu’à 40 ans, ça tue 0,2 % des personnes. C’est le global qui fait entre 2 et 3 %. C’est vrai, c’est sérieux, il y a des cas graves, mais il ne faut pas aussi entrer dans une dramatisation excessive’’, défend Prof Seydi. Pour lui, le challenge, aujourd’hui, c’est la bonne prise en charge. ‘’Ne l’oublions pas : cette maladie a tué beaucoup de personnes qui travaillent dans le système de santé. Nous, nous pouvons être des vecteurs dans la société. Parce que, dans plus de 50 % des cas, le virus ne présente pas de fièvre. Ce que les gens doivent savoir, ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas de fièvre qu’ils n’ont pas la maladie. Cette maladie est plus proche du rhum’’, informe l’infectiologue. Par ailleurs, Prof Seydi est aussi revenu sur les cinq cas qui leur ont été référés, il y a quelques jours. Après les trois premiers qui ont été contrôlés négatifs, les deux derniers ont été libérés hier. Dr Seydi a assuré qu’ils n’ont pas été atteints par la maladie. |
VIVIANE DIATTA