Publié le 16 Nov 2023 - 02:31
MALI

Au Mali, la junte annonce la prise de Kidal, bastion de la rébellion touareg

 

L’armée malienne s’est emparée de la ville stratégique de Kidal, bastion des séparatistes touareg et symbole de l’insoumission du nord du pays, ont annoncé, mardi 14 novembre, le chef de la junte au pouvoir et l’état-major. La prise de Kidal, si elle est confirmée, est un succès symbolique considérable pour la junte qui a pris le pouvoir par la force en 2020.

 

« Aujourd’hui, nos forces armées et de sécurité se sont emparées de Kidal », a déclaré le colonel Assimi Goïta dans un message lu au cours d’un flash spécial à la télévision publique. « Les FAMa (forces armées maliennes) ont pris position dans la ville de Kidal », dit, quant à lui, l’état-major sur les réseaux sociaux.

L’armée et l’Etat étaient pour ainsi dire absents depuis des années de cette ville contrôlée par les mouvements à dominante touareg. La junte a exprimé de longue date sa détermination à reprendre la ville.

L’insoumission de Kidal et de sa région, où l’armée a subi d’humiliantes défaites entre 2012 et 2014, était un motif ancien d’irritation à Bamako, y compris pour la junte actuelle, qui a fait de la restauration de la souveraineté territoriale une priorité.

L’Etat malien n’avait quasiment pas repris pied à Kidal depuis mai 2014. Les forces maliennes en avaient alors été chassées quand une visite du premier ministre de l’époque, Moussa Mara, avait donné lieu à des affrontements avec les rebelles touareg, qui avaient causé de lourdes pertes dans les rangs de l’armée.

Foyer historique des insurrections indépendantistes et carrefour sur la route de l’Algérie, la ville s’est vidée d’une grande partie de ses quelques dizaines de milliers d’habitants à l’approche de l’armée, à en croire des messages postés sur les réseaux sociaux.

L’armée promet d’assurer la sécurité des habitants

L’armée a appelé la population au calme et à la sérénité, ajoutant que ses opérations se poursuivaient. Elle a assuré avoir pris des dispositions pour assurer la sécurité des habitants, auxquels elle a demandé de suivre les instructions des militaires.

Selon deux officiers, ayant requis l’anonymat, interrogés par l’Agence France-Presse, les rebelles ont quitté la ville quand les soldats y sont entrés. Un autre officier a annoncé que l’armée contrôlait en particulier la piste aérienne et le camp récemment évacué par la mission de l’ONU. Aucun commentaire n’a été obtenu de la rébellion.

La collecte et la vérification de l’information sont compliquées par l’impossibilité d’y accéder en raison de l’insécurité et de l’éloignement. Les rebelles séparatistes ont fait couper vendredi le réseau de téléphone à Kidal alors que l’armée progressait vers la ville.

Une importante colonne militaire stationnée depuis début octobre à Anéfis, environ 110 kilomètres au sud, s’était mise en branle en fin de semaine dernière en direction de Kidal. Elle a avancé, soutenue par des moyens aériens, au prix de combats dont le bilan humain et matériel n’a pu être établi de sources indépendantes.

Le nord du Mali est le théâtre depuis août d’une escalade entre divers protagonistes (armée régulière, rebelles, djihadistes). Le retrait de la Mission de l’ONU, exigé par la junte, y a déclenché une course pour le contrôle du territoire, les autorités centrales réclamant la restitution des camps, les rebelles s’y opposant, et les djihadistes tâchant d’en profiter pour affermir leur emprise. La Minusma a quitté son camp de Kidal le 31 octobre.

Le Monde avec AFP

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