Publié le 18 Oct 2021 - 21:07
OUVERTURE DE LA 27E EDITION DU FESPACO

Ouagadougou brille de mille feux 

 

La 27e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) a ouvert ses portes, ce samedi, au palais des Sports Ouaga 2000. Accompagné par le ministre de la Culture sénégalais Abdoulaye Diop, le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a lancé le clap de cet évènement du 7e art qui va se poursuivre jusqu’au 23 octobre 2021. La soirée a été marquée par la prestation de Baaba Maal et de Didier Awadi.

 

C’est parti pour la 27e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). La cérémonie d’ouverture officielle de ce grand rendez-vous du cinéma africain s’est déroulée, ce samedi, au palais des Sports Ouaga 2000 qui a refusé du monde. Burkinabé, invités de marque et plusieurs spectateurs venus d’Afrique et du monde ont très tôt envahi les lieux pour ne pas rater ce spectacle unique en son genre. Celui-ci a débuté exactement à temps. L’heure, c’est l’heure.

A 16 h, l’accès à la salle de spectacle, où les sièges sont tous occupés, n’est plus autorisé à ceux qui arrivent après le président du Faso, Roch Kaboré, et sa délégation, pour des raisons d’ordre sécuritaire.

Un spectacle de très bonne facture, riche en son et lumière, est servi, au grand bonheur du public composé d’hommes, de femmes et d’enfants. De grands artistes nationaux et étrangers se succèdent sur la scène et illuminent le palais des Sports. Quatre-vingt-cinq danseurs sont réunis pour les accompagner. Les prestations sont ponctuées d’allocutions de politiques. Mais aussi par les séquences offertes par le metteur en scène Serge Aimé Coulibaly dont les créations sont d’une grande finesse et rendent fier le Burkina. En tout, le danseur, chorégraphe et acteur burkinabé a proposé sept scènes de chorégraphie qui ont fait rêver.

Après l’artiste, le champion du monde de Log Lift, le porté d'épaule, Cheick Ahmed Al-Hassan Sanou dit Iron Biby, a fait une apparition remarquée. Véritable fierté nationale, cette montagne de muscles a fait dire au premier des Burkinabé que le sport et la culture sont des ambassadeurs de son pays. Le recordman mondial du soulever de bûches a cédé la scène au musicien burkinabé Amzy - Hamza Ganem à l’état civil - qui a ambiancé la salle. Il a mobilisé toute l’attention du public pour faire chavirer les cœurs avec le morceau ‘’Bienvenue à Ouaga’’, une chanson pour rendre hommage à la ville de Ouagadougou.

Un défilé du moyen de transport privilégié des burkinabé dit ‘’deux roues’’ et un passage de Siriki et Souké ont accompagné la prestation de l’artiste.

Promouvoir ‘’la circulation de la fraternité, tolérance, santé, fête’’

Dehors, le soleil qui darde ses rayons sur la capitale transforme le palais des Sports en étuve.  La forte chaleur n’ébranle guère les spectateurs qui savourent la belle fête. ‘’Sachez tous, surtout nos amis Sénégalais, que Ouagadougou vous accueille à bras ouverts. A travers Ouaga, je peux dire que le cœur des citoyens des villes du Burkina et des capitales africaines ‘part’ en ce moment pour ce magnifique festival autour du 7e art, notre passion commune’’, déclare le maire de la commune de Ouagadougou, Pierre Armand Boinwendé, qui salue la fraternité qu’il y a autour du 7e art.

En effet, au-delà du Fespaco, de la ‘’circulation’’ des films, il souhaite voir ‘’circuler’’ la fraternité, la tolérance, la santé et la fête. Après son discours qui a permis au public de reprendre son souffle, l’artiste Awa Boussim a tenu le public en haleine, pendant plusieurs minutes. La scène qu’elle a jouée raconte l’histoire de Soundiata Keita, permettant au public d’assister à de belles mises en scène de spectacles et de chorégraphies.

C’est sur ces entrefaites que le ministre Sénégalais Abdoulaye Diop a pris la parole. Dans son discours, M. Diop a dit la reconnaissance du Sénégal au Burkina Faso, pour l’insigne honneur porté sur sa nation, qui participe pleinement à ce festival avec 19 films dont 14 sont en compétition.

Ensuite, la talentueuse musicienne burkinabé Nourat a fait une superbe entrée. Pas de danse bien maitrisés, danseurs en costume (tenue militaire), rythme rappelant la chanson ‘’Buffalo Soldier’’ de Bob Marley, elle a marqué les esprits. Avec son titre ‘’Burkina soldat’’, l’artiste a électrisé la salle. La scène montrant la bravoure de la jeunesse prête à repousser le terrorisme.

Dans la même veine, Didier Awadi a déployé tout son potentiel musical, pour épater les spectateurs. Il a mis rapidement le public dans sa poche avec le son ‘’La patrie ou la mort/Thomas Sankara’’. Acquis à sa cause, le public a hurlé de joie et manifeste sa fierté, à chaque fois que le nom de Sankara était prononcé.

Il a fallu que l’heure de chanter l’hymne nationale en chœur et à voix paisible arrive, pour adoucir les clameurs d’un public joyeux, en ce lendemain de la commémoration du 34e anniversaire du décès de Thomas Sankara.

Le message de Baaba Maal

Puis, vint le moment tant attendu : le clap marquant l’ouverture officielle du Fespaco. Le tapis rouge est déroulé pour le ministre sénégalais Abdoulaye Diop qui rejoint sur la scène le président du Faso. Roch Marc Christian procède au lancement, dans la foulée.

L’animation peut reprendre avec Baaba Maal. Le bouquet final de cette cérémonie. De sa voix unique, retentissante et impressionnante, il régale le public. Les autorités burkinabé ne se sont pas trompées, en le programmant pour clôturer la cérémonie. Après son show, le chanteur-compositeur sénégalais a lancé un vibrant message aux Africains. ‘’C’est notre devoir de rappeler à chaque fois à ce continent et surtout à sa jeunesse que le continent ne doit pas courber l'échine. Le contient doit, à chaque fois, relever la tête, montrer à la face du monde que nous sommes solides, malgré les turbulences’’, a-t-il déclaré devant la presse.

‘’Nous venons de très loin. Et notre culture fait qu’on peut dire que la culture, l’Afrique, c’est le futur. Moi, je dis que c’est le présent. On le sent. Quand on voyage un peu partout, on voit tous ces jeunes qui ne baissent pas les bras, qui cherchent du matin au soir quelque chose à faire pour eux-mêmes, pour leur famille, pour le continent. Cette jeunesse sait ce qu’elle peut faire et ce qu’elle veut. C’est important d’encourager cette jeunesse’’, a-t-il ajouté.

Fier d’avoir presté durant la cérémonie d’ouverture, il a loué la relation fraternelle qui existe entre le Sénégal et le Burkina Faso. ‘’Tout artiste rêve de venir au Fespaco. Le fait que le Sénégal soit à l’honneur, c’est quelque chose d'exceptionnel. Parce que je connais la relation amicale séculaire qui existe entre le Sénégal et le Burkina Faso, surtout le rôle que les Sénégalais ont joué dans les activités et l’avancement de ce Fespaco. Je suis très content d’être là. Et c'est un honneur que le président soit resté pour voir le spectacle’’, a-t-il ajouté.

Puis, interpellé sur la relation ‘’musique-cinéma’’, il a indiqué qu’il vit ce rapport, depuis qu’il a rencontré Sembène Ousmane. ‘’Je pense que l’une des premières opportunités qui m’ont été offertes pour rentrer dans ce monde du cinéma via la musique, viennent de Sembène Ousmane qui est très respecté dans le milieu. Il m’a donné ma chance dans le film ‘Guelwaar’. Il m’a dit : ‘Regarde le film ; fais ce que tu veux. Je sais que tu peux ressortir ce que j’attends de toi.’ Et, de fil en aiguille, d’autres producteurs, réalisateurs peut-être se sont dit que ma voix irait très bien dans leur production avec, notamment ’Black Hawk Down’ (la Chute du faucon noir), le jeu vidéo ‘Far Cry’ et d’autres jusqu’à ‘Black Panther’. Mais je ne l’ai pas regretté. C’est une autre expérience. Je pense que ça va très bien avec notre musique. Notre musique décrit des mouvements de peuples, des espaces. Elle fait ressortir des sonorités qu’on ne voit même pas avec les instruments de musique que nous utilisons. Mais le cinéma nous donne cette opportunité’’.

BABACAR SY SEYE

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