Publié le 24 Aug 2012 - 06:30
POUR ISRAEL

L’Afrique du sud reste "un régime d'apartheid"

Le ministre des Affaires étrangères d'Israël, Danny Ayalon. Le ministre des Affaires étrangères d'Israël, Danny Ayalon. © Reuters

 

La récente décision du gouvernement sud-africain de bannir les étiquettes "made in Israel" des produits provenant des Territoires occupés a déclenché la fureur de l'État hébreu. Le ministre israélien des Affaires étrangères est allé jusqu'à accuser l'Afrique du sud de continuer à appliquer l'apartheid.

 

Venant d'Israël, l'accusation pourrait faire sourire. Elle est en réalité tragique. Jeudi, le ministre israélien des Affaires étrangères, Danny Ayalon, a accusé l'Afrique du sud d'être un État appliquant toujours l'apartheid. Pour un des rares pays qui a soutenu le régime ségrégationniste sud-africain jusqu'en 1994, la charge est plutôt surprenante...

 

Tout est parti d'une décision prise la veille par le gouvernement sud-africain, dominé par l'ANC (Congrès national africain) depuis la fin de l'apartheid. Pendant de longues années, les responsables du parti de Nelson Mandela ont ouvertement soutenu la cause palestinienne. En 1994, la donne change. Propulsés au pouvoir, ils font observent une prudente neutralité dans le conflit israélo-palestinien. Une ligne de conduite relativement bien tenue jusqu'à ces dernières semaines.

 

"L'apartheid sud-africain est dirigé contre Israël"

Pourtant, mercredi, l'Afrique du sud a brusquement haussé le ton face à l'État hébreu. Pretoria a en effet décidé de bannir l'étiquette « made in Israël » sur les produits provenant des colonies israéliennes en Territoires occupés. Cette mesure symbolique, adoptée en conseil des ministres, était en gestation depuis le mois de mai.

 

Côté israélien, la réaction ne s'est pas fait attendre. Quelques heures après l'annonce du boycott sud-africain, Tel-Aviv a jugé cette mesure « discriminatoire » et « totalement inacceptable ». Le lendemain, le ministre israélien des Affaires étrangères, Danny Ayalon, va encore plus loin, selon Reuters. « Malheureusement il s'avère que le changement amorcé il y a quelques années en Afrique du sud n'a pas apporté le moindre petit changement, ce pays reste un régime d'apartheid ». Et d'ajouter, avec culot : « En ce moment, l'apartheid sud-africain est dirigé contre Israël ». Le ministre, issu de la droite nationaliste israélienne, devait par ailleurs rapidement convoquer l'ambassadeur d'Afrique du Sud à Jérusalem.

 

Lente maturation

Pour justifier sa décision, le gouvernement sud-africain s'appuie sur une loi de protection du consommateur de 2008 qui impose « un étiquetage des biens et produits venant des Territoires occupés pour éviter que les consommateurs ne croient qu'ils viennent d'Israël ». « C'est conforme à la ligne de l'Afrique du Sud qui reconnaît les frontières de 1948 délimitées par l'ONU et ne reconnaît pas les Territoires occupés au-delà de ces frontières comme faisant partie de l'État d'Israël », précise-t-il.

 

La démarche sud-africaine n'est pas vraiment une surprise. La semaine dernière, le ministre délégué aux affaires étrangères, Ebrahim Ebrahim, avait ouvertement envisagé de suspendre les visites officielles en Israël, estimant que celles-ci « légitimaient l'occupation de la terre palestinienne par Israël ». En juillet, Marius Fransman, vice-ministre des affaires étrangères, avait déjà lâché un ballon d'essai. « Notre position politique sur la situation en Palestine est indubitablement marquée par notre propre histoire d'oppression et d'abus des droits de l'homme », avait-il déclaré. « Jusqu'à présent, la campagne de boycott a eu un effet économique négligeable, mais la voix d'un gouvernement comme le nôtre pourrait donner un coup de pouce symbolique ».

 

Lire l'article sur Jeuneafrique.com : Pour le gouvernement israélien, l'Afrique du sud reste "un régime d'apartheid" | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur l'Afrique

 

JeuneAfrique

 

 

Section: 
Guerre en Ukraine : Des discussions trilatérales prévues à Istanbul ce vendredi
IBRAHIMA TRAORE, FIGURE CLIVANTE : Le Burkina Faso au cœur d’un débat sénégalais
Sénégal–France : Le retour du dialogue dans un partenariat à réinventer
Ukraine : Fin de la réunion de crise des Européens à Paris, divisés sur l'éventuel envoi de troupes
Mali : Le rassemblement du 9 mai sous haute tension
PORTRAIT - LEON XIV, NOUVEAU PAPE ELU : Robert Francis Prevost, un homme de synthèse modéré et premier pape américain
RÉFORMES POLITIQUES AU TOGO ET AU MALI : La tentation autoritaire maquillée en progrès démocratique
CÉRÉMONIE INVESTIGATION PR OLIGUI NGUEMA : Bassirou Diomaye Faye présent aux côtés de seize chefs d'État à Libreville
BENIN : Le nouvel épicentre du terrorisme sahélien
50 ANS DE LA CEDEAO : Mahama plaide pour le dialogue avec l’AES
Deuxième, Bilie-By-Nze critique une présidentielle «opaque» mais ne saisira pas la Cour constitutionnelle
Au Niger : Une Suisse enlevée à Agadez, trois mois après une Autrichienne
Gabon : le président élu Brice Oligui Nguema face à de nombreux défis
GABON - ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE : La diaspora gabonaise au Sénégal plébiscite Brice Clotaire Oligui Nguema
MALI-GUINEE : La presse sous bâillon militaire
LE POUVOIR DE DIRE NON : De Villepin, Badinter, Badio Camara, ou l’honneur de désobéir
CRISE DIPLOMATIQUE ENTRE L’ALGERIE ET LE MALI : L’escalade de trop ?
CHARLES DE GAULLE : Héros français, bourreau africain ?
En Birmanie, des crémations à la chaîne pour les victimes du séisme
ENTRETIEN - AMADOU MOCTAR ANN, ANALYSTE GÉOPOLITIQUE : "Le Sénégal affirme son rôle de médiateur sur la scène internationale"