Publié le 3 May 2021 - 21:38
PROLONGEMENT AGE RETRAITE, BAISSE FISCALITE, PEAGE

Macky Sall intransigeant face aux syndicalistes 

 

Les centrales syndicales ont remis, ce 1er mai, comme à l’accoutumée, leurs cahiers de doléances au président de la République. Ils ont réclamé, entre autres, l’allongement de l’âge de la retraite, la baisse de la fiscalité sur le revenu et celle des tarifs de l’autoroute à péage, ainsi que davantage de protection pour les travailleurs.  Mais le président a été ferme dans ses réponses et a jugé inopportunes certaines requêtes.  

 

Les centrales syndicales ont célébré la fête du 1er Mai 2021 dans la plus grande sobriété. Excepté la remise des cahiers de doléances au chef de l’Etat, aucune autre manifestation n’a été organisée. Covid-19 oblige. Ainsi, la célébration s’est limitée à une cérémonie symbolique au palais de la République portant sur la présentation du bilan des syndicats, leurs acquis et revendications. Les secrétaires généraux des centrales syndicales ont égrené un chapelet de doléances face à un chef de l’Etat tout attentif.

Cependant, si les syndicalistes ont été mesurés et ont étalé, avec beaucoup de diplomatie, leurs revendications pour les années à venir, le président s’est, lui, montré très ferme dans ses réponses. Concernant l’allongement de l’âge de la retraite, la baisse de la fiscalité sur les salaires et celle des tarifs de l’autoroute à péage, Macky Sall a opposé un niet catégorique.

En effet, répondant à l’interpellation du secrétaire général de la Fédération générale des travailleurs du Sénégal (FGTS/B) Sidya Ndiaye, sur l’alignement de l’âge de la retraite à 65 ans, le président Sall a appelé à regarder en face ce problème. ‘’Sur l’alignement de l’âge de la retraite à 65 ans, je ne suis pas favorable. Pour une simple et bonne raison que 77 % de la population à moins de 35 ans. On ne peut pas continuer à permettre aux seniors de prolonger leur âge à la retraite et à retarder ainsi l’arrivée des jeunes sur le marché du travail. L’âge de la retraite au Sénégal est de 60 ans et il le reste. Il n’est ni de 65 ni de 55 ans’’, a-t-il martelé.  

Toutefois, concernant la retraite des professeurs d’université qui est actuellement de 65 ans, le président propose des postes de vacataire ou de contractuel pour les universitaires qui ont atteint l’âge et qui ne veulent pas partir. ‘’Pour les universitaires, on pourrait améliorer les codes pour permettre à certains agents de travailler comme vacataires après la retraite, car on ne peut pas garder les avantages de la Fonction publique et vouloir les perpétuer à vie’’, a déclaré le président Macky Sall.

Toujours concernant le secteur de l’éducation, il a instruit les ministres concernés de respecter les accords qu’ils signent avec les syndicalistes. ‘’Il faut signer des choses qu’on peut respecter, car il y va de la crédibilité de l’Etat. Si vous savez que vous ne pouvez pas honorer vos signatures, il ne faut pas s’y engager. Il ne faut pas céder à la pression, même s’il y a des grèves répétitives’’, leur a-t-il lancé.

Aussi, concernant les prêts aux logements accordés par la Direction de la monnaie et du crédit (DMC), le président de la République a indiqué que l’augmentation de l’enveloppe individuelle, de deux à cinq millions de francs CFA, a occasionné un ‘’afflux important’’ que l’Etat n’est pas en mesure de satisfaire. ‘’Nous avons aujourd’hui 37 881 dossiers estimés à plus de 151 milliards de francs CFA. Cela n’est pas possible pour la trésorerie de l’Etat’’, a-t-il expliqué.

Avant d’indiquer que l’Etat était en train de travailler sur un projet d’externalisation au niveau des banques. ‘’Nous travaillons pour qu’il n’y ait pas d’apports pour ceux qui ont un emploi salarié. Un mécanisme est en train d’être mis en œuvre avec l’emploi comme garantie’’, a souligné Macky Sall.

‘’Si on veut rouler en toute sécurité sans des trous, il y a un prix à payer’’

L’autre point de discorde entre le président et les syndicalistes est la baisse de la fiscalité sur le revenu. En effet, pour le chef de l’Etat, il est hors de question de baisser la fiscalité, car, indique-t-il, l’Etat applique déjà beaucoup d’exonérations pour les entreprises (hôtelière, restauration, media). Et il ne compte que sur les impôts comme ressources de recettes. En plus, les impacts économiques de la crise sanitaire font que l’Etat fait face à une baisse des recettes accompagnée d’une hausse des charges.

 Interpellé par le syndicaliste Mademba Sock sur la nécessité de revoir à la baisse les tarifs de l’autoroute à péage, le président s’est encore montré intransigeant. ‘’A côté, il y a la route de Rufisque. Si vous ne voulez pas payer, il y a des alternatives. On veille toujours à ce qu’il y ait une route pour ceux qui ne peuvent pas payer le péage. Mais si on veut rouler en toute sécurité sans des trous, il y a un prix à payer’’, a répliqué le président.

Démarrage du Ter avant la fin de l’année

Toujours concernant le secteur des transports, le chef de l’Etat a annoncé le démarrage prochain de l’exploitation commerciale du Train express régional (Ter) Dakar - Diamniadio. ’’C’est un train à grande vitesse qui fait 160 km/h. Déjà, la voie doit être totalement étanche. On a fini ce travail qui a mis du temps. Il fallait ensuite mettre tous les ponts et les autoponts pour que les populations puissent continuer à vaquer à leurs occupations dans leurs localités sans contrainte. C’est ce qui nous bloque aujourd’hui. La finalisation des passerelles est terminée. Il reste les gares de Thiaroye, de Keur Mbaye Fall et de Diamniadio, et tant que ces gares ne sont pas terminées et restituées, le trafic ne peut pas commencer’’, a-t-il expliqué.

Il ajoute : ‘’Il y a les certifications, les validations. Les gens sont déjà formés. Les trains circulent la nuit pour faire les tests qu’il faut. Mais on ne peut pas engager l’exploitation commerciale, alors que toutes les garanties ne sont pas faites. Croyez-moi, quand le train va commencer, nous allons oublier tous ces obstacles’’, assure le président.

 Assises de la presse et régulation des réseaux sociaux  

 Premier sur le podium pour égrener les doléances du secteur de la presse, Bamba Kassé a presque été le seul syndicaliste avec qui le président de la République était entièrement d’accord sur les revendications. Le secrétaire général du Synpics a fait l’état des lieux de la liberté de la presse marquée par le recul du Sénégal dans le classement de Reporters sans frontières, en passant de la 47e à 49e place. ‘’La presse sénégalaise qui, jadis, et très récemment encore, faisait la fierté de tous, est aujourd’hui piétinée, agressée, menacée, attaquée et trainée dans la boue. Alors qu’habituellement, les quelques violations des droits des journalistes étaient à ranger dans la rubrique d’incidents, à l’occasion notamment de déploiement de forces de l’ordre, aujourd’hui, les médias sont victimes d’un système de guérilla à la sève fasciste : on cherche à leur faire peur ou à les faire taire’’, a martelé Bamba Kassé, Secrétaire général du Synpics.  

Et le président de la République d’abonder dans le même sens. ‘’Je partage vos préoccupations. C’est inacceptable ce qui se passe dans la presse. Mais il faut savoir que si la liberté de la presse régresse au Sénégal, ce n’est pas de la faute de l’Etat’’, s’est défendu Macky Sall.  

Ensuite, le président de la République est revenu sur les dérives sur les réseaux sociaux et a annoncé une régulation dans ce sens. ‘’Le gouvernement a engagé une réflexion sur la régulation du secteur des médias sociaux et les textes sont presque finis. On ne peut pas laisser prospérer ce qui se passe actuellement dans ce domaine au Sénégal. Il n’est pas possible de permettre à des gens de se cacher derrière leur clavier pour détruire la réputation des personnes et des familles gratuitement’’, a fait savoir le chef de l’Etat.

Toujours concernant le secteur de la presse, Macky Sall a demandé au gouvernement de renforcer le budget de l’Agence de presse sénégalaise (APS). ‘’C’est à l’Etat de se donner les moyens d’avoir une Agence de presse sénégalaise, même si nous ne sommes plus dans l’environnement où l’agence faisait quasiment de la propagande pour un régime politique’’, a-t-il préconisé.

ABBA BA

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