Publié le 10 Jul 2020 - 20:09
PROPAGATION DU CORONAVIRUS

239 scientifiques assurent à l’OMS une transmission par l’air

 

Les gestes barrières ne seraient pas suffisamment protecteurs contre la propagation de la Covid-19. Une hypothèse développée par plusieurs experts et qui pourrait permettre de comprendre les difficultés mondiales à maitriser la pandémie, plus que jamais en progression dans le monde et au Sénégal.

 

Aurait-on tout faux, depuis le début, sur les modes de transmission du coronavirus ? Certains experts semblent le penser. En début de semaine, 239 scientifiques ont fait parvenir une lettre ouverte à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) rapportant des éléments qui laissent supposer que la Covid-19 pourrait se transmettre par voie aérienne. Ce qui indiquerait que les gestes barrières tels que présentés jusqu’ici, ne protègent pas totalement contre le virus.

Cette thèse controversée était pourtant avancée au début de l’épidémie. Mais, en l’absence de preuves pouvant la confirmer, elle n’a pas été assez vulgarisée. La situation n’a pas réellement changé concernant les évidences, bien que la lettre des experts, révélée par le ‘’New York Times’’, ait été publiée dans la revue d’Oxford ‘’Clinical Infectious Diseases’’.

Toutefois, ces scientifiques issus de 32 pays différents prétendent que le risque de contamination ne serait pas exclusivement lié à la dispersion de gouttelettes respiratoires, mais aussi à leur présence en suspension dans l'air. Les arguments évoqués suggèrent que le coronavirus peut rester en suspension dans l’air pendant des heures dans de minuscules gouttelettes appelées aérosols, infectant les gens lorsqu'ils inspirent.

S’ils conviennent que le virus ne voyage pas très loin, dans une atmosphère fermée, une personne infectée peut libérer suffisamment de virus ‘’aérosolisés’’ au fil du temps pour infecter de nombreuses personnes, provoquant peut-être un événement de propagation.

L’une des expériences a été conduite par une équipe de scientifiques japonais. Ces derniers ont filmé, grâce à des rayons lasers et des caméras très sensibles, le devenir de ces particules. S’il n’est, à ce stade, pas possible de prouver que ces particules de virus sont viables et peuvent provoquer des infections, cela expliquerait les cas de contamination sans qu’un contact rapproché ait pu être établi avec une personne infectée. Et pour les auteurs de cette lettre, ‘’il existe un potentiel important de risque d’inhalation de virus contenu dans des microgouttelettes jusqu’à plusieurs mètres, de l’ordre de l’échelle d’une pièce’’.

Possible deuxième phase de grande contamination

Mardi, Benedetta Allegranzi, responsable de l’OMS, a reconnu, lors d’une conférence de presse à distance, que la transmission par l’air de la Covid-19 ‘’ne peut pas être exclue’’, en déclarant : ‘’Nous reconnaissons que des preuves émergent dans ce domaine et, par conséquent, nous devons être ouverts à cette possibilité et comprendre ses implications.’’

Jusqu’à présent, l’OMS estimait que le coronavirus était principalement transmis par des gouttelettes projetées dans un périmètre de 1 mètre par la toux, l’éternuement ou la parole. Mais des études sur la Covid-19 et d’autres virus respiratoires ont mis en évidence que des particules virales étaient aussi présentes dans des gouttelettes microscopiques (moins de 5 microns de diamètre) dans l’air expiré par une personne infectée.

Avec les mesures de déconfinement dans le monde, l’OMS a déjà averti que les contaminations sont est en train de s’accélérer. Cette nouvelle donne pourrait en expliquer une grande partie, puisque les mesures barrières déjà appliquées ne permettent toujours pas de prendre le contrôle sur la propagation de la pandémie. Une deuxième phase de grande contamination est même de plus en plus évoquée. Jusqu’hier, 12 068 034 personnes avaient été contaminées dans le monde, avec 6 611 524 cas guéris et 550 159 morts, selon les statistiques de l’OMS.

Au Sénégal, les mêmes indicateurs donnaient, dans la journée d’hier, 7 784 cas dont 5 169 guéris et 143 décès notés.

Conscient de l’urgence, les experts signataires de la lettre plaident, dans un article publié sur lemonde.fr, pour une meilleure ventilation des lieux de travail, des écoles, des hôpitaux et des maisons de retraite. Mais aussi pour l’installation d’outils de lutte contre les infections telles que des filtres à air sophistiqués et des rayons ultraviolets spéciaux qui tuent les microbes dans les conduits d’aération.

Toutefois, la solution la plus accessible reste le port du masque. Avec la distanciation physique et les masques, s'ils sont portés par un nombre suffisant de personnes, les experts assurent qu’ils peuvent réduire considérablement le risque de transmission du virus par les aérosols.

Critiquée pour avoir tardé à recommander le port du masque, l’OMS est attendu au tournant et ses futures directives en matière de prévention face à la pandémie seront scrutées.

DR BOLY DIOP, DIVISION DE LA SURVEILLANCE ET DE LA RIPOSTE VACCINALE

‘’Nous n’avons pas d’arguments scientifiques pour nous prononcer sur cela’’

Depuis le début de la pandémie de Covidd-19, le comportement du virus a montré qu’il reste très difficile à canaliser. A plusieurs reprises, des certitudes se sont révélées moins évidentes. Une réalité qui pousse le docteur Boly Diop à rester prudent sur la capacité de la maladie à se transmettre dans l’air.

Pour l’épidémiologiste, ‘’nous n’avons pas d’arguments scientifiques pour nous prononcer sur cela. On ne peut se prononcer sur des supputations’’.

Bien qu’au fait de l’article publié dans la revue d’’’Oxford Clinical Infectious Diseases’’, le chef de la Division de la surveillance et de la riposte vaccinale de la Direction de la prévention au ministère de la Santé rappelle une histoire récente pour garder ses réserves : ‘’Ce n’est pas parce que c’est publié sur une revue scientifique que c’est vrai. On se rappelle l’article sur l’hydroxychloroquine dans la revue ‘’Lancet’.’’ Le Dr Diop conseille, dans de telles situations, de ne pas se précipiter pour dire des choses.

Lamine Diouf

 

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