Publié le 26 Oct 2017 - 20:41
PROTECTION ET PROMOTION DES DROITS DE L’HOMME

Les acteurs se forment à Dakar 

 

Les défenseurs des droits de l’Homme d’Afrique de l’Ouest et du Centre sont depuis hier en formation à Dakar. Prévu pour trois jours, l’objectif est qu’ils soient mieux outillés sur l’utilisation des mécanismes d’assistance et de promotion des droits de l’Homme. Une occasion pour eux de parler aussi de leur  protection juridique et judiciaire face aux attaques et menaces qu’ils subissent quotidiennement.

 

En 2016, 281 personnes ont été tuées pour avoir défendu les droits de l’Homme, contre 156 en 2015, selon le dernier rapport d’Amnesty International. ‘’Ces chiffres effrayants doivent nous inciter encore plus à travailler ensemble afin d’accroître la protection des défenseurs et de montrer notre solidarité avec ces vigies essentielles à notre humanité’’, a-t-il plaidé. Pourtant, en dépit des dangers, des menaces et des représailles,  fait remarquer le spécialiste des droits de l’Homme de l’Organisation internationale de la francophonie Salvadore Sagues, des femmes et des hommes ‘’en nombre sans cesse croissant’’ décident de ‘’se faire l’écho’’ de violations des droits de l’Homme.

En réalité, explique le Directeur d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Alioune Tine, ces activistes ont été tués dans au moins 22 pays à travers le monde. ‘’Des hommes et des femmes ont été victimes de campagne de diffamation dans 63 pays pour la même raison. Dans 68 autres, ces derniers ont été arrêtés ou placés en détention en raison de leurs actions pourtant pacifiques. Depuis 2014, en Afrique de l’Ouest et du Centre, un manifestant pacifique est tué tous les cinq jours. 271 personnes ont été tuées lors de manifestations ; des milliers d’autres blessées, certains ont été également arbitrairement arrêtés’’, déplore-t-il.

Selon l’ancien président  de la Raddho, les défenseurs des droits de l’Homme viennent de tous les horizons. Ils sont notamment des étudiants, des responsables locaux, des journalistes, des avocats, des victimes de violations des droits humains, des professionnels de la santé, des syndicalistes, des lanceurs d’alertes… ‘’Ce sont des hommes et femmes qui dénoncent des abus de pouvoir des gouvernements et des entreprises. Ils protègent l’environnement, défendent les minorités, s’opposent aux obstacles traditionnels empêchant les femmes et les LGBTI (Ndlr : lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexués) de jouir pleinement de leurs droits. Ils s’élèvent contre les conditions de travail abusives, font face à l’injustice et à la discrimination’’, a-t-il ajouté.

Dès lors, le conseiller technique du ministre sénégalais de la Justice, Moustapha Ka, a estimé  que pour mener à bien sa mission, le défenseur des droits de l’Homme a besoin de connaître son métier. Il doit avoir les ‘’attributs d’un auxiliaire de police judiciaire’’, être ‘’outillé’’ dans la recherche de preuves, d’informations. ‘’Il faut également que le défenseur des droits de l’Homme soit doté d’une capacité d’écoute et d’analyse afin d’en tirer l’essentiel pour aboutir à des poursuites judiciaires. Il doit disposer d’un système de communication. Parce qu’il aura en face lui des acteurs de l’Etat, du secteur privé, du public, de la société civile, mais aussi des victimes de violences’’, prévient le magistrat. Pour lui, tous les grands combats, les procès internationaux ‘’ont commencé grâce à l’initiative, à l’action et au courage’’ des défenseurs droits de l’Homme. ‘’Le débat sur la garantie de leur statut mérite d’être posé’’, dit-il. Selon M. Ka, le 2ème défi consiste à assurer l’accompagnement complet et leur association dans tous les processus jusqu’aux procès. ‘’Je recommande ainsi la possibilité pour tous les défenseurs des droits de l’Homme qui sont en outre des personnes morales de déclencher non seulement l’action publique, mais de se constituer partie civile devant les juridictions répressives’’, a plaidé le magistrat.

Réunir les preuves contre Yaya Jammeh

L’ONG Amnesty international a envoyé en Gambie son directeur régional adjoint pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre Stephen Cockburn. Avec les organisations de la société civile gambienne et les victimes du régime de Jammeh, il va essayer de réunir des preuves pour lancer une poursuite judiciaire contre l’ancien président Yahya Jammeh. ‘’Nous allons essayons de rassembler toute la documentation et les témoignages nécessaires pour attraire Yahya Jammeh devant la Justice. Les victimes doivent comprendre les raisons pour lesquelles il y avait une telle machine répressive, pour plus jamais en Gambie et en Afrique, qu’on ait des gens comme lui’’, a indiqué Alioune Tine. Ainsi, il a affiché son optimisme par rapport à l’aboutissement de ce processus. ‘’Quand on commençait l’affaire Hissein Habré en 2000, personne ne croyait qu’on arriverait à le faire juger, tant il avait les moyens, les appuis, les soutiens politiques, sociaux, sans compter ceux religieux’’, a-t-il signalé.   

MARIAMA DIEME

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