Publié le 20 Aug 2012 - 10:32
RELIGION

Hambourg reconnaît les jours fériés musulmans

 

Le maire de Hambourg joue les modestes. Pour l'élu social-démocrate, offrir une meilleure place aux musulmans au sein de la société relève de «l'évidence», «mais parfois les évidences ont besoin de beaucoup de temps pour s'imposer», note Olaf Scholz.

 

Après sept années de négociations avec les représentants musulmans et alévis, la ville-État de Hambourg est devenue mardi dernier le premier Land à reconnaître les jours saints de l'islam. Sept années de réflexion pour un mariage de raison. L'accord repose sur le donnant-donnant: reconnaissance des jours de fête, mais aussi d'un droit à l'enseignement de l'islam dans les écoles publiques et de certains rites de funérailles, en échange d'une acceptation sans réserve des règles de l'État de droit allemand, notamment les principes de la Loi fondamentale tels que l'égalité de traitement entre hommes et femmes.

 

Les quatre associations qui ont signé le texte parlent d'«un jour historique». L'évêque auxiliaire de Hambourg, Mgr Hans-Joachim Jaschke, y voit «un bon signal».

 

Paraphée à quelques jours de la fin du ramadan, l'entrée des jours de fête dans le calendrier du Land est le point le plus symbolique. Ils obtiennent le même statut que le Jour des pénitences et des prières, fête protestante du mois de novembre inscrite au calendrier mais qui ne donne pas lieu à un jour férié. Les fidèles qui souhaitent chômer ou dispenser leurs enfants d'école ce jour-là en ont officiellement le droit, sans avoir à se justifier. Trois jours de fête par an seront ainsi accordés aux 130.000 musulmans et 50.000 alévis de Hambourg.

 

La mise en place de cours de religion dans les écoles publiques demande, en revanche, quelques ajustements. Une phase test de cinq ans débutera à la rentrée. La ville portuaire redoute d'échouer sur l'écueil du manque d'enseignants.

 

Nouvelle législation

 

Depuis quelques années, l'Allemagne a pris à bras-le-corps la question de la formation des théologiens de l'islam. La plupart des 2000 imams du pays ne parlent pas allemand, envoyés en mission par la Turquie ou des États arabes. À terme, quatre universités de renom dis­poseront d'une faculté de théologie ­musulmane. À Münster-Osnabrück et à Tübingen, les premiers cours commencent mi-octobre. Exégèse du Coran, droit islamique mais aussi droit allemand, les «futurs professeurs d'islam devront allier tradition et modernité», tranche Bülent Ucar, qui siège au conseil confessionnel de l'université d'Osnabrück.

 

Petit à petit émerge ainsi un islam d'Allemagne, pays où la laïcité n'existe pas mais où l'État est religieusement neutre. C'est au nom de ce principe que la chancelière a ouvertement critiqué la décision du tribunal régional de Cologne de pénaliser la circoncision. Fin juin, les juges rhénans avaient estimé que cette pratique représentait une atteinte à la dignité du corps de l'enfant. «Nous passons pour une nation de comiques», avait tempêté Angela Merkel. Elle a demandé à son gouvernement de plancher sur une nouvelle législation. Initiative approuvée immédiatement par l'ensemble des groupes parlementaires du Bundestag.

 

Le Figaro

 

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