Publié le 29 Sep 2015 - 00:41
RENTREE SCOLAIRE 2015/2016

« Ubbi tey ngacc tey » en lieu et place de « Ubbi tey jang tey » 

 

A six jours de la rentrée scolaire, les écoles de la banlieue dakaroise ne sont pas en état d’accueillir élèves et personnel. Les herbes et les eaux pluviales risquent de fausser le concept « Ubbi tey jang tey » (commencer les cours le jour de la rentrée), cher au ministre de l’Education nationale et à la Cosydep.

 

L’ouverture des classes, prévue le 5 octobre pour les enseignants et le 8 pour les élèves, risque de ne pas être effective dans toutes les écoles de la banlieue. Lors d’un atelier, il y a deux semaines, la coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) et ses partenaires avaient lancé la campagne de sensibilisation dénommée « Ubbi tey jang tey » qui veut le démarrage des cours le jour de la rentrée des classes, dans toutes les écoles sénégalaises. Mais aujourd’hui la situation sur le terrain risque de compromettre ce souhait. Un tour dans certaines localités de la banlieue permet de le constater. A Yeumbeul, Keur Massar et Thiaroye sur mer, la situation est identique. De nombreuses écoles visitées ne sont pas prêtes à accueillir les élèves et leurs enseignants. C’est le cas à l’école élémentaire d’Unité 11 des Parcelles Assainies de  Keur Massar.

En cette matinée du jeudi 24 septembre, rien ne montre qu’on est à dix jours de la rentrée scolaire. Située dans un quartier très touché par les inondations, l’école n’a pas été épargnée. Pour y accéder, il faut passer par de nombreuses briques qui font office de passerelle. Une grande partie de la cour de l’établissement non clôturée est remplie d’eau. L’autre est gagnée par de hautes herbes qui font le bonheur de tous les ruminants du quartier. D’ailleurs, les éleveurs viennent y chercher de l’herbe pour nourrir leurs bêtes à la maison.

« Ubbi tey jang tey », une chimère

Les portes et fenêtres de tous les cinq bâtiments de l’école sont fermées. Seul quelques enfants et des moutons à la recherche de pâturage sont présents dans la cour. Ici les eaux et les herbes risquent de fausser la rentrée scolaire. « Les élèves pourront faire cours ici le 8 octobre, mais c’est sûr qu’on ne pourra pas désherber toute la cour et évacuer l’eau », déclare Abdoulaye Bâ, élève en classe de 3ème et ancien pensionnaire de l’école.  De taille moyenne et de teint clair,  lui ses copains sont en train de couper de l’herbe pour leurs moutons. Chaque année, explique-t-il, après le désherbage, les autorités amènent des camions de sable pour remblayer et faire disparaître l’eau. Cette année, rien n’est encore fait. Ici, tout laisse à penser que le slogan « Ubbi tey jang tey » ne sera qu’une chimère.

Les parents d’élèves, préoccupés par la fête de l’Aïd El kébir, n’ont pas encore pensé au nettoyage des établissements scolaires. Mais, contrairement à l’école de l’Unité 11 de Keur Massar, celle de la cité Comico de Yeumbeul risque aussi de ne pas respecter les délais, non pas à cause des inondations, mais à cause des sinistrés qui l’occupent. L’établissement se situe dans une zone non envahie par les eaux de pluie, devenant le lieu idéal pour le relogement des victimes des autres quartiers voisins. Malgré notre insistance, les occupants n’ont pas daigné ouvrir les portes de la cour hermétiquement fermée. De loin, on pouvait apercevoir de nombreux habits accrochés sur les fenêtres et le balcon de l’un des bâtiments. Après avoir confirmé que l’école est occupée par des sinistrés, un jeune du quartier a dit ignorer s’ils quitteront ou non avant le 5 de ce mois, date de la rentrée des enseignants.

Situation chaotique à Thiaroye sur mer

 « Ubbi tey ngacc tey » (Commencer l’évacuation des eaux le jour de l’ouverture des classes). Ces propos sont de notre guide à Thiaroye sur mer pour dire que rien n’est encore fait pour que les écoles soient prêtes à accueillir les enseignants, le 5 octobre prochain. A l’école Malick Diop, ex-école 2, la situation est chaotique. Située dans une zone frappée de plein fouet par les inondations, elle est le point de convergence de toutes les eaux de pluie du quartier.

Accéder à cette localité coincée entre la nationale 1 et l’océan Atlantique, à hauteur de la poste Thiaroye, relève d’un parcours du combattant, en cet après-midi du jeudi 24 septembre. Toutes les ruelles de ce village populeux et sans lotissement sont remplies d’eau noirâtre.  Devant le portail de la cour, le visiteur peut avoir l’impression d’être au bord d’un fleuve. Un tuyau sort de l’école, destination la mer qui se trouve à quelques centaines de mètres. Le lieu qui est un bas-fond est rempli d’eau jusqu’à 50 cm de hauteur. Alioune Sène, notre guide du jour, a fait ses études dans cet établissement qui compte six bâtiments construits sur un espace réduit, avant de faire ses humanités au Collège Camp Thiaroye.

L’étudiant en Droit à l’Ucad, par ailleurs encadreur dans le cadre du programme de soutien aux élèves en difficulté « Paquet » mis en place par le ministère de l’Education nationale, déplore la situation et pense que l’école va ouvrir ses portes avec un retard. « Notre problème, c’est qu’il n’y a pas de routes goudronnées ni de canalisation pour évacuer les eaux vers la mer qui se trouve pourtant tout près », explique-t-il. Derrière l’un des bâtiments sont posées des tables sur lesquelles poussent quelques plantes. Notre guide explique qu’il s’agit de micro jardinage, mais que toutes les plantes ont été détruites par la pluie. Il ne reste qu’un énorme tas de compost  utilisé comme engrais.

Dans la banlieue, le constat est que beaucoup d’écoles aujourd’hui ne sont pas en mesure d’accueillir les apprenants et leurs enseignants.

ABDOURAHIM BARRY (STAGIAIRE)   

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