Publié le 29 Dec 2020 - 21:32
SANTE 2020

Andémique !

 

L’année 2020, marquée par la Covid-19, aura été un cas grave, difficile à gérer pour les autorités sanitaires. Il a fallu un véritable tour de vis sur les libertés, pour limiter sa propagation.

 

2020 restera une date particulière dans l’histoire moderne de l’humanité. Et l’un des acteurs qui aura marqué les esprits cette année, c’est sans conteste la Covid-19. Le nouveau coronavirus a fait une irruption ‘’triomphale’’ au Sénégal et dans le monde entier. Plus qu’une rencontre avec les populations, cette attaque du virus a été hautement catastrophique pour les hommes et les économies. La Covid-19 est une maladie infectieuse émergente, appelée coronavirus 2019 ou Covid-19, provoquée par le coronavirus SARS-CoV-2.

Elle est apparue à Wuhan, le 17 novembre 2019, dans la province de Hubei (en Chine centrale), avant de se propager dans le monde. Le Sénégal, ayant une importante population chinoise dans son territoire, a mis un dispositif sécuritaire dans tous les ports et aéroports. Il s’agissait, au début, de screener tous les passagers venant de la Chine. Cela permet de savoir si la personne a de la fièvre, un des signes d’une contamination.

Le 2 mars, le Sénégal a enregistré son premier cas positif de coronavirus ; un Français qui est arrivé au pays à bord d’Air Sénégal, le mercredi 26 février. Selon le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, qui a donné l’information le vendredi 28 févier 2020, la cellule d’alerte du ministère a été contactée par une structure médicale privée de la place, au sujet d’un patient de nationalité étrangère, reçu en consultation et présentant une fièvre à 39°C, un mal de gorge et des maux de tête.

Ainsi, sur la base de ce tableau clinique répondant à la définition de cas, une équipe s’est immédiatement rendue sur les lieux pour pousser les investigations et effectuer des prélèvements. Il s’agissait d’un patient de nationalité française, marié et père de deux enfants, qui vit au Sénégal avec sa famille depuis plus de deux ans. Il a séjourné en France, à Nîmes, et à la station de ski en région d’Auvergne-Rhône-Alpes, dans la période du 13 au 25 février 2020. Il est arrivé au Sénégal le 26 février 2020, après ses vacances.

Le Sénégal ferme les portes du ciel

Les résultats des tests effectués par l’Institut Pasteur de Dakar se révélant positifs, le patient est mis en isolement au Centre de traitement du Service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Fann. Le dispositif de surveillance et de riposte à la Covid-19 est renforcé et les moyens sont mis en œuvre pour circonscrire la maladie. Quelques jours après, le patient est déclaré guéri.

Entre-temps, le pays a eu 5 autres cas.

Le 10 mars 2020 marque un tournant. A 17 h, le directeur de cabinet du ministère de la Santé et de l’Action sociale d’alors, Docteur Aloyse Waly Diouf, annonce que le Sénégal vient d’enregistrer un 5e cas positif, un ‘’modou-modou’’ (émigré) sénégalais résidant en Italie et âgé de 55 ans, habitant à Touba. Il est arrivé le vendredi 6 mars à l’aéroport international Blaise Diagne et a été pris en charge au Service des maladies infectieuses de Fann.

Quelques semaines plus tard, il est déclaré guéri. Mais il a eu le temps de contaminer 25 personnes. Entre le 10 et le 24 mars, Touba cumule 26 cas. Mais l’équipe médicale parvient à étouffer le mal dans l’œuf. La région traverse une accalmie qui fait naître les espoirs d’une guérison complète. Deux semaines sans un nouveau cas. Du 24 mars au 10 avril exactement.

Mais parallèlement, les cas se multiplient ailleurs, faisant basculer le pays dans une contagion qui ne dit pas son nom. La situation devient critique. Les mesures barrières indiquées par le ministère ne sont pas suivies. Les hôpitaux sont débordés.

Au même moment, c’est presque le désert sur le plan médical. La capacité d’accueil des malades de la Covid reste très faible, les lits de réanimation se comptent du bout des doigts, les appareils respiratoires quasi-inexistants. Sur le terrain, les salles de réanimation sont rapidement bondées, le personnel de santé, en plus d’être lessivé, se contamine à grande échelle. Le ministère de la Santé est inquiet. Les ambulances du Samu national font des navettes. Les téléphones du SNEIPS et du Samu explosent. C’est une vraie catastrophe.

Fermeture des lieux de culte

Le mercredi 18 mars, le Sénégal ferme partiellement ses frontières aériennes. Trois jours plus tard, la fermeture est totale. La décision est prise par le ministère du Tourisme et du Transport aérien.  Le département dirigé par Alioune Sarr suspend tous les vols commerciaux en provenance et à destination des aéroports du Sénégal. Ce qui veut dire que l’exception ne concerne que des vols domestiques entre l’AIBD et Ziguinchor, des vols cargo, des évacuations sanitaires et des vols spéciaux autorisés. Les autorités se sont appuyées sur les recommandations des professionnels de la santé et l’Organisation mondiale de la santé, en vue de rompre la chaine de transmission de la Covid-19.

La fermeture des voies aériennes du Sénégal n’est pas la seule mesure prise par le gouvernement. A l’intérieur du pays, les rassemblements sont formellement interdits. Pour être plus précis sur les mesures de l’arrêté n°007782 du 13 mars 2020 du ministère de l’Intérieur, le ministre Aly Ngouille Ndiaye fait un communiqué plus explicite. ‘’Pour la période allant du 14 mars au 14 avril 2020, les manifestations ou rassemblements de personnes dans les lieux ou endroits ouverts au public sont interdits sur l’ensemble du territoire national. Sont concernés par cette mesure d’interdiction les manifestations soumises à une déclaration préalable obligatoire, les processions sur la voie publique telles que les marches, cortèges, défilés, randonnées pédestres, chants religieux, marchés hebdomadaires. Les rassemblements ou regroupements dans certains lieux publics tels que les salles de spectacle, les stades et autres terrains dédiés au sport, les lieux de baignade sont aussi concernés’’.

Les établissements et autres lieux de collation recevant du public tels que les restaurants sont invités à privilégier la vente de plats à emporter, afin de réduire au strict minimum les regroupements à fort contact humain. Pour les évènements tels que les funérailles, baptêmes, mariages et autres cérémonies familiales, il est demandé aux organisateurs de veiller scrupuleusement à leur tenue dans les maisons sans grand rassemblement et d’éviter toute occupation ou empiètement de la voie publique. Bref, il y a eu un vrai tour de vis pour circonscrire la maladie.

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COUVRE-FEU, DIFFEREND AVEC PR. SEYDI, VACCIN

Au creux de la vague

Le déficit d’infrastructures et de matériel médical ainsi que la soufflante du Pr. Moussa Seydi auront marqué la lutte contre la pandémie de Covid-19 au Sénégal.

Au moment où tout s’assombrit, il est difficile, pour les Sénégalais, de respecter les mesures prises par le gouvernement. Ce qui pousse le président Macky Sall à déclarer l’état d’urgence, le 23 mars. Une mesure entrée en vigueur le lundi 24 mars à minuit, dans le cadre du relèvement du niveau de la riposte à la Covid-19. Elle est assortie d’un couvre-feu sur l’étendue du territoire national, de 20 h à 6 h.

Cet état d’urgence ne sera pas sans effet. Il est accompagné de mesures : la réglementation ou l’interdiction de la circulation des personnes, des véhicules ou des biens dans certains lieux et à certaines heures. Quelques jours après, une interdiction est imposée au transport de voyageurs de région à région.

Malgré toutes ces mesures, la situation ne se décante pas. La prise en charge des malades de Covid-19 commence à déborder. Les décès deviennent récurrents. Faisant le point sur la maladie, le coordonnateur général du Centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous), Docteur Abdoulaye Bousso, soutient que les cas augmentent et la capacité de prise en charge de nos structures de santé est en train d’atteindre son degré de saturation. C’est pourquoi, dit-il, la prise en charge extrahospitalière a commencé avec l’utilisation de structures non-hospitalières pour prendre en charge les patients positifs.

Cette prise en charge extrahospitalière va aussi s’étendre à des réceptifs hôteliers. Car leur capacité est occupée par la plupart des cas contacts. Les réceptifs hôteliers vont être dédiés aux personnes positives asymptomatiques.

D’ailleurs, à cause de ce manque d’espace, tous les Sénégalais de l’extérieur rapatriés n’ont pas été mis en quarantaine. C’est-à-dire les passagers des vols spéciaux. Pour le docteur Abdoulaye Bousso, par rapport aux voyageurs entrants, la décision prise est de revenir à la stratégie initiale. C’est-à-dire un screening de tous les voyageurs à l’entrée, toute personne suspecte sera isolée, prélevée en attendant son résultat. Si cette personne est positive, elle va être transférée dans les centres de traitement.

A ce stade, les autorités sanitaires ne cessent de changer de stratégie.

Au déficit de places dans les hôpitaux, vient s’ajouter le problème du plateau technique. En visite au centre de traitement des malades atteints de la Covid-19 dans la région de Ziguinchor, le professeur Moussa Seydi déplore l'inexistence de service de réanimation de l'hôpital régional. ‘’Ziguinchor ayant une unité de formation et de recherche (UFR Santé, à l’université Assane Seck) et des professeurs de talent dans cette UFR, il est inconcevable qu’il ne puisse pas se doter d’un service de réanimation répondant aux normes. C’est la fausse note majeure que j’ai constatée à Ziguinchor’’, fustige le Pr. Seydi. 

Avant d’ajouter qu’il a constaté quelques petits problèmes au niveau des équipements. ‘’Le service de réanimation du centre hospitalier régional de Ziguinchor n’est pas du tout fonctionnel. Ce service de réanimation n’est pas construit selon les normes, alors que quand on gère ce genre de maladie, on doit se préparer au pire’’, dénonce l’infectiologue.

Cette critique est très mal prise par certains agents du ministère. Ainsi, à la place des solutions pour juguler ce manquement qui met la vie des patients en péril, le chef du Service des maladies infectieuses récolte des attaques. Ce qui entraine une brouille entre les acteurs de la lutte contre le virus.

Après quelques mois de lutte, le pays connait, enfin, une baisse des cas. Mais cela n’est que de courte durée. Une deuxième vague s’annonce, au moment où la course effrénée vers le vaccin fait débat dans le monde.

Le Sénégal, quant à lui, n’a pas encore fait son choix. Toutefois, le ministre précise que le choix se portera sur un vaccin homologué par l’Organisation mondiale de la santé.

Maladie étrange des pêcheurs

Une maladie mystérieuse est apparue au mois de novembre chez des pêcheurs, à Thiaroye-sur-Mer et s’est propagée à d’autres localités du Sénégal, déclenchant une panique dans tous les villages de pêcheurs. Elle infecte les pêcheurs qui reviennent de mer. Ils ont des lésions souvent graves. Des centaines de cas ont été identifiés. Alors que des centaines de personnes souffrent d’atteintes, notamment dermiques, liées à la maladie, les autorités sanitaires cherchent la cause, indiquant que la source n’est pas virale. Les résultats des analyses de la maladie mystérieuse sont toujours attendus. Mais, à en croire le ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr, le processus de recherche est en cours. Le centre antipoison a été mobilisé pour faire l’investigation sur les algues.

‘’Puisque la situation est assez nouvelle, à un certain niveau de recherche, il faut partager avec la communauté scientifique, dans le cadre des relations internationales. Le centre de recherche sur les produits halieutiques qui se trouve à Nantes et qui est partenaire du centre antipoison, a été saisi pour confirmer un certain nombre de choses et pousser la recherche’’, annonce-t-il. 

Dans le même temps, Diouf Sarr invite à éviter d’aller à des conclusions hâtives. ‘’Cette question sera tirée au clair au profit des pêcheurs et de la population’’, dit-il. Avant d’assurer que, depuis le début du mois de décembre, tous les cas sont guéris. ‘’On n’a pas eu de nouveau cas. Il n’y a pas eu de contamination secondaire non plus’’.

VIVIANE DIATTA

 

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