Publié le 9 Mar 2018 - 02:16
MOUSSA TAYE (CONSEILLER POLITIQUE DE KHALIFA SALL)

‘’Le 30 mars sera le jour de la liberté pour Khalifa Sall’’

 

Arrêté et placé sous mandat de dépôt le 7 mars 2017, Khalifa Sall vient de passer un an en prison. En attendant le verdict de son procès prévu le 30 mars prochain, son conseiller politique, Moussa Taye, estime que si le droit est dit, tous les prévenus seront relaxés et regagneront les rangs pour porter le combat de la Présidentielle de 2019. Entretien

 

Khalifa Sall vient de passer un an en prison. Quel est le sentiment qui vous anime ?

Je suis animé par un sentiment de déception vis-à-vis des instigateurs de ce complot ignoble qui l’a conduit et maintenu en prison pendant douze longs mois. Mais aussi un sentiment de fierté pour l’avoir vu pendant tout ce temps être admirable de courage et de dignité dans cette épreuve, armé de conviction et de foi.

Pendant tout ce temps qu’a duré son emprisonnement, pensez-vous avoir mené le combat qu’il fallait pour le sortir de cette situation ?

Nous avons mené le combat comme cela se devait. C’est d’ailleurs ce qui explique le sentiment de fierté que j’éprouve et qui va vers toutes ces femmes et tous ces hommes d’ici et d’ailleurs, compatriotes et étrangers, jeunes et moins jeunes qui ont soutenu, accompagné et défendu Khalifa Sall sans jamais renoncer ou abdiquer. L’histoire retiendra que Khalifa est certainement l’un des prisonniers politiques sénégalais à avoir bénéficié le plus du soutien inaltérable de ses compatriotes, surtout de l’opposition et de la société civile. C’est aussi le lieu de remercier, en son nom, tous les combattants de la liberté et de la justice. Vous comprendrez donc que la réponse à votre question coule de source. Nous estimons avoir fait tout ce qu’il fallait pour défendre notre leader. Et lui-même en est conscient et fier.

En plus de son emprisonnement, Khalifa Sall a été également exclu du Parti socialiste. Pour beaucoup, il a été sacrifié par son entourage composé de téméraires et de fougueux. Qu’en pensez-vous ?

La décision d’exclusion est juridiquement nulle et nous en avons fourni les preuves. Au plan social, cela s’assimile à de la lâcheté. Ceux qui ont pris cette odieuse décision ont surtout prouvé à la face du monde leur manque d’humanisme et de solidarité. Khalifa n’est pas sacrifié. Loin de là. Il paye pour son engagement et sa détermination à préserver le legs des socialistes de valeurs.

Est-ce que finalement Ousmane Tanor Dieng et ses soutiens n’ont pas eu raison de vous surtout avec le revers essuyé lors des dernières élections législatives avec votre défaite à Dakar ?

Nous avons fait un choix, celui de la liberté, de l’engagement et du dynamisme. Dans des conditions extrêmement difficiles où notre leader a été séquestré, isolé, nous avons réussi tant bien que mal à participer aux élections législatives avec une grande coalition et malgré toutes les péripéties que je n’ai pas besoin de rappeler ici, nous avons fini troisième. Notre score est plus qu’honorable avec toutes les fraudes et les exactions du pouvoir. Nous en sommes fiers et tous les socialistes de conviction avec nous. Mieux, cela fonde le point de départ pour la refondation du Ps et de la gauche en général, avec l’offre que nous comptons présenter aux Sénégalais. Cela n’a rien à voir avec la position suiviste et opportuniste de ceux que vous nommez et qui ne s’intéressent qu’à des strapontins.

Aujourd’hui, son entourage semble être divisé avec un Barthélémy Dias qui se positionne de plus en plus comme le plus proche collaborateur du maire de Dakar et Bamba Fall qu’on accuse de vouloir transhumer à l’Apr. Comment appréciez-vous cette situation ?

Nous ne sommes pas dans une logique de candidature de remplacement ou de plan B. Depuis le début, Barthélémy fait preuve d’un engagement et d’une loyauté exemplaires à l’instar de tous les autres responsables. Bamba Fall a clairement dit qu’il reste socialiste et que Khalifa Sall est son candidat.

On dirait qu’à l’absence du chef, l’entourage de Khalifa Sall est en lambeaux. Est-ce que cette situation ne risque pas de vous perdre ?

Je vous serai certainement reconnaissant de m’indiquer les faits sur lesquels vous vous basez pour dire que l’entourage de Khalifa est en lambeaux. Aucun fait, aucune situation ne permet d’affirmer cela. Bien au contraire, notre modèle d’organisation est un exemple. Ceux qui soutiennent Khalifa Sall sont nombreux et viennent d’horizons divers. Vous avez les militants socialistes, les mouvements de soutiens, les partis alliés et les sympathisants. Nous avons réussi à fédérer tout ce beau monde et à travailler ensemble malgré nos différences. Je puis même vous confirmer que beaucoup de compatriotes nous ont rejoints dans cette dynamique.

Le procès du maire de Dakar va bientôt connaître son épilogue avec le verdict qui sera rendu le 30 mars prochain. Quel commentaire cela vous inspire ?

Le 30 mars sera un jour de liberté parce que je suis convaincu que si le droit est dit, comme l’a indiqué le Président Lamotte, les prévenus seront relaxés. J’ai bon espoir que le droit sera dit et que la justice, fortement ébranlée, va retrouver sa crédibilité. J’y crois malgré toutes les tentatives d’instrumentalisation de l’Exécutif. Je crois que la magistrature fera face.

Au vu de toutes les péripéties notées lors de ce procès et les multiples revers essuyés jusqu’au niveau de la Cour de justice de la Cedeao où Khalifa Sall a été débouté, pensez-vous que le maire de Dakar puisse être relaxé ?

Vous avez raison de parler de péripéties. C’est vrai qu’il en a eu durant toute la procédure judiciaire. Depuis la fameuse conférence de presse du procureur de la République jusqu’au procès en passant par le laxisme de l’instruction et les rejets systématiques des requêtes, il y a de quoi s’inquiéter. Pour la CEDEAO, il s’agit d’une manœuvre grotesque du pouvoir qui cherche à manipuler l’opinion. Mais, nous avons fait face durant cette période et nous sommes prêts à faire face encore.

Si jamais Khalifa Sall s’en sort avec une condamnation qui l’empêcherait de se présenter en 2019, qu’allez-vous faire ?

Nous travaillons dans l’hypothèse d’une libération totale. A partir du 30 mars, nous continuerons à dérouler notre programme de travail en direction de la Présidentielle, avec en prime la présence rassurante de Khalifa Sall qui rejoindra l’équipe. C’est vous dire que notre seul objectif est de faire de Khalifa Sall notre candidat. Pour ce qui est du Ps, je réaffirme notre ancrage dans ce parti.

Il se susurre des négociations entre Khalifa Sall et le pouvoir pour sa libération. Qu’en est-il réellement ?

Je le dis, je le répète, je le réitère : Il n’y a aucune espèce de négociations entre Khalifa Sall et le pouvoir. Ni directement ni indirectement. Ni diurne ni nocturne. Ni matinal encore moins vespéral. C’est une vue de l’esprit.

Le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye et le ministre conseiller Youssou Ndour ont marqué l’actualité politique par des déclarations qui ont suscité  beaucoup de réactions. Votre commentaire ?

Le ministre de l’Intérieur a affiché clairement ses positions partisanes. Il a parlé en direct et en wolof, ce qui veut dire que ses propos ne prêtent pas à confusion. Il est disqualifié pour organiser les élections. Je conseillerais à Youssou Ndour de se départir de son poste de ministre conseiller pour le moins encombrant et de se consacrer à ses activités privées.

PAR ASSANE MBAYE

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