Publié le 19 Jan 2024 - 14:20
RESTAURATION - SÉNÉGAL

 Ce qu'il faut pour sauver la mangrove

 

Dans le souci de trouver des options pour le financement de la restauration des mangroves au Sénégal, une étude a été menée.

 

Dans le cadre du Projet d’appui à la politique d’aires marines protégées du Sénégal à travers la conservation et la mise en valeur durable des mangroves de la Casamance et du Sine-Saloum, la Direction des aires marines protégées et classées (Damp) a commandité une étude. Selon le patron de cette structure qui prenait part hier à l’atelier de validation de l’étude, analyse de la faisabilité des différentes options de financement de la restauration des mangroves au Sénégal sur la base de la finance carbone, la présente étude a avancé un chiffre d’environ 32 000 ha en Basse-Casamance et dans le delta du Sine-Saloum, dont la valorisation correspond à un potentiel conservatif total de 146 623 t de CO2 absorbées par les plantations de palétuviers chaque année.

Selon le colonel Mamadou Sidibé, en termes financiers, l’ensemble des surfaces potentielles reboisées pourrait générer, selon les standards volontaires carbone choisis, entre 800 000 et 1,4 million USD par an pendant 30 ans, grâce aux recettes issues de la vente des crédits carbone générés par les projets.

Cependant, la valorisation de cette ressource, d’après lui, appelle une organisation institutionnelle de maîtrise des superficies dédiées à ces opérations et de suivi et de partage équitable des retombées générées, en particulier pour les communautés à la base.

Les résultats de l’étude

Parcourue par ‘’EnQuête’’, l’étude a constaté que de nombreux acteurs agissent de façon non coordonnée. Elle souligne également des tensions locales et des conflits en gestation, en raison des effets cumulés de compétition, de manque de régulation et de vision globale partagée, des reboisements quasi monospécifiques et pas forcément avec des taux de réussite réels confirmés sur la durée, des bénéfices et co-bénéfices locaux discutables, un cadre institutionnel largement améliorable, un cadre juridique inexistant de la finance carbone.

Concernant le potentiel de restauration de la mangrove, l’étude a montré que dans les zones de la Basse-Casamance, il y a 27 166,63 ha (mangrove totale), 18 192,41  (vasières totales), 16 031,79  (vasières reboisables).

Pour le delta du Saloum, il y a une quantité de 61 389,30 (mangrove totale), 17 977,80 (vasières totales) et 15 842,67 ha (vasières reboisables).

Dans les régions, il y a un total de 31 874,46 ha de vasières reboisables, (dont 16 031,79 pour la Casamance et 15 842,67 pour le delta du Saloum), 146 623 t CO2/an (73 746 pour la Casamance et 72 876 pour delta du Saloum) et 433 493 t CO2/an (dont 218 032 pour la Casamance et 215 460 pour le delta du Saloum).

Cela correspond à un potentiel financier compris entre 800 000 dollars et 1,4 million de dollars par an pendant 30 ans, selon le document.

Concernant le potentiel de restauration de la mangrove, l’étude soutient que le potentiel ne couvre pas toute la Casamance ni la totalité du Saloum. ‘’Le potentiel (31 875 ha) est au-delà des objectifs inconditionnels et conditionnels (26 500 ha), mais la marge de manœuvre est faible : les risques de conflit d’acteurs sur les droits d'usage et d'affectation du sol, le risque d'échec des reboisements sur les vasières récupérées en l'absence de restauration des conditions édaphiques et hydrologiques en amont des reboisements, les risques sur la comptabilité carbone). L’incertitude est élevée et dépend pour beaucoup du carbone organique du sol’’, lit-on dans le document.

Les recommandations

Elles sont partagées en trois scénarii. Pour le scénario 1, c’est le statu quo ; le 2 évoque le pragmatisme à court terme et le  scénario 3 est le renforcement de l’encadrement des projets à moyen long terme.

Ainsi, le premier cité parle de la probabilité élevée de couvrir rapidement les engagements de la CDN (32 000 ha) seulement au travers d’acteurs extérieurs de la finance carbone, fragilisation des relations sociales locales, le risque accru de reboisements ‘’anarchiques’’, l’export de capitaux dont pourrait bénéficier le Sénégal.

Le scénario 2 parle des garanties pour les développeurs de projet, à savoir les procédures de validation avec jalons clairs d’approbation (validation des sites par une entité locale responsable), accès à un document de cycle de projets intégrant les procédures de validation détaillées, accès à une base de données unique de l’occupation du sol pour les projets carbone, validation de facteurs d’émission nationaux. Il y a aussi des garanties pour le Sénégal qui souhaite imposer des certifications carbone de haute qualité pour les initiatives à venir, imposer un cahier des charges aux développeurs de projets (validité des sites, conception participative locale, objectifs de développement durable, transition énergétique locale), étude sur le partage des bénéfices pour une clé de répartition juste.

Pour le scénario 3, il faut un renforcement des capacités et le développement des outils de finance carbone via les fonds multilatéraux pour  préparer les futures actions de conservation après restauration. Il faut également un renforcement des capacités de l’Observatoire national des zones humides pour une  information cartographique et biomasse végétale, la coordination des institutions à travers une stratégie nationale bas carbone multisectorielle, etc.

CHEIKH THIAM

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