Publié le 3 Oct 2012 - 20:06
À L'ÉPREUVE DU MOUVEMENT SOCIAL

Les femmes en quête de concepts clairs

La première phase de l'atelier de partage et de validation de deux études portant sur le «Mouvement social des femmes» et sur les «Violences basées sur le genre», démarrée hier, a été un moment d'introspection pour les militantes des droits de la femme, de diverses générations, qui ont encore du mal à s'entendre sur les concepts de genre...

 

 

«Mouvement social», «mouvement féministe» ou «mouvement de femmes»... Autant de concepts qui peuvent sembler flous aux yeux d'une certaine frange de l'opinion, le seraient encore davantage chez des militantes des droits de la femme. L'atelier de partage de l'étude sur «Le mouvement social des femmes au Sénégal» réalisée par l'historienne Ndèye Sokhna Faye, organisé par l'UNESCO-BREDA en partenariat avec Onu-Femmes et le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA), a permis aux femmes leaders de poser le débat sur le caractère alambiqué des concepts de genre tout en réfléchissant sur les voies et moyens d'harmoniser leurs actions.

 

A cet effet, les différentes panélistes, avec comme modératrice la sociologue Mariama Touré Thiam, ont souligné qu'il est prématuré d'évoquer l'existence d'un mouvement social de femmes dans notre pays. Habibatou Ndiaye, présidente de la Fédération des associations féminines du Sénégal (FAFS), estime à cet effet que «si le féminisme est un état d'esprit, en revanche le mouvement social mondial tel qu'il est conçu n'est ni masculin ni féminin, mais réunit les altermondialistes». Si l'émergence des mouvements de femmes s'est toujours accompagnée d'une «mauvaise compréhension» du bien fondé de leurs actions, selon des intervenantes, Habibatou Ndiaye rappelle pour sa part que «pour transformer une société, il faut la détruire d'abord avant de la reconstruire, mais sur la base de nos valeurs».

 

«Les femmes ne sont pas toutes des saintes» (Diatou Cissé Badiane)

 

Une connotation négative continue à entourer le mouvement féministe qui serait en contradiction avec les idéaux de la société traditionnelle. «Nous sommes culpabilisées au point que nous n'avons pas toujours le courage de revêtir le manteau de féministe», indique Diatou Cissé Badiane. Selon la secrétaire générale du Syndicats des professionnelles de l'information et de la communication (SYNPICS), «nous ne savons plus où nous allons ni même qui fait quoi aujourd'hui avec ces mouvements de femmes».

 

Conséquence, dit-elle, «nous ignorons jusqu'à présent où se trouve l'unique voix des femmes.» L'occasion a semblé trop belle pour la patronne des journalistes de toucher du doigt un mal. «Il y a du tout au sein des mouvements de femmes. On en voit qui usent de leurs positions de pouvoir pour des détournements stratégiques», s'indigne-t-elle avant d'avertir. «Tant que les questions de bonne gouvernance ne seront pas résolues à notre niveau, nous connaîtrons les mêmes travers que les hommes.» De fait, ajoute-t-elle, «il faut avoir le courage de dire que les mouvements de femmes sont menacés par les questions de bonne gouvernance et que nous ne sommes pas toutes des saintes».

 

MATEL BOCOUM

 

 

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