Publié le 5 Oct 2022 - 01:21
ABOUBACRY SOKOMO, EX-DIRECTEUR DES CONSTRUCTIONS DES PALAIS DE JUSTICE

‘’Me Malick Sall n’a pas été limogé’’

 

Il est proche de l’ancien ministre de la Justice et le défend. Aboubacry Sokomo pense que le fait que Me Malick Sall ne siège plus au Conseil des ministres n’est pas un signe de désavoeu du chef. Il trouve que ses nouvelles fonctions sont aussi honorables que celle qu’il a quitté.

 

Monsieur Sokomo, vous avez été directeur des Constructions des palais de Justice et autres édifices du ministère de la Justice. Aujourd’hui, vous êtes à la tête du Maep. Parlez-nous un peu plus de ce département de la Justice ?

J’ai occupé le poste de directeur des Constructions durant 18 mois. Pendant le temps passé à cette station, j’ai pu continuer le travail entamé par mes prédécesseurs à ce poste. Je leur rends hommage. J’ai pu réaliser, sous le leadership de monsieur Malick Sall, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, beaucoup de choses. Je peux citer l’achèvement du Centre de formation judiciaire (CFJ), la Cour d’appel de Tambacounda, l’extension du palais de Justice de Pikine-Guédiawaye et la réhabilitation de plusieurs autres édifices. J’ai participé à la conception du Programme de modernisation d’infrastructures de la justice (Promij). Ce programme touchera tous les ressorts du Sénégal. Il s’articule autour de 69 sites de construction, donc plusieurs édifices. Ce programme s’étale sur six ans avec un financement de l’État du Sénégal avec un budget conséquent qui prend en charge toute la cartographie judiciaire au niveau des infrastructures. Dans ce package, la région de Matam bénéficiera de trois palais de Justice modernes, trois centres dans l’éducation surveillée et la protection de l’enfance, et une maison d’arrêt respectant toutes les normes pour une zone chaude comme la nôtre.

Depuis le 2 mars 2022, j’occupe le poste de secrétaire permanent du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (Maep) au ministère de la Justice. Le Maep est une plateforme africaine fondée sur les principes de bonne gouvernance politique, économique, sociale et d’entreprise, de démocratie, d’État de droit, de respect des Droits de l’homme, de souveraineté des États, de non-ingérence et de règlement pacifique des conflits.

Nous jouons le rôle d’interface entre la Direction générale du Maep continental basée à Johannesburg en Afrique du Sud, la Commission nationale de gouvernance du Sénégal et le point focal national, en l’occurrence le garde des Sceaux du Sénégal. Le président de la République du Sénégal représente notre pays dans le forum des chefs d’État composé à ce jour de 42 pays africains.

C'était votre mentor, Me Malick Sall, qui vous avait coopté au ministère. Aujourd’hui, il ne figure plus dans le gouvernement. Comment appréciez-vous cela ?

Maitre Malick Sall est toujours mon mentor. Il m’avait proposé à ces deux niveaux de responsabilité. Aujourd’hui, il est à un autre niveau de responsabilité étatique. L’État, c’est la continuité. Je profite de cette occasion pour féliciter mon grand frère Malick Sall et le nouveau garde des Sceaux, ministre de la Justice, Pr. Ismaila Madior Fall. Nous accompagnons tous le chef de l’État dans sa politique de développement pour l’intérêt exclusif des populations.

Nous remercions le président Macky Sall pour cet honneur accordé à un digne fils du Sénégal, de la commune de Ogo et de la région de Matam. C’est la troisième fois que le président Macky Sall signe un décret pour confier des responsabilités à Me Malick Sall ; ceci sans discontinuité de 2019 à nos jours. Il n’y a pas de petites responsabilités au niveau de l’État. Nous mesurons à sa juste valeur la confiance placée à ce cadre émérite dans un secteur aussi stratégique que le pétrole et le gaz.

 Dans la marche des économies du monde, ces énergies contribuent largement à la création de la valeur ajoutée et de la croissance. La justice est un secteur de souveraineté certes important, mais le Cos Pétrogaz demeure une responsabilité très grande pour un pays néo-producteur que nous sommes. Il y réussira, car j’ai travaillé avec lui. Il a les capacités intellectuelles, l’expérience, mais également le sens du management et de la diplomatie pour un poste de cette dimension.

D'ailleurs, certains responsables politiques à Matam, comme Me Sally Thiam de Ourossogui, ont salué la non-reconduction de Me Malick Sall dans le gouvernement. Quels commentaires vous en faites ?

Maitre Sally Mamadou Thiam a manqué d’élégance. Un allié ne peut s’immiscer dans la marche d’un autre parti. L’élégance devrait  dicter son comportement de tous les jours, surtout à l’endroit de ses alliés.  Mais bon… n’a pas le sens de l’élégance et de la retenue qui veut. Et pire, le besoin d’existence ne donne pas droit à tous les écarts. C’est comme ça que je lis sa malencontreuse sortie contre son  ainé au barreau, Me Malick Sall, un homme respectable et respectueux. Il est oublieux et atteint de myopie et de surdité, car ce dernier bénéficie totalement encore et toujours de la confiance du président de la République. La preuve : nous avons tous suivi sa nomination au poste de secrétaire permanent du Cos Pétrogaz, un poste très stratégique, lors du premier Conseil des ministres de l’ère du PM Amadou Ba que nous félicitons ainsi que tous les ministres nommés dans ce gouvernement de combat et de défis. Ne pas le comprendre doit relever d’une inculture étatique et une ignorance de la bonne marche des institutions.

On ne peut pas parler de limogeage lors d’un réaménagement ou remaniement ministériel. Qu’un avocat de son rang  confonde des mots et des termes nous fait peur. Un avocat doit savoir le sens de chaque mot pour bien défendre ses clients. Je pense que ce monsieur ne s’est pas encore remis de la perte de son procès électoral. Je rappelle qu’il avait défendu le maire sortant de la commune de Ogo à la Cour d’appel de Saint-Louis. Je leur rappelle que la montée en puissance de Yewwi dans leur commune nous inquiète. Ils doivent se retrousser les manches pour endiguer cela comme le fait parfaitement Me Malick Sall. Ce dernier est préoccupé plus par les projets phares de développement qui poussent dans la région de Matam, que les débats de borne-fontaine.

De plus, le bilan de Me Malick Sall à la tête de la chancellerie, c’est une partie de ce que j’ai évoqué plus haut. Avec les deux pages centrales de votre journal, je ne saurais le faire. C’est un bilan immatériel et matériel que les acteurs de la justice saluent à sa juste valeur. On ne peut pas rester ad vitam aeternam à un poste, mais les acteurs de la justice sont très contents et fiers de son passage durant ces trois ans à la chancellerie.

Me Malick Sall ne fait-il pas les frais de son opposition à Farba Ngom ?

Les frais, je ne comprends pas trop, mais Me Malick Sall est aux côtés du président Macky Sall aujourd’hui plus qu’hier. Il est à la tête d’un comité où il a comme patrons le chef de l’État et son Premier ministre ; ce sont  les mêmes patrons que le ministre de la Justice, le ministre des Sports ont. Ce comité est rattaché au cabinet du président de la République. Le ministre Malick Sall et l’honorable député Farba Ngom sont des frères et des camarades de parti. Ils travaillent ensemble à chaque fois que de besoin. Maintenant, les tendances ont toujours existé dans les partis politiques depuis le BDS, l’UPS-PS. C’est pour la vitalité démocratique et cela permet également de canaliser des frustrés. Vous avez tous assisté au meeting de clôture de Danthiady dans le village natal de Me Malick Sall. Vous avez vu cette marée humaine, ces jeunes et femmes venus de toutes les contrées du Fouta. Le leadership a changé de camp. Il faut être atteint de cécité pour ne pas le constater. Même les aveugles ont entendu le vacarme. Le bruit des militants a eu des échos énormes jusqu’aux bords du fleuve Sénégal.

Comment voyez-vous l’avenir politique de Me Malick Sall ?

Nous sommes des croyants ; l’avenir appartient à Allah SWT. L’humain que je suis entrevoit cet avenir avec optimisme. Cet avenir, c’est l’accompagnement de Son Excellence le Président Macky Sall dans sa politique de développement de notre pays. L’avenir politique de Me Malick Sall, c’est la réalisation du Plan Sénégal émergent à l’horizon 2035 pour le bénéfice de nos populations. La politique, c’est l’action. Maitre Malick Sall est un homme d’action. Aujourd’hui, il est au cœur des orientations et des stratégies pétrolières et gazières. L’avenir politique de Me Malick Sall, c’est la feuille que lui a définie le chef de l’État dans ce domaine hyper important.

La promotion des jeunes cadres a toujours été prônée par les ténors. Vous avez remarqué la concrétisation de ce slogan ?

Si vous voulez parler des responsabilités confiées à des jeunes cadres ou cadres relativement jeunes, car je me retrouve dans la dernière catégorie. Oui, le président Sall a beaucoup promu de jeunes cadres. Jetez un coup d’œil sur le gouvernement mis en place ces dernières semaines par le président Sall, on note une entrée remarquable de jeunes cadres confirmés. Dans le même sillage, le ministre Malick Sall a proposé beaucoup de jeunes au président Macky Sall. J’en suis un exemple vivant. Dans l’empirisme, il est le ministre qui s’est plus entouré de cadres de la région de Matam.

Au niveau local, vous militez à Ogo et vous faites face à une pléthore de cadres. Vous pensez avoir des atouts pour vous imposer ?

Un bien ne nuit pas. Seuls les médiocres ont peur de la concurrence. C’est une bonne chose pour notre commune. J’ai des arguments solides à faire valoir, un parcours politique de plus de 30 ans. J’ai milité depuis le collège de Kanel. Ma première carte d’adhésion à un parti politique date de 1986 ; j’avais 12 ans. Mon premier parti est  And Jëf/MRDN de Landing Savané à qui je rends un hommage appuyé. Ensuite, j’ai adhéré au PDS de  1993 à 2007. Je suis un membre fondateur de l’APR en 2008.

 Par ailleurs, je réitère ma suggestion à Monsieur le Maire Abou Diallo Balèle, que je félicite pour son élection brillante à la tête de la mairie de Ogo, de constituer un conseil consultatif  où ces cadres pourront apporter leurs idées et suggestions. Cela permet de mettre en place un plan stratégique pour notre commune.

La question du 3e mandat est encore sur toutes les lèvres. Qu'en pensez-vous ?

Je vais vous choquer : je n’y pense rien du tout. Je suis même déçu par certains acteurs politiques. Ce débat est entretenu depuis la réélection du président Sall en 2019. Un pays qui veut se développer ne peut pas passer tout son temps dans les débats électoraux et électoralistes. Le président a tout fait pour qu’on évite ce sujet. Pourquoi l’entretenir autant ?

Personnellement, je vais peut-être vous choquer encore. Je suis contre la limitation des mandats. C’est antidémocratique. C’est du mimétisme démocratique. Les mandats sont-ils limités en Allemagne ?

Si le président Macky Sall décide de se représenter, vous le soutiendrez ?

Pour le respect pour mes camarades de parti et les alliés de la coalition Benno Bokk Yaakaar, je ne répondrai pas à cette question. Vous savez pourquoi ? Une candidature à une élection présidentielle se discute dans les instances hautes du parti. Je ne siège pas encore à ce niveau. Il y a la Conférence des leaders de BBY ; je n’y siège pas non plus. Je soutiendrai que le candidat que l’APR aura désigné en concertation avec ses alliés de BBY. Si c’est le président Macky Sall, vous avez la réponse. Finalement, j’ai répondu à votre question (rires).

Djibril Ba

Section: