Publié le 4 Feb 2015 - 12:13
AVOIRS BANCAIRES DES PREVENUS, DE 2002 A 2013

30 comptes à Monaco et des mouvements de fonds estimés à 99 milliards

 

L’expert comptable Abo Mbaye Sall était hier à la Crei pour édifier le président Henri Grégoire Diop et ses assesseurs sur ce qui s’est passé à Monaco. Le rapport de l’expert révèle que pas moins de 30 comptes bancaires ont été créés pour le bénéfice de Karim Wade, Ibrahima Khalil Bourgi et Pape Mamadou Pouye, entre 2002 et 2013, avec des mouvements de fonds estimés à 99 milliards.

 

Le procès de Karim Wade s’est poursuivi hier. La Cour s’est intéressée aux mouvements de fonds dans les comptes de Monaco. L’expert comptable Abo Mbaye Sall a relevé en tout 30 comptes en banque au bénéfice de Pape Mamadou Pouye, Ibrahima Khalil Bourgi et Karim Wade. Après une évaluation basée sur les relevés bancaires, il est arrivé à 99 milliards «au bas mot», entre 2002 et 2013 pour les bénéficiaires. «Au bas mot», parce que ce montant a été minoré, a-t-il dit. En fait, a expliqué l’expert, les opérations de placements à court terme et celles inférieures à 2 000 euros ont été ignorées, «pour aller vite».

Quelques curiosités ont été répertoriées au niveau de ces comptes et les flux financiers qui y ont été enregistrés. Il a été constaté qu’une même personne peut avoir des comptes sous différents noms. C’est le cas de Bibo Bourgi qui a un compte au nom d’Ibrahim Abou Khalil et un autre au nom d’Abou Khalil Ibrahim. Il est également constaté qu’une même personne, qui a différents comptes, se versait lui-même de l’argent d’un compte à l’autre. Sans compter les versements importants de 1 milliard et plus faits par des personnes non identifiées. Autres faits également constatés par l’expert, c’est qu’il y a des personnes non titulaires de compte et pourtant bénéficiaires économiques.

Tout ceci sans oublier que le compte d’un individu décédé continuait à fonctionner. A la question du président de la Cour de savoir pourquoi le choix de Monaco, l’expert a déclaré que cela peut être lié au fait que c’est un paradis fiscal. Il n’a pas toutefois voulu faire des observations sur la question. «Je ne peux pas faire de commentaire. Je ne juge pas, ma mission est de constater», a-t-il répondu.

Devant la barre, le prévenu Pape Mamadou Pouye a récusé l’existence d’un tel montant. Contrairement à l’expert qui parle de minoration, Pouye trouve que la somme a été plutôt majorée. A son avis, en cumulant les rentrées de fonds des personnes morales et des personnes physiques, l’expert a fait des doublons dans son comptage. Une longue discussion a eu lieu entre Pouye et l’expert comptable, mais chacun est resté sur sa position. Le co-prévenu a alors demandé une contre-expertise.

1 milliard 300 millions versé à la femme de Mamadou Pouye

Toujours au titre des opérations financières dans les comptes bancaires, Abo Mbaye Sall relève que dans la période concernée, la somme des différents versements effectués par Pouye au bénéfice de sa femme s’élève à 1 milliard 300 millions. Or, Mme Pouye a déjà déclaré que l’argent qu’elle recevait de son mari était destiné à gérer le ménage et payer la scolarité des enfants.

Il est clair donc que la somme est assez élevée pour les dépenses auxquelles elle était destinée (la famille). L’avocat Me Yérim Thiam lui a alors demandé des explications. La réponse de Pouye se résume en deux points. Le premier est qu’il n’a pas les relevés de la banque sur lesquels l’expert a travaillé. Par conséquent, il ne peut pas confirmer le chiffre avancé. Deuxième réponse : «au-delà du montant, je dois dire que c’est ma femme. Je peux lui envoyer de l’argent comme bon me semble».

Bibo et Pouye expliquent le choix des paradis fiscaux 

Au cours de l’audience, le président Henri Grégoire Diop s’est étonné des bénéfices de la société mère basée à Luxembourg et que partagent Pape Mamadou Pouye, Bibo et son frère Karim Aboukhalil. Pape Mamadou Pouye, qui a 10% des actions, a reçu 10 milliards. Lorsque le président a demandé si la société Meddle est Africa, société mère de toutes les autres, a 100 milliards de bénéfices, Pouye a répondu: ‘’certainement’’.

Ensuite, les prévenus ont été entendus sur la création de leurs sociétés. Des sociétés basées au Sénégal, mais qui sont de droit panaméen. Le juge a demandé à Bibo Bourgi la raison du choix du Liban et du Panama. L’homme d’affaires a avancé des raisons de succession. Mamadou Pouye interrogé par le substitut du procureur Antoine Diome sur le même sujet, a répondu : « Ce sont des conseils que j’ai reçus. On m’a dit qu’il est plus facile de créer une société là-bas.»  Ainsi, le substitut M. Diome a essayé de faire le link entre les sociétés de Bibo et de Pouye qui sont des associés et ont leurs sociétés au Panama, un paradis fiscal. 

Babacar Willane

 

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