Publié le 29 Jul 2013 - 14:20
BILAN DE LA COUR D’ASSISES D’APPEL DE DAKAR

 Les juges épinglent ces maux favorisant la délinquance

 

La clôture de la Cour d’assises d’appel de Dakar a servi de tribune au président de ladite la session, aux juges, de poser le débat sur la non-assistance des parties civiles, le manque d’éducation, la prolifération des armes légères et la recrudescence du trafic de drogue.

 

 Après deux semaines d’audience, la Cour d’assises d’appel de Dakar a pris fin vendredi dernier. Dans son discours de clôture, le président de ladite session, a lancé un véritable cri du cœur pour déplorer le déséquilibre dans le traitement des accusés et des parties civiles dans les procès d’assises. Le juge Mamady Diané estime qu'il y a une rupture dans la légalité, parce que les parties civiles, dit-il, ‘’sont laissées en rade et ne bénéficient d’aucune assistance’’. Le magistrat renseigne que les intérêts des parties civiles ont été réservés, sur les nombreux arrêts qui ont été soumis à la Cour. Fort de ce constat, il  invite le législateur à apporter des correctifs, pour davantage tenir compte des intérêts des parties civiles. Car, dépourvues de moyens pour la plupart, celles-ci n’ont pas les moyens de se faire assister par un avocat ou de se déplacer pour assister aux procès. ‘’Autant la société fait tout pour assurer aux accusés les conditions d’un bon procès, autant elle devrait le faire pour les parties civiles’’, a plaidé le juge Diané. Au-delà des autorités, il a également interpellé les organisations de défense des droits de l’Homme qui, s’est-il désolé, ‘’oublient souvent les victimes’’.

 

Les chrétiens réussissent mieux l’éducation de leurs enfants

Sur un autre volet, le juge a jeté un regard critique sur l’éducation qui, selon lui, est la seule façon de lutter contre la délinquance. ‘’Est-ce qu’on voit un agrégé de droit ou d’économie comparaître devant une Cour d’assises ?’’, s’est-il interrogé, tout en soulignant que la plupart des accusés ont un niveau d’instruction très bas. Tout en invitant les parents à faire des efforts pour l’éducation de leurs enfants, le magistrat n’a pas fait dans la dentelle pour offrir en exemple la communauté chrétienne. ‘’Dans ce pays, j’ai l’impression qu’il y a une communauté qui réussit mieux l’éducation de ses enfants. On voit très rarement un chrétien à la barre de la Cour. On doit se poser des questions’’, a martelé le juge Diané. Outre l’éducation, le président de la Cour reste préoccupé par la prolifération des armes légères. Aussi a-t-il invité les forces de sécurité à mettre fin à la banalisation de ces armes favorisant les meurtres et assassinats.

 

La porosité de nos frontières pointée du doigt

La représentante du parquet général, Catherine Aïssata Bâ, a fait un sévère réquisitoire en direction des trafiquants de drogue. Ces derniers qu’elle appelle ‘’marchands de la mort’’ ‘’n’ont aucun respect pour les droits de l’Homme’’, selon elle. ‘’Leur seule loi, c’est l’argent’’, estime la parquetière. ‘’La drogue tue, la drogue rend fou. Des familles entières sont disloquées, car des enfants en qui leur père et mère nourrissaient beaucoup d’espoir ont vu leur scolarisation anéantie’’, a tonné la juge. Préoccupée par l’entrée de la drogue dans notre pays, la juge a invité les autorités ‘’à régler impérativement le problème de la porosité de nos frontières, en mettant l’accent sur le contrôle des entrées et sorties du territoire’’.

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