Publié le 2 Apr 2019 - 22:43
BOURSES DE SECURITE FAMILIALE

Une mise à jour régulière du Registre national unique préconisée 

 

Il est essentiel de mettre à jour régulièrement le Registre national unique (Rnu), afin de s’assurer que tous les ménages vulnérables ou en situation de pauvreté y sont bien inscrits, dans le cadre du Programme de bourses familiales. C’est ce qu’a préconisé, hier, l’économiste à la Banque mondiale, Aline Coudouel, lors d’un atelier.

 

Les filets sociaux sont des outils que les pays déploient de plus en plus, selon l’économiste à la Banque mondiale, Aline Coudouel, pour appuyer leurs populations pauvres et les plus vulnérables. ‘’Ce sont des outils qui ont fait leurs preuves et qui ont montré qu’ils étaient capables d’appuyer ces ménages et de changer leur consommation, de les aider à investir sur leurs enfants, à devenir plus productifs, à épargner et, de manière plus générale, à se projeter dans le futur’’, dit-elle. Elle s’exprimait hier, lors d’un atelier de présentation au bureau de Dakar de leur institution, de l’ouvrage intitulé ‘’Les filets sociaux en Afrique – Comment réaliser leur potentiel ?’’.

Au Sénégal, l’économiste de la Bm estime que le Programme national de Bourses de sécurité familiale, qui s’inscrit dans cette logique, est ‘’impressionnant’’. ‘’Il a un taux de couverture le plus grand en Afrique, alors qu’il est très récent. Il a réussi, quelque part, à atteindre des ménages vulnérables presque dans toutes les régions du pays. Ce qui est une grande réussite. Son grand défi, c’est de s’inscrire dans la durée, d’assurer sa pérennité, qu’elle soit institutionnelle ou financière’’, dit-elle. Pour Aline Coudouel, c’est aussi de s’assurer que les outils sur lesquels ces programmes s’appuient soient solidifiés, renforcés en permanence. Au fait, cette initiative s’appuie sur le Registre national unique (Rnu) pour identifier ses bénéficiaires. ‘’Donc, il est essentiel que ce registre soit mis à jour de manière régulière, afin de s’assurer que tous les ménages vulnérables ou en situation de pauvreté y soient bien inscrits’’, préconise l’économiste.

En réalité, cette spécialiste à la Bm souligne que la capacité productive d’un pays comme le Sénégal, sa croissance économique dépendent de sa population. ‘’Donc, il est important d’avoir une population qui soit bien formée pour être productive. Les ménages les plus pauvres, s’ils ne sont pas en mesure d’avoir des enfants en bonne santé, bien nourris, capables de bien apprendre à l’école et de devenir des acteurs productifs de la société, ce sera un manque à gagner terrible pour le pays’’, renchérit Mme Coudouel.

Sur ce, le délégué général à la Protection sociale et à la Solidarité nationale (Dgpsn) précise qu’il y a une étude d’évaluation d’impact du programme de Bourses familiales qui va se faire. ‘’Dans 6 mois, les résultats vont sortir. Il y a également une autre étude de projet qui est en train d’être déroulée avec l’appui de la Bm, sur le renforcement des capacités productives de ces ménages. Ceci, pour les préparer à avoir une certaine autonomie’’, fait savoir Anta Sarr Diacko.

Pour l’ancienne ministre de la Famille, la protection sociale est un ‘’investissement’’ sur le capital humain, le changement de comportement, l’amélioration des conditions de vie des populations. ‘’Quand on marche vers l’émergence, il faut quand même que les ménages aient un certain niveau de vie, en accédant aux services sociaux de base. Aujourd’hui, nous voulons aller même vers la formalisation de la protection sociale du secteur informel, assurer un minimum de revenu pour garantir la protection sociale à tous les Sénégalais’’, soutient-elle.

Ainsi, Anta Sarr rappelle qu’il y a la loi sur la protection sociale qui est en train d’être élaborée.

Il faut noter qu’aujourd’hui, en Afrique, de nombreux pays ont investi dans des programmes et systèmes qui sous-tendent ces programmes. Que ce soit des systèmes de registre des populations, celui de paiement, d’appui aux populations. Mais l’économiste de la Bm a, par ailleurs, signalé que le grand défi pour le continent, c’est de mener ces filets sociaux à l’échelle, d’assurer une couverture de tous les ménages pauvres et très vulnérables. ‘’Ce qui n’est pas encore le cas. Et surtout, de s’assurer que cette couverture à l’échelle soit maintenue dans la durée et deviennent pérenne. Il s’agit, pour les filets sociaux, quelque part, de devenir aussi courants et grands que l’éducation primaire, la santé, l’accès à l’eau potable, etc.’’, regrette-t-elle.

‘’Réaliser le contrat social de l’avenir’’

D’après Mme Coudouel, quand il s’agit de définir un programme de filets sociaux, il y a toute une série de questions techniques à prendre en considération. En plus de ces questions très techniques, il y a trois grands domaines à souligner. ‘’D’une part, il faut bien comprendre que ces programmes s’inscrivent dans une réalité politique d’un pays. Et il s’agit, pour le gouvernement et les acteurs sociaux, de mobiliser la population pour soutenir ces programmes, de mobiliser l’intérêt autour de ces programmes, de démontrer leurs impacts et surtout de s’assurer que les bénéficiaires et les ménages que vont financer ces programmes comprennent les enjeux, le potentiel et s’alignent tous derrière ces programmes comme un élément pour réaliser le contrat social de l’avenir’’, explique-t-elle. Et le deuxième élément, d’après elle, c’est l’importance ‘’d’ancrer’’ les filets sociaux dans des ‘’institutions fortes, pérennes’’. Qui assureront une mise en œuvre ‘’efficace’’, ‘’très professionnelle’’, avec une ‘’redevabilité’’, une ‘’transparence’’ dans les procédures et un professionnalisme qui s’impose.

‘’Il s’agit, dans certains pays, de pérenniser ces programmes à travers la législation et la réglementation nationale. Le troisième point est en rapport avec le financement de ces programmes. Souvent, ceci implique un financement à travers le budget de l’Etat, une contribution régulière du gouvernement’’, préconise l’économiste à la Banque mondiale.

MARIAMA DIEME

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