À l’origine, un projet de revivification
Ce mercredi, la naissance du Prophète Mohamed est célébrée un peu partout par les musulmans. Au Sénégal, l'histoire de cette commémoration remonte vers 1902, grâce à El Hadj Malick Sy qui en avait fait un projet.
La célébration du Mawlid (naissance de Mahomet) est la plus importante fête commémorative religieuse des tidianes. Cette commémoration se passe principalement à Tivaouane, depuis 1902, grâce à El Hadj Malick Sy. En marge de son pèlerinage à La Mecque effectué en 1888, à l'âge de 35 ans, le saint homme fit un périple dans d’autres cités du Moyen-Orient comme Alexandrie, Jérusalem, Boukhara et Samarkand. À son retour, il a eu la volonté de revivifier la pratique religieuse au Sénégal.
Ce projet de Maodo Malick Sy se déclinait en quatre points : enseigner et fonder des daaras (écoles coraniques), bâtir des mosquées, avoir un champ pour travailler la terre et gagner sa vie, mais aussi avoir un lieu où il pourrait réunir les fidèles croyants annuellement.
Son projet se concrétisa avec la formation de grands érudits qu’il envoya dans plusieurs contrées du Sénégal et d’Afrique de l’Ouest. Dans le même temps, il s’investit dans l'édification de moult mosquées, dont les Zawia de Tivaouane, Dakar et Saint-Louis.
Ainsi s’institua le Mawlid célébré chaque année. Même s’il n'a jamais été fêté par le Prophète de son vivant, c'est une occasion pour les musulmans de méditer sur la vie de ce dernier et redoubler les actes charitables.
Au rappel à Dieu d’El Hadj Malick Sy, en 1922, les différents successeurs ont pris le relais pour défendre l'islam, la tarikha et les dakhira. Aujourd'hui, c'est Serigne Babacar Sy Mansour, l'actuel khalife général des tidianes.
En effet, La Tijâniyya est une voie d’origine maghrébine, introduite au Sénégal par El Hadj Omar Tall, l’une des dernières voies soufies à faire son apparition. Les tijânî croient au caractère spécifique de leur voie. Ils considèrent leur confrérie comme l’aboutissement de toutes les voies antérieures. A leurs yeux, Sîdî Ahmed Tijânî est le sceau des saints, Khâtim al-awliyâ, comme Mouhammad celui des prophètes Khâtim al-anbiyâ.
La confrérie veut marquer une rupture dans la pratique du mysticisme. Il ne s’agira plus du soufi enfermé ou retiré dans le désert loin des préoccupations ‘’temporelles’’, mais du mystique essayant de traduire la force du dzikr et de la prière en moyen d’affronter le quotidien.
MAOULOUD 2023 L'histoire de la grande mosquée de Tivaouane, de 1094 à nos jours Après plusieurs années d'arrêt, le chantier de la grande mosquée de Tivaouane a repris de plus belle. Ce chef-d'œuvre architectural sera bientôt livré, pour le grand bonheur de tout un peuple qui a adhéré massivement à la vision du khalife général Serigne Babacar Sy Mansour. À l'occasion de la célébration de la naissance du Prophète Mohamed (Gamou), ‘’EnQuête’’ revient sur l’histoire de la grande mosquée Seydi El Hadj Malick Sy. En 1904, un vœu formulé par Seydi El Hadj Malick Sy de Tivaouane, lors de son pèlerinage à La Mecque, en 1889, se réalisa. Il s'agissait de la construction de la grande mosquée de Tivaouane qui a eu lieu un an après avoir obtenu l'autorisation en date du 17 février 1903. Le hasard faisant bien les choses, elle coïncida avec la naissance de Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh et la fondation du village de Diacsao, fief spirituel et titre foncier de Mame Seydi El Hadj Malick Sy. À l'origine, la grande mosquée était en banco et en tuiles. Après la disparition du saint homme de Tivaouane, le mardi 27 juin 1922, ses dignes héritiers, Serigne Babacar, El Hadj Mansour, El Hadj Abdoul Aziz et El Hadj Habib continuèrent à entretenir le legs, pour les prières du vendredi et la nuit du Maouloud, et la Zawiya pour les prières quotidiennes. La première rénovation a été entamée en 1940, par Serigne Babacar Sy, assisté par El Hadj Mansour Sy Malick. Plus tard, le khalife El Hadji Abdoul Aziz Sy Dabakh eut l’idée d’en faire une Grande mosquée, en hommage à son père et pour cimenter les liens de la famille Sy. Ainsi, la grande mosquée connut sa première extension grandeur nature sous la houlette de l'architecte Cheikh Ngom et de feu Mansour Guèye, père de l'actuel chef de chantier, l'ingénieur Abdoul Aziz Guèye. Ces travaux d'extension, en 1979, avaient mobilisé toute la communauté musulmane à travers des contributions volontaires. Beaucoup de mécènes à l'époque s'étaient engagés à financer entièrement les travaux de la mosquée, mais Mame Abdoul Aziz Sy avait voulu que l'œuvre soit collective, pour permettre à tous les fidèles de bénéficier des bienfaits liés à la participation de l'édification d'une mosquée, aussi minime soit-elle. Relance et extension en 2021 En 2019, l'actuel khalife général des tidianes, Serigne Babacar Sy Mansour, suivant les traces de son illustre grand-père et de ses pères, annonça officiellement, lors du Gamou annuel de Tivaouane, son intention de relancer les travaux de ce lieu de culte à l'arrêt depuis plusieurs années. C'était une forte attente des millions de disciples de la Hadratoul Malikya. Un comité de pilotage fut choisi et désigné par le khalife général, sur la base de critères objectifs. Ce comité de pilotage (Copil) sous la houlette de l'association Jamaatou Nour Assouniya, est dirigé par Mouhamadou Makhtar Cissé, ancien ministre, sous la tutelle du khalife général assisté de ses frères. Le comité de pilotage est structuré en différentes commissions : commission technique, commission finances, commission suivi/évaluation, commission communication. Un secrétariat exécutif assure la coordination des activités. Le Copil regroupe l'essentiel du capital humain de la Hadratoul Malikya avec des compétences et profils divers. ''Pour la conduite de la mission assignée, Jama'atou Nour s'appuie sur des bases solides de gestion avec des organes fonctionnels et des ressources humaines de qualité, prémices d'une belle réalisation. La genèse du projet, les différentes phases, le modèle économique innovant et le modèle de gouvernance transparente et inclusive, conformément aux orientations et directives du khalife général des tidianes'', explique notre source. Une vaste campagne de communication, de sensibilisation et de collecte de fonds a été lancée le 14 septembre 2020, anniversaire du décès de Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh, pour susciter l'appropriation, la mobilisation et l'adhésion des fidèles, surtout de la hadra pour une participation massive (individuelle et collective à la fois) à l'extension et à l'achèvement des travaux, suivant la vision du khalife général. La vision est sous-tendue par un modèle de gouvernance transparente et inclusive et un modèle économique innovant. Les travaux ont démarré avec un état des lieux exhaustif, suivi d'une phase combinée de démolition-construction. L'extension comprend de nouvelles composantes : surface bâtie de 12 000 m2 entièrement climatisée, extension de la mosquée pour les femmes, toilettes souterraines (sous-sol), grande esplanade avec des parasols imités de la mosquée Rassoul de Médine, salles polyvalentes, assainissement, voirie, autonomie en eau et énergie avec deux forages et une centrale solaire (financement de la Banque islamique du Sénégal), détection incendie, vidéosurveillance, contrôle accès, sonorisation, service d'urgence et de secours, high-tech, régie vidéo, une esplanade de 13 000 m2 couverte par 31 parasols à ouverture et fermeture mécaniques de 18 m prévus pour être réalisés par l'architecte concepteur des parasols de la mosquée de Médine, entre autres. Coût estimé (hors parasols mécaniques) : 13 milliards F CFA. La mosquée pourra accueillir 39 600 fidèles Une centrale solaire photovoltaïque de 10-15 MWC. Elle est dénommée centrale solaire Jama Atounnour Assouniya (CS Jana). C’est une centrale photovoltaïque qui entre en droite ligne avec la politique énergétique du Sénégal qui se décline en une énergie à moindre coût et accessible, et dont le mix est optimal. Ce projet, dit-on, vise à contribuer à la réalisation de cette vision des autorités tout en poursuivant ses objectifs spécifiques, à savoir : assurer la viabilité et la continuité des services de qualité des infrastructures de la future esplanade des mosquées de Tivaouane ; participer à l'indépendance énergétique de la ville de Tivaouane et ses environs ; appuyer un modèle économique d'entretien des infrastructures et ouvrages religieux de la ville sainte par le biais d'un accord de cession de l'excédent d'énergie avec la Senelec. Coût estimé : 9,6 millions d'euros. Les travaux du gros œuvre réalisés par le Consortium d'entreprises (CDE) et quelques entreprises sous-traitantes pour certains lots ont été bouclés en fin d'année 2022, moins de deux ans après le lancement des travaux. Les travaux du second œuvre ont démarré au premier trimestre de l'année 2023 avec des entreprises nationales comme SGE Equip, Elec 2000/Sénégal et des entreprises étrangères pour les décorations avec Kavis Yapi (Turquie) et SAA (Maroc). Les entreprises sont à pied d'œuvre pour l'achèvement des travaux dans les meilleurs délais avec une dynamique rassurante. Le bouclage de la phase du second œuvre est très attendu. La mosquée, une fois achevée, pourrait recevoir 39 600 fidèles, dont 20 000 à l'intérieur et 19 600 sur l'esplanade. Travaux d'achèvement : la forte adhésion des Sénégalais Les travaux d'achèvement ont suscité une forte adhésion et mobilisation des Sénégalais, tant au niveau national que de la diaspora. La communication autour du projet durant les différentes phases de l'évolution des travaux a été aussi un élément déterminant. Elle s'est faite notamment à travers les différents supports de la Hadratoul Malikya : Asfiyahi, Malikya, plateformes numériques, mais aussi les autres médias. D'autres stratégies aussi comme la vente de pin's, les ''Dokh Mbok", les autres canaux comme les dahiras, les mosquées à l'image de la grande mosquée de Dakar, les campagnes de mobilisation de fonds, l'utilisation des services de versement et de paiement mobile ont largement contribué à la réalisation des travaux dans une dynamique inclusive. ''Avec l'éthique de conviction et de responsabilité qui guident le khalife général et un cahier des charges pour les membres du comité de pilotage, le modèle de gouvernance transparente a suscité aussi la confiance et l'engouement de tous les fidèles autour du projet'', renseigne-t-on. Selon nos informations, un exercice de 'redevabilité' et même un audit financier et technique du projet sont en cours. |
BABACAR SY SEYE