Publié le 13 Mar 2012 - 15:08
CESSION DE L'AÉROPORT DE DAKAR

Magouilles au sommet

 

 

Dans son édition du lundi, EnQuête évoquait la cession de l'aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar à Daport S.A., filiale de la société allemande Fraport, qui a supplanté l'Agence des Aéroports du Sénégal (ADS) dans la gestion dudit aéroport. EnQuête montrait comment, Karim Wade a servi sur un plateau d'argent l'aéroport de Dakar à Daport, du fait des retards considérables pris par les travaux de l'Aéroport International de Diass dont la livraison est attendue dans ''4 ans''.

 

Le rapport de présentation du décret portant dissolution de l'agence des Aéroports du Sénégal signé par Karim Wade revient en détail sur les subterfuges de cette opération et apprend que Daport a été désignée le 08 juin 2006 pour ''la gestion et l'exploitation de l'aéroport Blaise Diagne''.

 

Aujourd'hui que ADS a été mise sur la touche au profit de Daport, le rapport renseigne que ''toutes les conventions'' signées dans le cadre de la gestion et de l'exploitation de l'aéroport Blaise Diagne avaient prévu ''une implication dans la gestion et l'exploitation de l'aéroport Léopold Sédar Senghor de la société chargée de la gestion et l'exploitation de l'aéroport Blaise Diagne''. Donc, c'est pour répondre à ''des impératifs de rationalité'' que désormais Daport préside à la destinée de l'aéroport de Dakar. Le document apprend ainsi que ADS ''n'a plus d'objet, ce qui implique sa dissolution'', étant entendu que l'Agence nationale des Aéroport régionaux du Sénégal (ANAR) en remplacement de l'ASECNA se charge déjà du programme de réhabilitation des aérodromes régionaux.

 

 

Spéculation foncière

 

Ainsi, un liquidateur a été choisi pour la mise à mort de ADS et sera sous le contrôle d'une commission de liquidation. Il aura comme mission de ''réaliser les actifs et d'apurer le passif de l'Agence''. Même s'il est prévu l'ouverture d'un ''compte de dépôt de fonds'' pour accueillir les produits de la liquidation, l'article 9 du décret fixant les modalités de la liquidation de l'Agence des Aéroports du Sénégal pose véritablement problème. Il porte sur des ''biens mobiliers et immobiliers de l'Agence dissoute non transférés à AIBD''. L'article apprend que ces biens ''peuvent être affectés, par décret, à titre gracieux ou onéreux à toute entité ou personne morale de droit public investie de tout ou partie des missions dévolues précédemment à l'Agence dissoute''. Ou encore ''vendus à quiconque, en cas de nécessité absolue, la vente est exécutée aux enchères publiques''. En effet, il s'agit là d'une porte ouverte à la spéculation foncière. Selon nos sources, de puissants lobbies manœuvrent pour faire main basse sur ces emprises terrestres. D'ailleurs, Il nous revient que le partage du gâteau aurait déjà débuté.

 

 

Daport prend fonction le 1er avril

 

Donc, le décret 2012-175 portant dissolution de l'Agence des Aéroports du Sénégal du 26 janvier 2012 renseigne que les ''modalités de gestion à titre transitoire'' de l'aéroport international Léopold Sédar Senghor seront fixés par une ''convention'', ''à compter du 1er avril 2012 jusqu'à la date de mise en service de l'aéroport Blaise Diagne''. De ce fait, le Directeur général de ADS assure ''la gestion des affaires courantes'' jusqu'au 31 mars. L'article 4 dudit décret stipule que ''les biens dépendant du patrimoine de l’Agence des Aéroports du Sénégal qui sont nécessaires au fonctionnement et à l'exploitation des aéroports régionaux sont transmis à l'Agence nationale des aéroports régionaux du Sénégal''.

 

Par ailleurs, comme nous l'avions déjà indiqué, les travailleurs ne devraient pas être inquiétés, dans la mesure où le document renseigne que le personnel de l'Agence en service dans les régions est transféré à l'Anar, alors que celui en service à Dakar est transféré à AIBD S.A., ''avec garantie du maintien des salaires et des avantages sociaux acquis''.

(suite)

Gaston COLY

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