Publié le 15 Oct 2025 - 17:42
PASSATION DE MARCHÉS PUBLICS  

Vers des procédures sans papiers

 

L’Autorité de régulation de la commande publique (Arcop) et la Direction centrale des marchés publics (DCMP) ont lancé, hier, sous la présidence du secrétaire général de la Présidence et en présence de nombreux acteurs, la plateforme de dématérialisation des procédures de la commande publique.

 

C’est parti pour la phase pilote de la plateforme de dématérialisation des procédures de la commande publique, dénommée Appel (Achats publics en procédures électroniques). La cérémonie de lancement a été présidée hier par le ministre secrétaire général de la Présidence, Monsieur Oumar Samba Ba.

Selon lui, ce lancement marque une nouvelle phase dans la modernisation de l’administration publique. « C’est une nouvelle ère d’innovation et de transparence dans le pilotage de la commande publique », a-t-il déclaré dans une salle remplie de représentants des autorités contractantes, d’opérateurs économiques et d’acteurs de la société civile.

Pour le SG de la Présidence, le Sénégal entre ainsi dans ce qu’on peut appeler les cyber marchés publics. Cela s’inscrit en parfaite adéquation avec le nouveau référentiel Vision 2050 et les aspirations de la population. « La prise en charge des aspirations de la population passe fondamentalement par la modernisation de notre administration, tant dans son organisation que dans ses méthodes et moyens d’intervention et de communication », s’est réjoui Monsieur Ba.

Un pas décisif dans la modernisation de l’administration

Par cette nouvelle étape, souligne-t-il, l’administration place toutes ses opérations « sous le sceau de la qualité, de l’efficience, de la transparence et de la performance ». « Sans remettre en cause la place unique et irremplaçable du capital humain dans la vie publique, souligne-t-il, les technologies de l’information et de la communication accélèrent le déploiement des procédures administratives dont le respect demeure plus que jamais sacré. »

Embouchant la même trompette, le directeur général de l’Arcop, Dr Moustapha Djitté, a salué l’engagement du président de la République et son soutien sans faille dans le déroulement de ce processus, qui s’inscrit dans la politique de modernisation de l’État. Dr Djitté est revenu sur l’importance de la plateforme. « Cette plateforme substitue aux pratiques basées sur des manipulations de dossiers physiques le recours à des solutions digitales dopées par l’intelligence artificielle, dont les applications les plus récentes laissent présager de nouvelles perspectives, favorables à la densification des performances de l’action publique. »

En supprimant le papier, selon lui, la plateforme Appel soulage les administrations de nombreuses lourdeurs et aléas, liés notamment aux ruptures intempestives dans l’approvisionnement en intrants nécessaires à l’impression (consommables informatiques, rames de papier…). Elle facilite également aux opérateurs l’accès aux opportunités de marchés, désormais disponibles en ligne et partout au Sénégal. « Cette réforme contribue à une démocratisation effective de la commande publique qu’une certaine perception caricaturale décrit comme une forteresse impénétrable, que seule une catégorie d’opérateurs privilégiés pouvait percer », s’est félicité Dr Moustapha Djitté.

Désormais, poursuit-il, tout se fait en un clic : « En un clic, l’avis d’appel d’offres est publié ; en un clic, le DAO est transmis à la DCMP ; en un clic, la DCMP communique, le cas échéant, ses observations ; en un clic, le DAO est mis à la disposition des candidats… » Ce qui aura, selon lui, un impact certain sur les délais de traitement des marchés.

« Ce rétrécissement considérable des délais est en congruence avec les préoccupations des autorités, qui ont initié une série de modifications du cadre pour imprimer à la dynamique de réalisation des projets publics une nouvelle cadence alignée sur l’urgence des attentes de nos concitoyens », a déclaré le directeur général de l’Arcop.

Le défi de la sécurité et de la souveraineté

La question de la sécurité et de la souveraineté a aussi été au cœur des discussions lors du lancement. À ce propos, le SG Oumar Samba Ba a particulièrement magnifié l’implication de l’expertise locale. Selon lui, il faut continuer à faire confiance à l’expertise nationale et aux jeunes talents en les associant de façon plus étroite à la conception, à la réalisation et au suivi-évaluation de nos projets collectifs. « C’est là où réside la quintessence de la souveraineté tant recherchée… », a indiqué le SG de la Présidence.

Relativement à la question sécuritaire, le DG de l’Arcop a rassuré les acteurs sur les mécanismes de sécurité très élevés développés par la plateforme. « La cybersécurité dans Appel, soutient-il, repose sur des standards élevés et des pratiques éprouvées, combinant mesures techniques et administratives. »

Parmi ces mécanismes, le DG énumère : un dispositif d’authentification forte et un système de gestion des droits d’accès par profil, afin de garantir que chaque utilisateur n’accède qu’aux informations qui le concernent ; la signature électronique et l’horodatage pour assurer l’intégrité juridique des documents et empêcher toute falsification ; le chiffrement des données en transit et au repos, protégeant les informations sensibles contre toute interception ou accès non autorisé ; un système pare-feu pour la détection en temps réel des intrusions frauduleuses et un schéma de protection contre les attaques DDoS, pour sécuriser l’infrastructure contre les attaques externes, entre autres.

En prélude au lancement, des tests poussés de vulnérabilité et de résistance ont également été réalisés sur la plateforme, sur la base de simulations d’attaques réelles pour s’assurer de la robustesse et de la fiabilité du système, a rassuré le directeur général de l’Autorité de régulation de la commande publique.

En sus de tous ces acquis, la nouvelle plateforme présente l’avantage, selon le SG Ba, « de favoriser la mise à disposition de données statistiques fiables et ouvertes, pouvant rendre compte fidèlement de la gestion de nos procédures, en vue de mieux fonder les arbitrages et les choix sur les achats publics ».

À rappeler que pour cette première phase, une cinquantaine d’agences ont été intégrées, et l’Arcop prévoit de monter crescendo dans le déploiement de cette nouvelle plateforme, présentée par les acteurs comme un outil révolutionnaire.

La DCMP salue un “tournant historique”

La Direction centrale des marchés publics salue également le travail accompli par l’administration sous la conduite de l’Arcop. Son directeur, Monsieur Oumar Sakho, parle d’un tournant historique. « L’intervention humaine, souvent source de risques d’erreurs, de lenteurs et de manipulations en tous genres, est réduite de façon à faciliter et à accélérer les échanges entre les acteurs de la commande publique.

En tant qu’organe en charge du contrôle a priori, selon lui, la DCMP fera de cette plateforme un moyen simplifié d’accélérer les délais d’examen sans compromettre la rigueur et prévenir davantage les irrégularités.

Monsieur Sakho a surtout insisté sur la nécessité de l’appropriation et de l’accompagnement des acteurs en termes de formation et de matériels informatiques. Aussi estime-t-il nécessaire “de sensibiliser les acteurs sur les enjeux de l’utilisation de la plateforme et sur les bonnes pratiques : gestion des données, gestion des mots de passe…”


DÉMATÉRIALISATION DES ACHATS PUBLICS

Un manque à gagner pour la presse

Comme tous progrès dans le domaine numérique, les menaces sur certains emplois et secteurs sont indéniables. Avec la dématérialisation des procédures, désormais, les autorités contractantes ne seront plus obligées de passer des avis d’appel d’offres dans les journaux, ce qui constitue un manque à gagner énorme. Le DG de l’Arcop a essayé de rassurer : “Aujourd'hui, le progrès numérique est irréversible. Tous les acteurs doivent se réinventer pour trouver leur place dans cet écosystème. Hier, un patron de presse m'a dit : avec la fin des insertions, je commence à me faire du stress parce que je paie mes employés sur la base de ces insertions…”

À ce patron de presse, Dr Moustapha Djitté, tout en confirmant le manque à gagner, a rappelé que la plateforme est destinée à améliorer tous les systèmes y compris la presse. “Nous avons pris l'engagement de nous réunir avec les organes de presse pour voir aussi quels sont les aspects qu’offre cette plateforme et qui peuvent constituer des opportunités pour les entreprises de presse”, a-t-il affirmé, avant de préciser : “Si les avis en termes d'appel d'offre disparaissent, la publication des attributions provisoires ne disparaît pas.”

MOR AMAR

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